mardi 26 janvier 2016

Colloque du Comité Orwell : les moments forts

Présidé par Natacha Polony et co-fondé par Alexandre Devecchio et Jean-Michel Quatrepoint, le Comité Orwell a organisé son premier colloque le 9 janvier 2016 au sein du grand amphithéâtre de l’IPAG sur le thème «Terrorisme, Europe et immigration : les médias sont-ils à la hauteur des enjeux ?».
Texte : Naomi Hal
Crédit photos : Katerina Ryzhakova

Sur scène : Geoffroy Lejeune, Thomas Guénolé, Natacha Polony, Elisabeth Lévy, Laurent Joffrin, Jean-Michel Quatrepoint, Brice Couturier et Alexandre Devecchio ont débattu durant trois heures devant une salle de trois-cent personnes. L’occasion de revenir sur les cinq temps forts de l’après-midi.
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Alexandre Devecchio : la fracture entre les médias et le peuple 
Le cofondateur du Comité Orwell a remercié les participants et les autres membres fondateurs du Comité Orwell : Benjamin Masse- Stamberger, Franck Dedieu, Emmanuel Lévy et Gérald Andrieu.  Les présentations faites,  le journaliste de 29 ans en charge du FigaroVox, a dénoncé la fracture entre les médias et le peuple avant d’ironiser sur le retour des « déséquilibrés », rappelant qu’on avait évoqué « un problème de stationnement » à propos de l’attentat à la voiture folle contre des militaires de Valence.
Alexandre Devecchio a ensuite  analysé les chiffres du sondage Elabe commandé par le Comité Orwell. Le constat est sans appel : Pour huit sujets d’actualité sur dix retenus pour illustrer l’année 2015, une majorité de sondés estiment que le traitement des médias d’information a été de mauvaise qualité. L’enjeu qui consiste à réconcilier le peuple et les journalistes est donc de taille : « Penser autrement, penser librement, faire entendre une autre voix, telle est l’ambition du Comité Orwell », s’exclame Alexandre Devecchio avant de conclure par une citation de l’auteur de 1984 : « En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire… »
Élisabeth Lévy : « Je regrette l’absence d’Éric Zemmour »
À côté de Laurent Joffrin et de Thomas Guénolé, la patronne de Causeur a fait l’éloge de « l’engueulade civilisée » et a regretté l’absence d’Éric Zemmour. «  Les journalistes ont décidé qu’il n’était pas casher », a-t-elle ironisé. Pour  l’auteur des Maîtres censeurs, le journaliste victime de procès à répétition,  mériterait davantage de soutien de la part de la profession. « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire », a-t-elle balancé, citant Voltaire.
Fidèle à elle-même, Elisabeth Lévy a défendu l’idée du « débat à la loyale », s’est indignée des listes noires faites par ceux qui refusent la contradiction.  « Les journalistes ne sont pas victimes de la censure, ils en sont le moteur ! », a-t-elle martelé.
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Brice Couturier : Les quatre procédés des médias qui tendent à « noyer le poisson »
Serein, mais non moins subversif, le chroniqueur de France Culture a recensé les méthodes de la presse « bien-pensante » pour « noyer le poisson », c’est-à-dire « masquer une vérité en l’interprétant ». Il en a recensé quatre :
1) « La réduction de l’historique à l’anecdotique » à travers l’exemple de Yassin Salhi, qui a décapité son patron en juin 2015, en Isère et fut qualifié par une partie de la presse de « déséquilibré ».
 2) « Le coup du « loup solitaire » destiné à masquer le fait que nous avons à faire à une cinquième colonne.
 3) « La rhétorique accusatrice envers la société »  qui martèle que  nous sommes les vrais coupables.
4) « L’appel aux sciences sociales afin d’innocenter les coupable »  qui vient remplacer  le marxisme par la logique bourdieusienne.
Il a conclu sur un ton beaucoup  plus virulent : « Les journalistes ne savent rien, ce sont des idéologues fous, ils sont piteux, ils sont miséreux. »
Jean Michel Quatrepoint : « Le journalisme a abandonné son expertise au profit des experts »
Pour approfondir cette problématique de la fracture entre les journalistes et le peuple,  le journaliste économique, Jean-Michel Quatrepoint, auteur de Alstom, scandale d’État a donné son explication : « Il y a eu un changement dans le métier », a-t-il commencé par expliquer. « Il y a eu une déspécialisation et un recul de la vocation pédagogique des journalistes. »
Journaliste au Monde quand Edwy Plenel en prend la direction, il explique avoir vu ce changement s’opérer de l’intérieur : « On a fait appel aux experts extérieurs. Cela  a commencé par la bourse, puis les experts économiques, a-t-il précisé. Ce sont eux qui ont pris le monopole de la parole et de l’écriture.» Un évolution qu’il a également constaté en matière de Défense et de politique étrangère : « Dans le domaine militaire on a fait venir des généraux à la retraite pour commenter la guerre du Golfe », a-t-il constaté. Pour lui cette évolution est liée à « la paupérisation du métier ainsi qu’à l’appauvrissement du niveau et de la culture des nouveaux journalistes». « Il n’y a plus de patrons de presse, mais des marchands », a-t-il regretté.
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Thomas Guénolé : Pourquoi je me suis fait évincer de RMC
Thomas Guénolé a profité de la tribune du Comité Orwell pour lever le voile sur son éviction de RMC alors qu’il y tenait une chronique quotidienne le matin intitulée « Guénolé c’est du concret ». « On dit que la pensée unique est de gauche. Je suis de gauche et je me suis fait censurer. J’ai été viré de RMC » a-t-il déclaré avant de raconter l’affaire dans le détail.
Voici le verbatim de son intervention :
« Cette émission était consacrée aux mises en cause de l’antiterrorisme qui se multipliaient dans les médias. Je concluais que ces accusations étant trop graves, il fallait une commission d’enquête : soit pour laver de tout soupçon ses chefs, Bernard Cazeneuve inclus ; soit pour établir que les accusations sont vraies, auquel cas les chefs devraient démissionner, Bernard Cazeneuve inclus. J’avais précisé qu’il n’était pas question de mettre en cause les agents sur le terrain. Toutes mes informations avaient une source. Aucune source n’a reçu de démenti officiel depuis. Et comme d’habitude j’avais envoyé le script à RMC avant de passer à l’antenne.
En représailles de cette chronique, le ministère de l’Intérieur a puni RMC : boycott des plateaux de RMC de la part d’invités ministère-police ; et embargo sur les journalistes de la part de leurs sources policières. J’ai bien sûr la preuve de ce que je dis. C’est un cas extrêmement grave de pression d’un ministère sur une grande radio nationale pour obtenir une attitude d’autocensure. »
Nadia Remadna : « Dans nos quartiers nous ne voulons pas des imams, mais la République »
Une large place a également été laissée à la parole du public. Parmi les interventions les plus marquantes, celle de Nadia Remadna, la fondatrice de l’association la Brigade des mères et auteur de, Comment  j’ai sauvé mes enfants (Calmann Lévy). Elle a interpellé Laurent Joffrin à propos du traitement de la question des banlieues par les médias et les politiques de gauche « Dans nos quartiers nous ne voulons pas des imams mais la République, s’est-elle exclamée sous un tonnerre d’applaudissement. J’invite les journalistes à venir nous voir. Je suis maman, médiatrice, j’ai osé parler et je suis menacée.»
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Le mot de la fin est revenue à la maîtresse de cérémonie Natacha Polony. Elle a annoncé que ce  colloque n’était  que le  point de départ de l’aventure. Un succès qui en appelle d’autres. Rendez-vous au prochain épisode.

Capture d'écran: http://comiteorwell.net/

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