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L'Idéal : la suite de 99 Francs
Demain sort en salle « L'idéal », la suite de « 99 Francs ». Une critique à peine déguisée de la plus célèbre marque cosmétique du monde, que L’ADN a découvert en avant-première.
On ne peut pas dire que Beigbeder ait pris beaucoup de risques en réalisant cette suite attendue du désormais incontournable « 99 Francs ».
Pour s'assurer que « L'idéal » en soit le digne successeur, il a
copié-collé une recette qui avait plutôt réussi au réalisateur Jan
Kounen : même rythme effréné, mêmes drogues, mêmes filles à la carte,
même personnage, et même critique d’un système où les vilaines
multinationales toutes-puissantes ne cherchent que le profit, aux dépens
de leurs consommateurs et de la santé mentale de leurs employés.
Cette fois-ci abordé sous l’angle de la communication de crise, nous nous réjouissions à l'avance de découvrir les dessous d’une entreprise bousculée par le scandale.
L'excitation est vite retombée. Les
clichés et caricatures, poussés à l'extrême ridicule, donnent
l’impression que le sujet n’a été choisi que comme prétexte pour nous
montrer un cortège de filles sublimes, aux jambes interminables, et
toutes d’une extrême fraîcheur. Mais c'est loin d'être rafraîchissant :
si 99 Francs nous donnait, à sa façon, un aperçu inédit de la réalité de
la publicité, ici Frédéric Beigbeder ne nous sert que du mauvais
réchauffé. C’est dommage, car l’intention y est. « Octave, j’ai longtemps cherché comment le définir et je dirais pour résumer que c’est un lanceur d’alerte », confie-t-il.
Sauf que les personnages manquent de
saveur, et les histoires secondaires prennent le pas sur « l’intrigue »
principale, qu'on aurait vraiment aimé voir mise en avant. Plutôt que
les frasques d’oligarques russes, on aurait préféré comprendre comment
L'Oré… heu, L'idéal compte réellement se remettre sur pieds après un
scandale de cette ampleur. Comment les marques doivent exercer un
contrôle (total) sur leurs égéries à l'heure des réseaux sociaux et de
la recommandation. Comment on dirige d'une main de fer un empire quand
on est une femme controversée dans un monde où la majorité des
dirigeants d’entreprises sont des hommes.
« Dans la mesure où l’on évoque un
sujet aussi grave que le sort de ces filles qu’on va chercher à l’autre
bout du monde pour les jeter dans les griffes de l’industrie, je me
sentais une vraie responsabilité ». À l'heure où il est vivement critiqué pour sa participation à la publicité pour les culottes DIM,
jugée sexiste, on regrette que Fréderic Beigbeder n’ait pas pris cette
« responsabilité » plus au sérieux, et qu’il n’ait pas su s’inspirer du
croustillant de 99 Francs pour aborder des thématiques encore peu
appréhendées de l'intérieur par le grand public. Le film a néanmoins le
mérite de les effleurer, et sans se mentir, cela fait toujours plaisir
de voir des insiders mettre les pieds dans le plat pour dénoncer les
travers de systèmes rétrogrades. On aurait apprécié un peu plus de
sérieux et de piquant, un peu moins de bouffonnerie et de futilités,
mais on salue tout de même la démarche. « Je trouve agréable de rire tout en apprenant des trucs sur les coulisses d’un métier », conclut le réalisateur. Certes…
Un film de Frédéric Beigbeder
Sortie en salle le 15 juin 2015
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