Des Français prêts à « réformer » leur liberté individuelle…
La conversation Gaël Clouzard Twitter : @G_ael http://www.influencia.net/fr/actualites
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Publié le 17/06/2016
Alors que les Français
plébiscitent l’ordre et la sécurité, ils ne peuvent s’empêcher d’aller à
l’encontre de leur réflexion en estimant qu'ils vivent dans une société
de contrôle… Un paradoxe bien de chez nous sur la vision de la liberté
décryptée dans une étude réalisée par Opinion Way pour Coppernic
• Si 56% des Français estiment vivre
dans une « société de contrôle », pour 72%, le contrôle est surtout un
moyen d’améliorer le bien-être des citoyens.
• Malgré un contexte social tendu, 85%
soutiennent les forces de l’ordre (gendarmes, policiers, douaniers) et
exigent plus de contrôle dans certains domaines (aides sociales,
travail, hygiène, alcoolémie...).
• 75% des 18-24 ans jugent excessif le contrôle exercé sur leur vie privée par les géants de l’Internet et les réseaux sociaux.
Dans une France toujours en état
d’urgence, où la violence caractérise les manifestations contre la loi
Travail et s’exprime en marge d’événements sportifs comme l’Euro 2016 de
Football, les contrôles de sécurité sont omniprésents dans la vie
quotidienne. Alors que la politique sécuritaire du gouvernement est à la
fois plébiscitée et dénoncée, Coppernic et Opinion Way sortent une
enquête nationale pour jauger le ressenti des Français vis-à-vis de la
multiplication de ces contrôles répétés. Voici ses principales
conclusions…
La France : une « société de contrôle » pour 56% de ses citoyens
Oscillant entre « l’esprit Charlie » et
le soutien d’une politique sécuritaire marquée par l’état d’urgence, les
Français considèrent qu’ils vivent dans une société de contrôle
(56%). Ce sentiment connait néanmoins un fort clivage générationnel :
tandis que les jeunes générations jugent massivement leur société comme
étant une « société de contrôle » (62% pour les 25-34 ans), les
personnes âgées de plus de 65 ans perçoivent majoritairement la France
comme une société de liberté (54%). Parallèlement, seuls ceux proches du
parti « Les Républicains » et du Parti Socialiste estiment vivre dans
une société de liberté (respectivement 59% et 54%). Les personnes
favorables à l’extrême gauche et à l’extrême droite considèrent a
contrario qu’ils évoluent dans une société de contrôle (respectivement
75% et 69%).
Un contrôle bien accepté, malgré une perte des libertés individuelles
Ce sentiment de vivre dans une « société
de contrôle » est parfaitement accepté : l’immense majorité (84%)
estime que le fait d’être contrôlé n’est pas un problème si l’on n’a
rien à se reprocher. Plus de huit sur dix (81%) considèrent que la
sécurité a pour but de protéger les citoyens. Pour 72%, c’est même un
moyen d’améliorer leur bien-être et pour 71% de favoriser le bien-vivre
en société.
L’impact de ce contrôle sur les libertés
individuelles reste néanmoins bien présent à l’esprit des Français :
43% d’entre eux estiment que les contrôles représentent une atteinte aux
libertés individuelles, et 46% qu’ils empiètent sur leur vie privée. 1
Français sur deux (49%) qualifie même ces contrôles de « flicage ».
Pourtant, face aux menaces terroristes et à la montée de la violence
dans la société, ils sont prêts à rogner une partie de leur liberté pour
garantir la sécurité de leurs proches et de leurs biens.
Nouvelle tendance : les Français
expriment un soutien inconditionnel aux professionnels du contrôle et
aux dispositifs de sécurité, à l’exception de ce qui touche à leurs
finances
Ainsi, à l’opposé des idées reçues, les
Français ont une bonne image des professions et dispositifs de contrôle :
les gendarmes, policiers et douaniers bénéficient d’une image très
positive (86, 85 et 85%). Le soutien unanime aux forces de l’ordre par
les Français dans le contexte post-attentats ne s’étiole pas, malgré les
violences des dernières manifestations sociales. Dans le même esprit,
les agents de sécurité à l'entrée des discothèques, des stades, des
salles de spectacle ou des centres commerciaux sont plébiscités par
l’ensemble des individus (70%), et particulièrement par les femmes
(77%). A l’inverse, les professions liées au contrôle financier restent
en queue peloton en termes d’image : 58% d’opinions favorables pour les
contrôleurs des impôts et seulement 46% pour les huissiers.
Les résultats de cette enquête marquent
une rupture importante avec le passé, lorsque les dispositifs de
sécurité étaient considérés comme une atteinte profonde à la liberté
individuelle. A l’image des portiques de sécurité dans les aéroports qui
recueillent 90% d’opinions favorables, les dispositifs de sécurité sont
globalement très bien perçus. Ainsi 88% ont une bonne opinion des
portiques antivols dans les magasins et des bornes de validation des
titres de transports et 82% valident les alcootests et les codes PIN.
Souvent sujets à polémiques dans le
passé, les caméras de surveillance bénéficient aujourd’hui de 80%
d’opinions favorables. A noter que le contrôle par empreintes digitales
est également bien perçu, avec 76% d’opinions favorables. En queue de
peloton, les radars routiers ne recueillent que 45% d’opinions
favorables. Aux yeux des Français, les dispositifs ou professions
touchant directement à leur portefeuille, semblent suspects. C’est là,
la principale contradiction mise en évidence par les résultats de cette
enquête. Des contrôles oui, mais sans toucher aux finances des
particuliers ! Enfin, en corrélation avec la méfiance liée au numérique
décrite plus haut, la géolocalisation (58% de bonnes opinions) et les
objets connectés (57%) suscitent le plus la méfiance et pas seulement
celle des jeunes générations.
Les Français exigent plus de contrôle dans le domaine social
Dans un contexte économique et social
particulier, les Français souhaitent voir plus de contrôles dans
certains domaines (aides sociales, travail, hygiène, alcoolémie...) :
seulement 17% estiment que la fréquence des contrôles ciblant la fraude
aux allocations et aides sociales est suffisante et 24% pensent que
c’est le cas pour le contrôle du travail au noir. Autres sujets
d’inquiétude : les contrôles d’alcoolémie sur les routes et les
contrôles d’identité dans les aéroports sont jugés insuffisants par
respectivement 37% et 40% de la population française.
Les jeunes générations s’élèvent contre le contrôle de leur vie numérique
Enfin, à l’heure où le numérique
s’enracine profondément dans le quotidien, les acteurs du numériques et
notamment les grandes entreprises de l’Internet (68%), les opérateurs
télécom (58%) et les réseaux sociaux (57%) exercent, selon les personnes
interrogées, une surveillance excessive. Les jeunes générations sont
particulièrement critiques vis-à-vis de ces nouvelles formes de contrôle
avec 75% des 18-24 ans qui ne les apprécient pas. Hormis dans l’espace
numérique où les libertés individuelles semblent plus importantes que
les dangers encourus, les contrôles apparaissent justifiés aux yeux des
Français.
Dans une société très marquée par les
attentats de janvier et novembre 2015, nos concitoyens ont conscience
des enjeux liés à leur sécurité et plébiscitent la plupart des contrôles
qui s’exercent dans leur vie quotidienne. S’ils jugent que certains
opérateurs outrepassent leurs fonctions, ils sont prêts à sacrifier une
partie de leur liberté individuelle pour garantir la sécurité des biens
et des personnes.
Souvent présentés comme iconoclastes et
contestataires, les Français, à la lecture des résultats de cette
enquête, voient dans les contrôles des moyens d’améliorer leur bien-être
au quotidien et d’élaborer une société plus juste. Avec 84% d'entre eux
jugeant que les contrôles ne sont pas un problème dès lors qu’on n’a
rien à se reprocher, il semble que le contexte de plus en plus violent
qui compose leur quotidien (terrorisme, manifestations sociales ou
sportives dégénérant en violences urbaines, clivages idéologiques de
plus en plus marqués...) les encourage à faire.
Gaël Clouzard
Rédacteur en Chef & Associé. En charge de l'éditorial, du développement digital et papier d'INfluencia et contemplatif !Twitter : @G_ael
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