lundi 11 juillet 2016

Molotov.tv veut devenir le nouveau champion du PAF

JeanDavid Blanc-Pierre Lescure-molotov

Molotov.tv veut devenir le nouveau champion du PAF


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Annoncée depuis plus d'un an, Molotov.tv, nouvelle solution de distribution de chaînes TV sur le Web, avait choisi la date du 11 juillet pour son lancement officiel. Fondée par JeanDavid Blanc, Pierre Lescure et Jean-Marc Denoual (Kevin Kuipers ayant quitté le projet en octobre 2015), la plateforme qui se veut le Netflix français de la télévision, annonçait avoir signé 80 chaînes ayant donné les droits de rediffuser en direct ou en replay une sélection de leurs programmes. 
Un à un, les principaux groupes TV français (dont Canal +) se sont laissés séduire par l'offre de Molotov, que la société présente comme disruptive. «L’ambition de Molotov est de réinventer le plaisir quotidien de regarder la télé», promet la première plateforme OTT (over the top) du genre sur les programmes TV dans son communiqué. Difficile de dire pour l'heure si ces anciens du petit écran vont réussir leur pari.
Si quelques fonctionnalités nouvelles sont déjà intégrées, le reste viendra au fur et à mesure du développement – et de l'adoption de la plateforme. Tous les outils attendus ne sont en effet pas tous présents. Des fonctions de socialisation seront ainsi intégrées dans les prochains mois, précise Molotov.

La croissance à financer

Comme prévu, il sera d'abord possible, dans un espace personnel, de boomarker les programmes (soit 10 heures de programmes sauvegardés dans la permière offre). Molotov propose aussi une «alerte l’utilisateur dès qu’une personnalité passe à la télévision (acteur, réalisateur, présentateur, journaliste, homme politique humoriste, sportif, invité d’émission…)
Côté bouquets, trois offres en ligne sont disponibles. La première, gratuite, donne accès à 33 chaînes (dont 25 chaînes de la TNT française). Pour accéder à 100 heures de "bookmark", l'utilisateur paiera 3,99 euros par mois. Enfin, 70 chaînes délinéarisées sont disponibles pour 9,99 euros, pour l'offre la plus chère. Comme un opérateur télécom, Molotov espère séduire avec des offres «sans engagement».
Après une première levée de fonds de 10 millions d'euros auprès du fonds IdInvest et d’investisseurs privés, Molotov cherchait à lever fin 2015 plus de 100 millions de dollars, selon Bloomberg. Pour assurer son développement, elle signait en décembre 2015 deux accords avec les fabricants Samsung et LG afin d'être installée de manière organique dans chacun des supports mobiles des deux marques.
 
Lire aussi: 
Molotov passe à la vitesse supérieure en signant avec Samsung et LG
Comment les trublions du PAF ont préparé le lancement de Molotov

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Les petits miracles du cerveau


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Les petits miracles du cerveau


Publié le 11/07/2016 Jean-Louis Prata

Jean-Louis Prata - YouTube



Quelle est donc cette cogitation qui génère la production, comme à notre insu, des idées, et pourquoi les marques feraient-elles bien de la cultiver ? Les sciences cognitives nous apprennent que rien ne vient ex nihilo et nous éclairent sur « l'inspiration », dont Valéry intuitionnait qu'elle est « l'hypothèse qui réduit l'auteur au rôle d'un observateur ».

Dans une économie globalisée, où les entreprises sont en concurrence avec le reste du monde, tout un chacun s’accorde à penser qu’il devient indispensable d’être créatif et d’innover pour se différencier, et proposer aux consommateurs des offres de produits et de services qui satisfassent au mieux leurs besoins et leurs aspirations. Or, dans un processus créatif, la maîtrise technique, l’analyse rationnelle structurée des besoins des consommateurs et même les méthodes structurées de créativité ne sont plus suffisantes. Il manque le « supplément d’âme » qui fera la différence et qui naît le plus souvent de l’inspiration.


L'inspiration n'est plus l'apanage des artistes


Lorsque l’on est confronté à l’envie ou la nécessité de réaliser une production artistique, de forger un concept nouveau ou de résoudre un problème inédit, l’inspiration « frappe » aux moments les plus inattendus, comme par exemple en plein milieu de la nuit, lors d’une promenade, sous la douche ou en montant une mayonnaise. Si on est inspiré, on peut générer une masse d’idées étonnamment pertinentes en une brève période de temps. Ces expériences d’inspiration sont souvent ressenties comme hors du temps, transcendantes, comme si l’on était connecté à un flux cohérent de pensées et d’idées, au point que pendant longtemps l’inspiration est restée l’apanage d’explications spirituelles ou mystiques. On peut, bien sûr, en l’absence d’inspiration, utiliser des méthodes structurées pour initier des idées, les évaluer, résoudre des problèmes… On parvient de cette manière à produire des idées, mais qui ne seront pas aussi brillantes et élégantes que celles qui jaillissent lorsque l’on est inspiré.


Une attitude  « idéale » ou l'idée jaillissante


Lorsque l’on évoque l’inspiration, parler de l’objet qui provoque l’inspiration est plus aisé, plus immédiat. « Mon inspiration s’est toujours appuyée sur la réalité quotidienne, j’ai toujours été fidèle à mon temps, mon époque », témoignait Yves Saint Laurent pour signifier que l’état d’inspiration pour créer émergeait d’une « muse » qui n’était autre que la réalité quotidienne d’une époque dont il essayait de percevoir le sens. Chercher à comprendre les femmes et les hommes, leurs besoins et leurs aspirations, leur mode de vie, leurs préférences… ne donne pas le plan détaillé pour concevoir le produit ou service qu’ils apprécieront, mais constitue un terrain d’inspiration pour nourrir l’intuition ou l’imagination des designers et des marketers.

Mais l’inspiration est avant tout une attitude, une posture mentale synonyme de souplesse, d’aisance et de bon sens. Quand on est inspiré, on réutilise mieux ses diverses connaissances, on voit des liens entre les choses, les solutions arrivent toutes seules et, cerise sur le gâteau, on s’épanouit plus dans son activité. Soudain, de la masse informe et floue de nos pensées, de nos réflexions et de nos ressentis sur un sujet, les idées surgissent, en un éclair, comme venues de nulle part. Lumineuses, révélations claires qui expliquent comment nos pensées aux contours imprécis peuvent s’emboîter en un tout cohérent et pertinent par rapport au sujet qui nous intéresse.

Victor Hugo écrivait dans Choses vues « [qu’]une pensée contient toujours deux sortes de choses, celles qui y sont venues par inspiration, et celles qui y sont venues par alluvion » pour expliquer que l’inspiration est un processus qui dépasse la mobilisation et l’assemblage des idées et de pensées connues, ou de poncifs, et qui découle d’un véritable mécanisme complexe de création. D’où vient alors cette aptitude humaine à l’inspiration ?


Les sciences du cerveau et de la cognition


Nous pourrions suivre les recommandations de Roland Topor, artiste aux multiples facettes, qui a dû être bien inspiré pour mener de front ses activités artistiques éclectiques d’illustrateur, dessinateur, peintre, écrivain, poète, acteur, cinéaste et chansonnier. Il pensait qu’il « vaut mieux ne pas trop chercher à savoir d’où vient l’inspiration, sinon on devient systématique ».

Toutefois, comme l’inspiration ressemble plus à un processus d’émergence inconscient qu’à une méthode systématique consciente de production d’idées, il semble intéressant de décrypter ce processus d’émergence de l’inspiration. S’il se révèle quasiment impossible de montrer le cheminement intellectuel qui conduit à l’apparition d’une inspiration heureuse, il semble tout à fait possible d’identifier et de cultiver l’état d’esprit qui sous-tend l’aptitude à l’inspiration.

Michel Bourguignon, chercheur au service de médecine nucléaire de la faculté d’Orsay, pointe que les états d’inspiration et de créativité, mais aussi du bonheur, seraient induits par une synchronisation neuronale : tout se passe comme si, soudain, les neurones se synchronisaient dans la transmission en pulsant à la même fréquence pour provoquer un « déclic créatif », qui sous-tend la capacité de notre esprit à reconnaître des formes très rapidement. Charles Limb, chercheur américain de l’université de San Francisco et musicien amateur, a étudié le cerveau de douze pianistes de jazz cherchant l’inspiration de leur improvisation dans des photos de visages exprimant une émotion, cela grâce à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle.

Il a mis en évidence que le cerveau n’est pas binaire, avec un mode « créatif » et un mode « non créatif  », mais fonctionne avec un degré plus ou moins grand de créativité en fonction des situations. Les chercheurs ont alors constaté qu’une région du cerveau, le cortex dorso-latéral, se mettait « en veille » lors de l’expérience. Cette zone est notamment impliquée dans la planification et le contrôle du comportement. Cela signifie, concrètement, qu’inspiration rime avec lâcher-prise : il s’agit d’accepter de ne pas maîtriser consciemment le cheminement de la réflexion sur le sujet pour laisser son esprit vagabonder autour de la question et du problème, sans jugement ni limite, et faire confiance à son intuition pour qu’émergent des idées. 





Illustrations : Amélie Barnathan

Jean-Louis Prata
Directeur innovation de l’Institut de Médecine Environnementale et de l’Institute of NeuroCognitivism, il conçoit, avec une équipe interdisciplinaire, des méthodes et outils issus des neurosciences cognitives. Neurocognitivisme.org