mercredi 21 octobre 2015

Jukin, l’entreprise qui orchestre le succès de nombreuses vidéos virales du Web

Derrière le succès de multiples vidéos amusantes se cache une entreprise qui les détecte, les gère et les monétise.

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par

Un chien qui marche à reculons, une fillette qui se brûle les cheveux avec un fer à friser, un adolescent qui fait des sauts périlleux arrière sur son skateboard, un petit garçon attaqué par un chien et sauvé par un chat, un homme en voiture qui casse le nez d’un piéton avec un godemiché brandi par la portière, une femme qui accouche toute seule dans une voiture en marche, un rat qui traîne une part de pizza dans le métro de New York…
Ajoutée le 15 nov. 2014
Pit bulls are totally vicious, right? Our scary pit bull, Queso, is afraid of lots of things, like the kitchen floor, the printer, and doorways. But Queso is a survivor! He deals with his fear of walking into a room (terrifying!) by walking in backwards.

Pit bulls are great.
  • Catégorie

  • Licence

    • Licence YouTube standard
    • "How to Overcome Your Fears" by Queso

Ces vidéos, comme tant d’autres, filmées avec un téléphone mobile ou par une caméra de surveillance, sont diffusées par leurs auteurs sur des plates-formes telles que YouTube – par jeu, pour amuser leurs amis ou se faire connaître sur le Net.

Très vite, certaines de ces œuvres deviennent « virales » : le grand public les apprécie, les commente et les partage, jusqu’à en faire des succès planétaires. Des chaînes de télévision les diffusent à leur tour, ce qui déclenche une deuxième vague de visionnages sur Internet, encore plus massive. Le nombre de visites « Web plus télévision » se compte alors en dizaines de millions.

Une diffusion financée par des professionnels

En réalité, le succès de ces petites séquences divertissantes n’a pas été entièrement spontané. En coulisses, leur diffusion multi-support est organisée et financée depuis l’origine par des professionnels, qui les exploitent commercialement de différentes façons. Le leader sur ce marché est la société Jukin, située à Los Angeles, qui compte aujourd’hui plus de 120 salariés, et a ouvert des bureaux à New York et à Londres. Son patron et fondateur, Jonathan Skogmo, est un ancien producteur de télévision d’Hollywood.

Le cœur de métier de Jukin est d’effectuer une veille continue sur Internet pour détecter des vidéos possédant un « fort potentiel de viralité », mais qui sont encore confidentielles : « Si possible, quelques centaines de vues, et jamais plus de 50 000 », explique M. Skogmo. La matière première ne manque pas : « A lui seul, YouTube reçoit chaque minute plus de 400 heures d’images, dont la plupart seront très peu regardées. »

Pour assurer une veille sérieuse 24 heures sur 24, Jukin utilise des logiciels de détection très sophistiqués. Par ailleurs, les amateurs connaissant un peu le dessous des cartes peuvent se signaler directement auprès de Jukin. Quand c’est possible, la société fait une enquête pour s’assurer que la vidéo est authentique, c’est-à-dire qu’elle n’a pas été mise en scène.

Woman gives birth to 10lb baby in car

Ajoutée le 16 juil. 2015

Baby born going down Beltway 8 in Houston on the way to birth center. No nudity.

Jukin Media Verified (Original)
*For licensing / permission to use please contact licensing(at)jukinmediadotcom
Un processus d’exploitation contrôlé
Une fois la vidéo sélectionnée, les juristes de Jukin prennent le relais : ils contactent l’auteur et lui proposent l’achat de ses droits de distribution. Selon le potentiel de la vidéo, le tarif va de 50 à 5 000 dollars (de 44 à 4 404 euros). Autre option : l’auteur d’une vidéo à fort potentiel peut se contenter d’une petite somme pour clore l’affaire, et touchera un pourcentage sur les recettes ultérieures. Selon M. Skogmo, certains auteurs ont gagné beaucoup d’argent : « Le type qui prenait un selfie vidéo le long d’une voie ferrée et qui a été giflé par le conducteur d’une locomotive passant à pleine vitesse a touché 30 000 dollars. »

Dans tous les cas, Jukin exige les droits exclusifs, à perpétuité : « C’est la seule façon de s’assurer le contrôle intégral de chaque étape de la diffusion, et d’empêcher une exploitation chaotique. » La viralité selon Jukin est un processus fermé et surveillé. Dans les faits, la société doit respecter le droit des sites non-commerciaux à intégrer leurs vidéos dans leur page, une pratique encouragée par YouTube. Mais quand elle découvre qu’un site l’exploite commercialement, elle exige le retrait immédiat, sous peine de poursuites judiciaires : « Nous n’aimons pas faire la police, mais c’est un aspect important de la gestion de nos droits. »

Pour monétiser ses vidéos, Jukin utilise plusieurs procédés. Sur YouTube, elle peut les placer sur l’une de ses chaînes thématiques en marque blanche : animaux, exploits physiques spectaculaires, gags grotesques… Elle se rémunère grâce aux clips publicitaires fournis par la régie de Google.

200 vidéos par semaine

Jukin diffuse aussi les vidéos sur son site officiel, pour les proposer à ses nombreux clients réguliers, qui possèdent un compte chez elle – télévisions, sites d’informations, agences de marketing, portails comme Yahoo! et AOL, sites d’entreprises, sites promotionnels consacrés à une marque… Selon M. Skogmo, ce marché est en pleine expansion : « Avec l’explosion mondiale des smartphones, des mini-caméras GoPro et de la vidéosurveillance, notre choix s’élargit de jour en jour. » Côté ventes, la demande pour les vidéos « authentiques » est de plus en plus forte, notamment chez les publicitaires. Ces temps-ci, Jukin sélectionne près de 200 vidéos par semaine.

Parfois il tombe sur une pépite, ultra-rentable. La vidéo d’une femme accouchant sur le siège passager d’une voiture roulant sur une route du Texas a été vue plus de 26 millions de fois sur YouTube entre juillet et octobre. Elle a aussi été vendue en syndication à des chaînes de télévision, des sites d’informations, des sites médicaux, des sites people et une longue liste de journaux britanniques. Encore plus fort : la jeune maman a réussi à enlever son pantalon et extraire le bébé de son ventre sans dévoiler ses parties intimes devant la caméra fixée entre les deux sièges avant – un exploit qui a permis à Jukin d’étiqueter la vidéo « pas de nudité, tous publics », et de la vendre sans entrave. Le mari, qui conduisait, a choisi de continuer à rouler vers l’hôpital au lieu de s’arrêter pour aider sa femme – commercialement, il a eu le bon réflexe.

De son côté, le « Pizza Rat » totalise presque 8 millions de vues en un mois sur YouTube. La société Jukin gère ce succès depuis l’origine, car elle a repéré la vidéo alors qu’elle était pratiquement vierge – très peu de vues. Son auteur s’appelle Matt Little, c’est un comédien professionnel new-yorkais, qui utilise régulièrement YouTube pour faire son autopromotion. Cette fois, il a gagné son pari : il a été invité sur le plateau de la chaîne d’information MSNBC, pour une interview. Le journaliste présentateur ne précise pas que Matt Little est un pro, et ne mentionne pas l’existence de Jukin.
Pizza Rat a aussi été achetée par les sites de nombreux journaux américains. Pour en faire la promotion par écrit, ils ont dû être créatifs : le New York Daily News a publié un article rédigé à la première personne, qui donne la parole au rat – on découvre qu’il n’aime pas le surnom de « Pizza Rat » et que son vrai nom est « Subway Rat », rat du métro. Jukin a des alliés de poids dans les vieux médias.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/10/20/jukin-l-entreprise-qui-orchestre-le-succes-de-nombreuses-videos-virales-du-net_4793363_4408996.html#Azm2TWSlc7EoVLjg.99
 
Capture d'écran: http://www.lemonde.fr/
 

#MaddyPitch : Yoobo, plateforme de réservation de soins beauté à domicile

20 octobre 2015 par Audrey Serra dans Startup http://www.maddyness.com/http://www.maddyness.com/
yoobo
Yoobo est une plateforme de réservation de professionnels de la beauté ou du bien-être à domicile. Thomas Morel, cofondateur et président de Yoobo a souhaité répondre aux questions de la rédaction.

Quel est votre constat de départ ?

Trouver un coiffeur, une maquilleuse ou une esthéticienne à domicile relève encore du parcours du combattant. De nombreux secteurs traditionnels (hôtellerie, restauration, transport, beauté, etc… ) ont su prendre le virage du numérique pour faciliter l’accès à leurs services. Ce n’est pas le cas des soins de beauté à domicile qui présentent pourtant de nombreux avantages : pas de déplacement, pas d’attente, des horaires plus souples qu’en salons et instituts ainsi que des tarifs similaires pour des soins d’aussi bonne qualité.

Quelle est votre solution ?

Sur Yoobo, vous pouvez choisir en quelques clics votre soin de beauté, votre horaire et votre prestataire, précédemment évalués par d’autres utilisateurs. Le paiement se fait en ligne, de manière sécurisé et vous n’êtes débité qu’après la prestation. Nous proposons plus de 40 soins de beauté différents et nous avons sélectionné une trentaine de partenaires en Île-de-France. Nous prévoyons d’étendre notre service très prochainement dans d’autres grandes villes en France.

Quel est votre business model ?

Notre service est totalement gratuit pour les clients. Nous nous rémunérons avec une commission sur les réservations auprès des professionnels. Afin de garantir la gratuité de ce service, nous nous assurons contractuellement que les tarifs proposés sur notre site soient les mêmes que ceux proposés directement par les professionnels.

Qui sont les fondateurs ?

Yoobo a été fondé par Marie Laure Desorme et Thomas Morel. En 2013, nous travaillions dans la même entreprise et en discutant est née l’idée de créer un outil pour démocratiser les soins de beauté à domicile. Nous avons finalement décidé de nous lancer dans cette aventure et fondé Yoobo. Diplômée de l’EFAP, Marie-Laure a travaillé en tant que chargée des relations presse, notamment chez Estée Lauder. Thomas, diplômé de l’EDHEC, était en poste comme consultant en restructuration d’entreprise chez EY. Sur Yoobo, Marie Laure est en charge de la communication et du recrutement des partenaires. Thomas s’occupe du financement, de la stratégie de Yoobo ainsi que de la mise en place du site Internet.

Pouvez-vous nous raconter votre plus belle anecdote de startupper ?

Lorsqu’un prestataire a annulé un rendez-vous et que j’ai du aller moi-même faire une épilation chez une cliente. Non, en vrai, l’aventure entrepreneuriale apporte son lot quotidien de bonnes et mauvaises nouvelles/expériences. Je peux simplement dire que, tout au long du projet, j’ai été surpris par le soutien de nombreuses personnes qui, à plusieurs reprises, ont accepté de nous conseiller gracieusement dans nos démarches juridiques, marketing, commerciales, etc. Cela a été un vrai soutien et je les en remercie.

Quelle a été votre plus grosse galère ?

Lorsque nous avons été contactés par un cabinet d’avocat parisien parce que le premier nom que nous avions choisi présentait un risque de similarité avec une autre marque. Ce cabinet nous demandait de tout retirer (nom de marque, site Internet, etc..). Nous n’avions pas les moyens financiers de nous défendre. Cela a été un coup dur parce que nous avions déjà bien avancé. Nous nous sommes réellement posé la question de continuer. Finalement, nous avons décidé de recommencer avec un nouveau nom, Yoobo, ce qui a définitivement scellé notre motivation de mener à bien cette aventure.

Recherchez-vous actuellement des fonds ?

Oui, nous recherchons actuellement un investisseur.

Une actualité particulière à mettre en avant ?

Retrouvez-nous les 19 et 20 septembre, à la Galerie Joseph dans le Marais, lors de l’Escale Parisienne, organisée par Okko Hotels. Au programme : Les  apéritivos d’Okko Hotels, des manucures Yoobo, des cours de yoga animés par les pétillantes ambassadrices de Lolë, la marque de vêtements sportifs qui monte, des projections privées de films sur la thématique du voyage etc.
yoobo
Crédit photo : Shutterstock
Capture d'écran: http://www.maddyness.com/