lundi 15 mai 2017

Les robots (ne) prendront (pas) nos jobs

 
Source et capture d'écran: https://www.linkedin.com/pulse/les-robots-ne-prendront-pas-nos-jobs-alain-goudey

Les robots (ne) prendront (pas) nos jobs

Le 16 mai démarre Innorobo, le grand salon français de la robotique où vont être présenté au public les plateformes robotiques les plus récentes. Retour sur une phrase que je lis souvent : "les robots remplaceront l'homme" !
A grand renfort d'intelligence artificielle, de robots et d'ordinateurs, nous vivons actuellement une vague technologique majeure autour de l'automatisation, la numérisation et la robotisation des métiers. Quelques éléments de réflexion sur ce sujet plus complexe qu'il n'y paraît.

Les robots prendront nos jobs !

En 2013 aux USA est publié Future of employment par Frey et Osborne. Le couperet tombe. A l'horizon 2025, 47% des emplois américains sont automatisables ! Une étude de Stanford va jusqu'à 75%... sur d'autres marchés, en Angleterre, ce serait 35% (Deloitte), et en France 42% (Roland Berger) ou... 15% (France Stratégie). Les robots prendront certains de nos jobs, mais personne ne sait dans quelle proportion.
Ne faites jamais deux fois la même chose dans votre quotidien professionnel ! Vous éviterez ainsi la robotisation de votre poste...
C'est naturel ! Ce genre d'étude repose sur l'identification par des experts de professions 100% automatisables d'un côté et aucunement automatisable de l'autre. Cela permet de cartographier des caractéristiques présentes dans un métier automatisable (par exemple la répétition des taches) ou non automatisable (par exemple la créativité). De là on recherche dans les autres métiers l'importance de la présence de ces caractéristiques pour déterminer un degré faible, moyen ou fort d'automatisation. Sur un panel large (630 professions dans l'étude de Frey et Osborne) on en déduit un pourcentage de métiers automatisables dont l'humain serait privé. On voit bien les biais liés à ce genre de méthodologie : identification par des experts, absence de prise en compte de la dynamique technologique qui est de plus en plus rapide, échantillon de métiers pas nécessairement représentatif de la diversité d'un bassin national d'emplois, etc.
Ce qui est sûr c'est que certains métiers vont disparaître pour être réalisés par des machines. Lesquels précisément et dans quelle proportion ? Impossible à dire aujourd'hui !

Les robots ne prendront pas (tous) nos jobs et en créeront d'autres

Les médias ne présentent jamais cette second facette du sujet : les robots ne prendront pas (tous) nos jobs et ils en créeront d'autres !
Premièrement les robots ne nous remplaceront pas nécessairement car faisabilité technologique ne rime pas nécessairement avec acceptabilité sociétale. Par exemple, concernant les caisses automatiques, la faisabilité technique est là, mais le déploiement n'est que de 3.5% des terminaux en France ! De plus, le taux d'automatisation n'est jamais de 100% : un opérateur reste pour piloter en moyenne 5 automates de caisse.
Deuxièmement, il est rarement évoqué la formidable création d'emplois au travers des technologies et du numérique. Une étude basée sur l'analyse de 259 millions de profils Linkedin (début 2014) montre l'apparition de métiers qui n'existaient pas il y a 5 ans :
  • Développeur iOS : x142 en 5 ans (12 634 en 2014)
  • Développeur Android : x199 en 5 ans (10 554 en 2014)
  • Responsable réseaux sociaux : 4 350 en 2014
  • Data scientist : 4326 en 2014
On pourrait encore citer les métiers des big data, du cloud, du marketing digital, etc. des milliers de jobs ont été créés avec le numérique. Et d'autres sont à venir (pour ne prendre que sur l'aspect robot/iA) : créateur de robots (design, électronique, mécanique, informatique, etc.), maintenance des robots, développeur d'iA, éleveur d'algorithme d'iA, évaluateur d'iA, développement et maintenance des réseaux IT de proximité, cyberdéfenseur, etc.
Il ne faut pas perdre de vue que la vague numérique n'a que 20 ans tout au plus et qu'il est encore compliqué d'en anticiper les transformations profondes de nos sociétés car pour l'aspect emploi cela dépend de :
  1. la vitesse et l'importance de l'apparition des nouveaux métiers
  2. la vitesse et l'ampleur de la transformation (ou disparition) des métiers existants
  3. la dimension culturelle, sociétale et humaine autour du changement induit par la numérisation.

Soyez plus malin (et humain) qu'un robot

Le meilleur moyen de ne pas être automatisé reste de ne jamais faire deux fois la même chose ! Développer sa créativité et son inventivité figure d'ailleurs parmi les 3 compétences clés en 2020 selon le World Economic Forum (ce n'était que 10ème en 2015 !).
De même la pensée critique et l'aptitude à appréhender des problèmes complexes sont aujourd'hui particulièrement utiles... cela permet de développer une vision sur les évolutions et d'avoir un petit temps d'avance !
Enfin, n'oublions surtout pas notre besoin d'humanité... car récence du phénomène oblige, nous ne savons pas encore exactement comment l'humain va réagir s'il n'est plus entouré que de machines... qu'il risque de trouver stupides (pendant encore un moment) !
Il n'est pas impossible que cela lui (re)donne goût aux contacts humains !
Alain Goudey


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