jeudi 24 mars 2016

Prêt interentreprises : leurre ou vraie opportunité ?

Prêt interentreprises : leurre ou vraie opportunité ?


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Le prêt interentreprises peut être une excellente solution de financement pour les entreprises de croissance. - Shutterstock
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Un décret d’application autorisera bientôt cette nouvelle source de financement pour les TPE, PME et ETI. Comment utiliser ce nouveau dispositif ? Quelles précautions prendre ? Les réponses de deux spécialistes.


Prévu par l’article 167 de la loi Macron, le prêt interentreprises va permettre aux sociétés qui ont des comptes certifiés d’octroyer des prêts « à moins de deux ans », à des TPE, PME et ETI. Le décret d’application, qui doit enfin paraitre dans les prochains jours, devrait apporter de nombreuses précisions : taux d’intérêt maximal d’emprunt autorisé, plafond du crédit que peut accorder la société prêteuse, situation financière de la société prêteuse, modalités du contrat de prêt entre les deux parties, modalités de l’attestation du prêt par le commissaire aux comptes.

Un appel d’air pour la trésorerie des PME

Cette mesure doit entrer en vigueur pour pallier aux difficultés de trésorerie des PME, engendrées par des retards de paiement au plus haut en 2015. Le prêt interentreprises doit permettre de diversifier les sources de financement pour les petites entreprises qui n’arrivent plus à en obtenir auprès de leur banque. Selon le dernier Baromètre du Cabinet ARC, spécialisé dans le recouvrement de créances, 67% d’entre elles notent un désengagement des banques vis-à-vis des PME depuis 2008. « Pourtant, cette mesure est loin d’être plébiscitée par les entreprises elles-mêmes, » analyse Denis Le Bossé, président du cabinet ARC. Face à leurs besoins de trésorerie, les entreprises considèrent toujours le prêt bancaire comme la solution de financement la plus efficace (57%), loin devant l’affacturage classique (30%), trop coûteux, le prêt inter-entreprises (7%) ou le reverse factoring (3%). « Les entreprises préfèrent compter sur d’autres formes de solidarité entre entreprises, reprend Denis Le Bossé, comme le fait d’accorder des échéanciers sans garantie à leurs clients pour les aider à acquitter leurs factures. »


Méfiance, prudence et précautions !

« Avec le recours au prêt interentreprises, la très grande majorité des entreprises craint de voir s’accentuer les rapports de force, qui existent déjà avec les délais de paiement, estime Denis Le Bossé. Selon notre dernier baromètre, 88% d’entre elles pensent qu’il risque d’engendrer une relation de dépendance. Du coup, elles ne sont que 13% à envisager de solliciter ou octroyer un tel prêt, auprès de leurs fournisseurs ou clients. » Alain Auvray, président du cabinet d’expertise comptable, d’audit et de conseil EXCO Paris Ace préfère relativiser la notion de dépendance que suscitera le nouveau dispositif, et rappeler qu’il existe déjà des dérogations au monopole bancaire, dans le cadre de prêts aux organismes sans but lucratif, aux sociétés HLM ou entre sociétés d’un groupe. Selon lui, il appartient à l’entreprise qui prête et à celle qui emprunte de prendre certaines précautions. « Le prêteur a intérêt à bien estimer l’excédent de trésorerie qui lui permettra de prêter, souligne-t-il. Cet excédent doit correspondre à de la trésorerie disponible dont il est sûr de ne pas avoir besoin. »


 
Quant à l’emprunteur, il aura lui intérêt à ne pas avoir un seul prêteur, comme à ne pas avoir un seul banquier ! Il lui faudra surtout savoir dès le départ comment il pourra rembourser son prêt. « La durée du prêt interentreprises sera limitée à deux ans, rappelle Alain Auvray. Ce qui ne le rend guère adapté pour faire face à des difficultés ou pour prendre des risques. » A l’inverse, le nouveau dispositif pourrait se révéler l’outil idéal pour financer le développement de start-up ou d’entreprises de croissance. « La phase de croissance est la période où une PME a le plus de mal à trouver de l’argent, explique Alain Auvray. Le prêt interentreprises sera une excellente solution, complémentaire aux prêts bancaires et aux prises de participation au capital des investisseurs. »

Quelle fiscalité en cas de perte ?

L’une des conditions pour l’octroi d’un prêt interentreprises, précise la loi, est l’existence de « liens économiques le justifiant ». Alain Auvray espère voir dans ces liens le terreau d’un véritable accompagnement, par de grandes entreprises souhaitant aider de plus jeunes à développer de nouveaux projets. « Ces liens devront-ils être simplement ceux d’un fournisseur à son client, ou s’agira-t-il d’une communauté d’intérêt plus large ? En accordant ce prêt, le prêteur pourrait marquer son intérêt, pas seulement financier, à l’égard d’une autre entreprise. » En revanche, l’expert-comptable s’inquiète de la fiscalité du dispositif. « Rien n’est précisé dans la loi, signale-t-il. Dans les cas où les prêts ne seront pas remboursés, la perte essuyée par le prêteur sera-t-elle bien déductible du résultat fiscal de ses activités, comme il serait souhaitable ? »

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