Repenser les toits de Paris http://www.influencia.net
Publié le 07/03/2016
Le cruel manque d’espace au sol
et le futur Grand Paris conduisent à revoir les plans de la capitale
intra muros. Les cimes de Paris sont aux premières loges de ce
changement architectural, structurel et sociétal. Un défi pour les
marques et les communicants qui voudront s’insérer dans cette réflexion.
Transformer les toits de Paris en habitat neuf et abordable, c’est le projet déjà bien avancé mené par Les Toits du Monde,
agence de développement et de promotion immobilière spécialisée en
surélévations urbaines. Son idée pleine d’avenir est simple : exploiter
les espaces libres en haut des immeubles pour créer des logements.
Permettant de pallier le manque de surfaces constructibles disponibles
au sol intra muros et de contrer les tarifs (trop) élevés pratiqués au
mètre carré. Un projet ambitieux et qui arrive à point nommé alors que
la population citadine se densifie et que le Grand Paris
se profile. Tout repose sur deux dispositions administratives qui
incitent à une réflexion créative pour dégager le plus possible
d’espace : la loi Allur qui a élargi les normes
urbaines de construction en hauteur, et le fait que l’acquisition d’un
bien à construire sur les toits peut se réaliser en contrepartie non pas
automatiquement d’argent mais aussi d’une amélioration des parties
communes, de la façade ou d’une mise aux normes. Permettant ainsi une
maîtrise des coûts bas.
Libérer plus d’espace habitable incite à une réflexion créative
Un donnant/donnant qui ne peut que
séduire toutes les parties prenantes. Et propice aux innovations
proposée par des prestataires comme Les Toits du Monde
dont les procédés de préfabrication en atelier et les structures
modulaires et en kit brevetées, leur permettent de construire sans
nuisance des logements neufs -puisqu’il suffit ensuite de les
boulonner-, durables (certifiés HQE, BBC…), livrés clés en main en un
temps relativement court et à des prix nettement inférieurs au marché.
Tel est le cas pour le programme 3Box mené avec le cabinet Stéphane Malka Architecture dans le 10ème arrondissement. En cours de réalisation, il comprend trois « 4 pièces »
se partageant 240m2 au prix de 672 000 euros. Faits de verre, d’acier
et de boulons, ils sont nichés et intercalés en haut d’un immeuble dont
forcément ils réveillent l’architecture. Leur implantation se fera
d’autant mieux qu’ils sont agrémentés de plantes apportant une touche
verte au quartier très urbain.
D’aucuns, bien sûr, ne manqueront pas
d’évoquer des toits parasités, dénaturés, trop décalés. Pourtant
d’autres apprécient ces réponses « perchées » qui bousculent, et l’engouement est tel que l’entreprise en commercialise déjà d’autres aux noms tous évocateurs comme « Le Beau-Bourg » (10 logements), « La Garçonnière » (T2 en duplex), « Le Saint Antoine » (12 logements) et le « IV Office » consacré à des bureaux.
Redémocratiser la ville et regagner du lien social
Pas étonnant que cette exploitation
verticale et optimisée de Paris suscite autant d’enthousiasme. Car elle
se positionne véritablement comme créatrice de lien social en apportant
un vent frais, économique, écologique et démocratique à l’épineux
problème des villes intra muros qui étouffent, mais pourtant doivent se
développer. Notamment en permettant le renouvellement de population ou
le maintien d’une autre qui, n’aurait pas les moyens de s’offrir un
logement décent en centre ville. Et de fait, exploiter les toits de
Paris contribue à l’objectif du ministère des Territoires et du Logement
qui s’est engagé à construire 70 000 logements par an. Une gageure, et
ce ne sont pas les terrains récemment cédés par la SNCF
dans le 17ème et le 18ème, car impropres à l’exploitation ferroviaire,
qui y suffiront. Même si le futur quartier Chapelle-International
totalisera près de 900 logements dont la moitié en logements sociaux.
Ensuite, cette solution apporte tout un
tas de nouveaux codes, qui doivent inciter les acteurs publics ou privés
qui exploitent la ville ou s’expriment sur ses murs à penser
l’utilisation de l’espace urbain d’une autre manière. Le plan de
végétalisation des toitures lancé par la ville de Paris a justement pour
mission de réduire la présence du béton, très énergivore, contre une
végétalisation accrue des espaces urbains et va enrichir la biodiversité
de Paris. Déjà trente-trois signataires (*) ont approuvé la charte
présentée par la capitale avec comme objectif d’atteindre les cent
hectares végétalisés d’ici 2020.
Un beau challenge à relever pour les
marques, les communicants, les supports, et autres organisateurs
d’événements qui vont devoir faire preuve à leur tour de pertinence et
de créativité. Enfin, elle donne un vrai coup de jeune au concept de la
ville en délivrant une vision contemporaine. Et en élevant le regard de
tous vers l’horizon, elle lui ouvre de nouvelles perspectives. Désormais
les toits de Paris feront rêver non pas seulement parce qu’ils sont
romantiques, poétiques ou le théâtre de restaurants et de bars à ciel
ouvert. Mais parce qu’en étant revisités, ils vont surprendre et
conférer à la capitale une esthétique renouvelée en même temps qu’une
dimension encore plus aérienne et plus vivante. Sur l’autel non pas du
luxe ou de la récréation mais de la proximité et de l’utilité urbaine
bien concrète.
(*) Parmi eux : Bouygues Immobilier, Eau de Paris, ERDF, GRDF, Monoprix, Nexity, la RATP, ou encore la SNCF et JCDecaux.
Projet 3box du cabinet Stéphane Malka Architecture
Florence Berthier
Après
des études d’Histoire, elle bifurque vers le journalisme et se pique de
publicité, de créativité, de marketing et de conseil média chez CB
News. Chez INfluencia pas de pré carré, mais de la diversité et du
décryptage encore et toujours. Son idéal.Twitter : @Berthierflo
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.