samedi 23 janvier 2016

#OscarsSoWhite : qui sont les (rares) artistes noirs à avoir remporté la statuette ?

— Mis à jour le 21 janvier 2016 à 21h38


Depuis l’annonce d’une sélection 2016 à 100% blanche, la colère gronde contre la cérémonie des Oscars. Et pour cause, depuis la création du prix en 1929, rares sont les artistes noirs à avoir été oscarisés.

La polémique sur les Oscars jugés trop blancs n’a probablement jamais été aussi forte. Le réalisateur africain-américain Spike Lee est l’une des premières personnalités à être montée au créneau en annonçant qu’il ne se rendrait pas à cette cérémonie 2016 des « Oscars blancs comme neige », entraînant dans son sillage Jada Pinkett (l’épouse de Will Smith) et le réalisateur de Bowling For Colombine, Michael Moore. C’était le 18 janvier, jour de la commémoration nationale de la mort de Martin Luther King.
Dans une interview donnée le 20 janvier à la chaîne américaine ABC, Spike Lee – dont le film Chiraq n’a pas été retenu non plus – a lancé l’idée d’instaurer des quotas. « On ne peut pas toujours se servir de la vieille excuse : on ne peut pas trouver de candidats qualifiés… Ce sont des conneries », a-t-il expliqué. Après avoir remercié l’académie pour l’Oscar d’honneur qui lui a été décerné en novembre,  il a également partagé sur son compte Instagram une vidéo du rappeur Snoop Dogg, qui lâche quelques vertes saillies sur l’affaire.

Les huit décennies écoulées depuis la création de la cérémonie, en 1929, leur donnent raison. Il faudra attendre 11 ans pour qu’un Africain-Américain reçoive la prestigieuse statuette : la comédienne Hattie McDaniel, récompensée en 1940 dans la catégorie « Meilleur second rôle » pour son interprétation d’une servante – la nounou de Scarlett O’Hara – dans Autant en Emporte le Vent.
À la remise de son prix elle déclare alors : « J’espère sincèrement rester à jamais un symbole pour ma race et l’industrie cinématographique. Mon coeur est trop plein pour vous décrire mes sentiments, et je vous dirai simplement merci et que Dieu vous bénisse. » Des vœux qui resteront malheureusement sans suite. En 86 ans, sur les 2 947 Oscars qui ont été décernés, seulement 36 statuettes sont revenues à des Africains-Américains, soit 1,22% des récompenses.
Sur les 2 947 Oscars qui ont été décernés, seulement 36 statuettes sont revenues à des Africains-Américains, soit 1,22% des récompenses
Si ce chiffre peut exaspérer, il traduit surtout une sous représentation de la communauté noire dans l’industrie du cinéma, à tous les étages, jusque dans l’Académie des arts et des sciences du cinéma. Cette instance qui représente l’industrie cinématographique et décerne les Oscars, est à 94 % blanche, et composée à 77% d’hommes, d’une moyenne d’âge de 62 ans (chiffres de 2012). Une population certainement plus sensible pour des raisons sociologiques à un film comme Ray, biopic sur Ray Charles, que celui sur la bande de rappeurs de DR Dre.
L’année 2016 marquera-t-elle un tournant ? Peut-être, mais les leçons de 2015 n’ont pas été retenues. Une polémique avait en effet déjà éclaté après que Selma de Ava DuVernay, film sur Martin Luther King, n’avait pas été retenu. La présidente du jury, Cheryl Boone Isaacs, pourtant elle-même africaine-américaine, avait alors promis que les choses changeraient. Cette année encore, elle ne peut que renouveler son mécontentement, qui de toute évidence n’a que peu d’incidence. Comment expliquer en 2016 l’absence de Michael B. Jordan (Creed : l’héritage de Rocky Balboa) ou de Straight Outta Compton ?
Dans un communiqué, Cheryl Boone Isaacs a, une nouvelle fois, exprimé sa « frustration » et sa volonté de diversifier la liste de ses membres, selon des critères de « genre, race, origine ethnique et orientation sexuelle. » On se dirige donc un peu plus vers une politique de quota, réclamée par le réalisateur de Malcolm X.
En attendant, on ne peut que contempler les chiffres. Sur les trente dernières années (1985-2015), dans les catégories reines (Meilleur réalisateur, Meilleur acteur et Meilleure actrice), les comédiens et réalisateurs noirs totalisent 23 nominations et comptabilisent 4 récompenses.

Aucun réalisateur noir récompensé..

John Singelton reste le seul réalisateur noir nominé ces trente dernières années. Il concourait pour un film devenu culte, Boyz n the Hood (1992), inspiré notamment du titre éponyme qui a rendu le rappeur américain Eazy E et le gangsta rap célèbres au début des années 1990 (histoire portée à l’écran en 2015 dans Straight Outta Compton...) Seul Twelve years A Slave (réalisé par Steve McQueen) recevra l’Oscar du meilleur film en 2014.

Les lauréats africains-américains des 30 dernières années sont…

Halle Berry (2002)
La comédienne inscrit son nom dans l’histoire de la cérémonie en décrochant l’Oscar de la meilleur actrice pour son rôle dans À l’ombre de la haine de Marc Forster. C’est le second dans la catégorie « Meilleure actrice » attribuée à une comédienne noire, 42 ans après Hattie McDaniel.

Denzel Washington (2002)
Dans son discours, l’acteur récompensé pour son rôle dans Training Day, remercie le réalisateur Antoine Fuqua, « un brillant réalisateur africain-américain ». Il ravit la statuette àWill Smith (Ali), Russell Crowe (Un homme d’exception), Sean Penn (Sam, je suis Sam), et Tom Wilkinson (In the Bedroom).

Jamie Foxx (2005)
En 2005, deux acteurs africains-américains sont en compétition. Don Cheadle (Hotel Rwanda) et Jamie Fox (Ray). C’est ce dernier qui remporte la statuette, devant une concurrence sérieuse : Johnny Depp (Finding Neverland), Leonardo Dicaprio (Aviator) et Clint Eastwood (Million Dollar Baby).

Dans son discours drôle et émouvant il rend hommage à Sidney Poitier. Ce comédien, qui fut le premier acteur noir à recevoir la statuette en 1958 pour Le Lys des champs de Ralph Nelson, recevra au cours de cette cérémonie un Oscar pour l’ensemble de sa carrière.

Forest Whitaker (2007)
En 2007, deux acteurs africains-américains sont à nouveau en compétition, Will Smith (À la poursuite du bonheur) et Forest Whitaker pour le rôle d’Idi Amin Dada dans Le Dernier Roi d’Écosse. Whitaker remporte le prix pour son interprétation magistrale du troisième président ougandais, fou et violent. Dans ses remerciements, l’acteur, très ému, cite le peuple d’Ouganda et ses « ancêtres qui continuent de guider (ses) pas ».



Capture d'écran: http://www.jeuneafrique.com
 

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