Dans l’écosystème changeant de
la « fintech », InVenture utilise la data science pour application
mobile. Le but ? Innover et redorer le blason du micro crédit dans les
pays émergents. Rencontre à Los Angeles avec une start-up pionnière qui
ne contente même plus du suppléer les banques.
Dans la Silicon Valley, changer
le monde est une ambition tellement clamée qu’être louée comme sauveuse
du globe constitue un produit d’appel un tantinet galvaudée pour
n’importe quelle start-up bien intentionnée. Présentée fin 2015 par le
magazine nord-américain « Entrepreneur » comme une patronne du bien dont l’entreprise impacte positivement la planète, Shivani Siroya, qu’INfluencia
a rencontré à Los Angeles, invite la data science humaniste dans une
industrie que les nouvelles technologies sont en train de profondément
modifier : les services financiers.
Dans un récent rapport publié ce mois de janvier, Business Insider Intelligence
constatait à quel point quasi tous les types d’activités financières-
de la banque au paiement en passant par la gestion de portefeuille –
sont repensés par l’écosystème des start-up. La révolution de la fintech
est en marche et pose deux questions, selon BI Intelligence
: comment les acteurs classiques du marché peuvent tirer profit de
l’avènement du digital, et comment peuvent-ils éviter l’obsolescence.
Ancienne analyste au Crédit Suisse et chez UBS, puis consultante en fusion et acquisition pour Citigroup et Health Net, cette trentenaire féministe affable n’innove pas pour s’attaquer aux caciques du prêt. Elle est convaincue qu’avec InVenture, un « micro crédit plus moderne pour un monde mobile
» peut améliorer le quotidien économique des 2,5 milliards de personnes
qui aujourd’hui dans le monde, ne possèdent aucun crédit score.
Opérationnelle depuis 2014 en Inde, au Kenya, en Tanzanie et en Afrique du sud, InVenture,
qui emploie 31 personnes et possède des bureaux à New York, Santa
Monica et Nairobi, clame pouvoir réinventer le processus d’évaluation du
risque de crédit. Comment ? Grâce à une application mobile
téléchargeable sur smartphone permettant une meilleure analyse préalable
des données du profil de l’emprunteur.
Plus de 100 000 prêts accordés en 2015
Concrètement ce big data inventif et
pionnier permet en moins de cinq minutes sur un téléphone, de passer à
la moulinette quelque 10 000 points de données d’un demandeur de prêt,
dont ses informations sur les réseaux sociaux, l’historique de ses
recherches sur le web et la durée moyenne de ses conversations. Un
profil enrichi est ensuite dressé, il permet dans la foulée de
déterminer les termes du prêt en fonction du profil conclu par
l’application.
Avec sa data science, InVenture
est capable de mieux comprendre la personnalité de celui à qui elle
prête, donc de renforcer ses chances de remboursement sur des marchés
risqués. En 2014, deux ans après sa création, la start-up a accepté 50%
des demandes émises, soit 6 000 prêts de 20 à 100 francs avec entre 3 et
5% d’intérêts. Le taux de remboursement a été de 85%, celui de récidive
de 75%. En 2015 le nombre de prêts est passé à plus de 100 000.
Le pouvoir de déterminer son propre futur
« Nos prêts sont accordés rapidement
par des canaux numériques et mobiles, que ce soit un sms, un email,
Facebook ou même Whatsapp. Notre identification financière ne
s’apparente pas à un numéro, elle représente un être humain. C’est une
nouvelle façon de penser un produit financier », se félicite Shivani Siroya, qui pour INfluencia détaille la finalité et le fonctionnement de son application. « J’ai
travaillé pendant deux ans pour le Fonds des Nations unies pour la
population, cela m’a permis de constater les énorme problèmes de l’accès
financier dans les pays émergents. J’ai vu à quel point il était
presque impossible pour un particulier d’obtenir un prêt susceptible
d’améliorer sa vie sous prétexte de manquer d’une identité financière.
J’ai donc décidé de commencer InVenture en utilisant la personne et son
quotidien pour établir sa solvabilité, et non l’inverse. »
Soutenu depuis septembre par la firme de capital-risque Data
Collective, InVenture
est également financée par un fonds indien et entend étendre l’accès aux
bienfaits de son logiciel à deux pays supplémentaires en Afrique
sub-saharienne, en attendant de débarquer sur le marché asiatique,
objectif annoncé et assumé. Dans son aventure humaine pour transformer
les services financiers dans le monde en voie de développement par la
data et le mobile, Shivani Siroya se sent investie d’une mission.
« Ce que nous proposons n’est pas de
la micro-finance. Nous donnons à nos clients le pouvoir de déterminer
de leur propre futur financier en leur construisant un crédit score en
temps direct en moins d’une minute. En accordant un crédit instantané,
flexible et abordable, nous proposons une nouvelle conception des
services financiers pour le monde mobile », ajoute la fondatrice d’InVenture. Pour Chris Sacca, ex-Google devenu un investisseur influent et écouté de la Silicon Valley, elle va devinez quoi ? Changer le monde, évidemment.
Benjamin Adler
Benjamin
est le correspondant d’INfluencia aux Etats-Unis, à Los Angeles, depuis
octobre 2011. Diplômé de l’ESJ Paris et du CFPJ, il a également été
correspondant à Sydney et Bruxelles. Il est un témoin privilégié des
nouvelles tendances collaboratives et technologiques en couveuse.
Twitter : @BenjaminAdlerLA
" Une nouvelle conception des services financiers pour le monde mobile "
Data Trends
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