"Ca ne m'intéresse pas les Oscars", a-t-il déclaré aux journalistes en lançant la nouvelle édition du festival créé en 1985, et qui se tient dans la station de ski de Park City, dans l'Utah (ouest des Etats-Unis).
"Pour moi, ce qui compte, c'est le travail. Ce qui en découle, les récompenses qui en découlent, c'est super mais je n'y pense pas", a-t-il ajouté.

Le festival s'ouvre alors que l'Académie des arts et sciences du cinéma, qui décerne les Oscars, se retrouve au cœur d'un virulente polémique sur son manque de diversité.
Pour la deuxième année de suite, seuls des acteurs blancs ont été sélectionnés comme finalistes pour ces prix les plus prestigieux du cinéma américain, qui seront remis le 28 février.
Le cinéaste Spike Lee, les acteurs Will Smith et sa femme Jada Pinkett-Smith ont déjà déclaré qu'ils n'allaient pas assister cette grand-messe. L'acteur-vedette George Clooney a jugé que l'Académie avait régressé ces dix dernières années.
D'autres acteurs comme Mark Ruffalo et Lupita Nyong'o ont reconnu qu'il fallait plus de diversité non seulement aux Oscars, mais dans toute l'industrie du cinéma et surtout dans les films qu'elle produit.
Pressé de s'exprimer sur le sujet par les journalistes à Park City, M. Redford, lauréat d'un Oscar du meilleur réalisateur pour "Des gens comme les autres" en 1981 et d'un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 2002, a botté en touche.

"La diversité vient du mot indépendance. C'est le mot qui a guidé ma vie" et "c'est quelque chose dont nous sommes fiers (ici) la façon dont nous montrons la diversité au festival", a-t-il ajouté.
Sundance met sous les projecteurs environ 120 films et documentaires de producteurs indépendants des principaux studios.
Ce type de films a de plus en plus de mal à être financé aux Etats-Unis face aux grosses productions aux budgets colossaux des studios, dont beaucoup sont consacrés aux super-héros, à la science-fiction ou aux films d'action.
La programmation du festival, qui dure jusqu'au 31 janvier cette année, aborde un vaste éventail de sujets d'actualité brûlants, comme l'avortement, la violence des armes à feu aux Etats-Unis, l'homosexualité, etc.
Redford s'en est dit fier. "Ce n'est pas nous qui amenons ces questions" et ces films, "nous braquons juste un projecteur sur les artistes qui les soulèvent", a-t-il conclu.
L'acteur et réalisateur légendaire a ajouté qu'il n'avait rien contre le cinéma grand public: "j'ai eu la joie d'en faire partie", a-t-il fait remarquer, ajoutant que son but en créant le festival de Sundance avait été de donner une voix aux cinéastes indépendants plus que de voir des "insurgés descendre de la montagne pour attaquer le (cinéma) grand public".
La directrice exécutive du festival Keri Putnam a estimé quant à elle que "ce qui se passe avec les Oscars est le symptôme d'un problème plus profond qui n'est pas unique aux secteurs du film et des médias", c'est "quelque chose que nous voyons dans la technologie et ailleurs".
"Quand il y a un système existant qui a grandi d'une certaine façon et où beaucoup de gens qui se ressemblent prennent les décisions, c'est difficle pour des gens d'autres horizons d'avoir une chance de débuter et de monter les échelons", a-t-elle dit aux journalistes.
Elle espère que Sundance peut avoir une influence favorable dans le débat, le festival ayant offert à travers les années une plate-forme aux cinéastes indépendants vers les Oscars, à l'instar de "Brooklyn", nommé cette année.