vendredi 3 juin 2016

À quoi ressemblera l'entreprise en 2030


A quoi ressemblera l'entreprise en 2030

A quoi ressemblera l'entreprise en 2030

Enthousiasmant et enthousiaste lui-même, Joël de Rosnay a ouvert le iMedia Brand Summit avec une conférence sur le futur de l’entreprise. Inspirant.

Comparant volontiers l’entrepreneuriat au surf, Joël de Rosnay, invité d’honneur du iMedia Brand Summit, a donné quelques conseils aux patrons et aux entrepreneurs de demain. Tenez-vous le pour dit : l’entreprise du futur sera résolument humaine et digitale. Le maître-mot des succès à venir : la symbiose.
Compliqué à accomplir ? Pas tant que ça. Le principal conseil donné par le Docteur, c’est de se faire plaisir. La notion de risque ne doit pas être prise au sens négatif du terme : il faut savoir s’adapter, surveiller son environnement pour bouger en temps réel. Dans la société fluide bâtie par le numérique, le pouvoir est transversal, l’accélération permanente et le déséquilibre nécessaire.

  1. Oubliez Internet : pensez écosystèmes !
Internet ? C’est déjà derrière nous. Nous sommes aujourd’hui dans un écosystème numérique : tout est connecté. Le numérique fusionne avec l’énergie, la production, la santé… L’environnement change, et internet permet une nouvelle interopérabilité.
Mais à coup d’IoT, ce n’est pas que la réalité qui est augmentée : les hommes et les femmes de demain le seront aussi – voire le sont déjà… Nos yeux et notre cerveau ont accès à des éléments qui n’existent pas de façon tangible. La réalité virtuelle va, paradoxalement, nous aider à mieux voir, et à agir sur un monde que nous ne voyons pas sans aide.
Le numérique augmente nos sens : nous en avions 5, nous en avons désormais une dizaine : orientation (GPS), ubiquité (webcam),…  

  1. Qui sont les disrupteurs ?
Appelez-les comme vous voulez : millenials, Génération Y, NetGen, MHB (Mutants Hybrides Bionumériques Géolocalisés) ou encore tribu des IKWIWAIWIN (I Know What I Want And I Want It Now)… Bref, tous ceux qui avaient entre 5 et 10 ans au tournant de l’an 2000 et qui représentent cette nouvelle génération pressée… de changer la société. Ce sont eux qui permettent de créer une société collaborative. Leur secret ? La disruption. Co-économie, partage, personnalisation… Bien loin des valeurs d’égoïsme et de solitude que l’on veut leur faire porter, les millenials permettent le passage d’une société de l’information à une société de la recommandation, qui s’illustre dans toutes les entreprises « ubérisantes ».  

  1. En route vers une démocratie énergétique
Il ne s’agit plus de trouver des énergies alternatives, mais de savoir les combiner. En compensant les énergies intermittentes que sont le soleil ou le vent, par exemple, par des énergies permanentes (celles des vagues ou la géothermie), les ressources en énergie seront plus puissantes et mieux utilisées. Joël de Rosnay parle de l’émergence d’un « EnerNet », un futur où les gens pourront effectuer, entre eux, des transactions sécurisées d’énergie grâce aux smart grids, comme c’est déjà le cas dans certaines parties du monde (Brooklyn). Les bâtiments à énergie positive, qui produise plus d’énergie qu’ils n’en consomment, seront légion. Mais l’énergie et le numérique, c’est aussi la question de la transmobilité. Les villes devront s’adapter : car qui dit voiture intelligente, dit route intelligente, et ville intelligente.  

  1. L’industrie 5.0
Plutôt que d’imprimantes 3D, Joël de Rosnay préfère parler de MUP : des Micro-Usines Personnalisées. Ces machines, qui permettent de fabriquer des produits très variés, pourront à l’avenir utiliser des cellules vivantes plutôt que des matériaux et ainsi produire de la peau ou des organes. Un réel bouleversement pour les entreprises de 2030, qui pourront opérer une coproduction décentralisée. Les makers (ou doers) créeront des micro-entreprises entre eux, et se fédéreront dans des coopératives d’indépendants qui seront gérées par des plateformes chargées de faire la mise en relation entre l’offre et la demande.  

  1. Numérique et santé
Vous pensiez les selfies futiles ? Découvre le healthfie, qui pourrait permettre, notamment au sein d’un TBSP (Tableau de Bord Santé Personnalisé), d’avoir un bilan en temps réel sur la manière dont vous adaptez votre nutrition et vos activités à votre vie. Le rapport avec l’entreprise de 2030 ? Il va devenir de plus en plus important de protéger le capital santé. Les initiatives se multiplient sur le sujet : GoogleFit, HealthKit (Apple), Microsoft HealthVault,…  

  1. Vers une entreprise fluide
On le dit, on le répète, on le martèle à toutes les sauces : le modèle pyramidal est mort. Du moins, il s’aplatit. Les objets connectés changent les relations aux autres, mais aussi aux outils, et la robotique, les algorithmes et les intelligences artificielles font leur entrée dans les organisations.
Joël de Rosnay souligne aussi le décalage entre nos propres outils et ceux dont nous disposons au bureau. Le résultat : c’est qu’on s’offre souvent du matériel plus performant que celui à notre disposition, et que la tendance du BYOD (Bring Your Own Device) a tendance à se développer. A l’heure de la mobilité, quoi de plus logique ?
Question éducation, on oublie la tradition : les MOOCs pourraient bien révolutionner le tout. La big data va permettre à des systèmes d’experts d’extraire l’information, mais aussi aux élèves de correspondre entre eux et de se co-évaluer.  

  1. Trop d’infos, pas assez de temps
Le risque, dans cet univers ultra connecté, c’est de ne pas réussir à se débrancher… A l’heure où nous sommes confrontés à deux contraintes antinomiques (la pléthore d’informations et la rareté du temps), les burn-out font des ravages. Le secret : apprendre à gérer son temps pour prendre le temps de faire les choses. Le secret pour y parvenir ? On y travaille encore…  

  1. Savoir s’adapter
Joël de Rosnay prévoit la fin du salariat. D’ici 2030, 44 millions d’Américains travailleront en indépendants sur une base hebdomadaire régulière. Aujourd’hui, les millenials représentent déjà 30% d’entre eux. Qui dit nouveaux modèles de salariés, dit nouvelles structures, et nouveau management. Il ne s’agira plus d’un management centralisé ou de contrôle, mais de communication, de partage et de confiance. Pour que l’entreprise puisse s’adapter à cette révolution, il faudra accepter le passage d’un monde de rapports de force (syndicats vs patronat) à des rapports de flux. Les situations bloquées qui ne peuvent être résolues que par une escalade dangereuse laisseront la place à des échanges d’informations, de connaissances, mais aussi financiers. Il ne sera plus question de hauts et de bas, mais d’un niveau constant, pas statique pour autant puisqu’il s’établira sur ce que l’on donne et ce que l’on reçoit. Plus que jamais, l’open sera de rigueur : plus d’entre soi ou de secrets de marché.
Il faudra, évidemment, repenser les profils : faire confiance aux directeurs de l’intégration numérique et oublier les DSI, utiliser les algorithmes de productivité, embrasser les CRM numériques…  
La culture numérique, ce n’est pas utiliser un seul outil numérique de façon verticale. C’est une culture transgénérationnelle, qui doit être l’affaire de toute l’entreprise. Le manager augmenté de demain saura travailler avec ses salariés, composer le lien social, miser sur les jeunes pour s’imprégner d’une culture nécessaire, mais aussi sur les femmes. Cette prédiction sonne le glas des entreprises qui n’y parviendront pas : il faudra intégrer au moins 50% de femmes aux comités exécutifs sous risque de disparaître…
Enfin, Joël de Rosnay nous donne quelques valeurs pour manager correctement l’entreprise fluide dont il rêve pour demain : partage et formation, solidarité et générosité, empathie et altruisme, respect des diversités, respect des autres, éthiques et entrepreneuriat, et surtout comprendre, vouloir, aimer et construire l’avenir plutôt que de le subir.  

A méditer.

©Photos : Anne-Emmanuelle Thion
 
Tags : france

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