L’application Ubercab n’était pas passée inaperçue dans le
monde des chauffeurs de taxi. Christiane Hayashi, directrice des
transports de San Francisco rencontra Ryan Graves et Travis Kalanick
pour leur faire cesser leurs activités. Cette réunion fut lourde de
conséquences : Travis était en colère et décida de devenir CEO de UBER.
Avec Startup Autopsy, Benjamin Chaminade dévoile en plusieurs
épisodes les coulisses, histoires et analyses des débuts (et parfois des
chutes) de start-up connues au-delà du storytelling. Dans cette
première saison, il vous propose de suivre pas à pas la création d’Uber,
de San Francisco à Paris, et le parcours de Garrett Camp et de Travis
Kalanick, les fondateurs de ce qui deviendra la plus grande plateforme
de VTC au monde. Retrouvez les cinq premiers épisodes :
Benjamin Chaminade
est un entrepreneur et expert international franco-australien en
culture de l’innovation, management, tendances et ressources
humaines. Après une expérience interculturelle à Disneyland Paris et
plusieurs créations d’entreprises dans le domaine du conseil RH, de la
qualité de vie au travail et de la fidélisation des salariés au début
des années 2000, il a quitté Paris pour s’établir à Sydney et participer
au lancement du premier site emploi dédié à la relation client dans le
pays. De retour à Paris en 2009, il prend la co-direction de l’écurie de
compétition Technoraid, spécialisée dans la préparation et la
maintenance en rallye-raid.
A partir de 2010, en parallèle de ses activités de créateur, dirigeant, investisseur, membre du directoire et auteur (dernièrement «Wanagement» aux éditions Dunod), il publie plusieurs blogs sur l’intergénérationnel, la culture de l’innovation, les pratiques innovantes, le HR Hacking et l’innovation managériale (en
collaboration avec Francis Boyer) qui lui permettent de poursuivre sa
conversation avec des dirigeants, managers et innovateurs travaillant
dans des entreprises de toutes tailles, en France et à l’étranger.
La joint venture chinoise d’Amazon serait en discussion pour fusionner avec l’entreprise d’e-commerce locale Kaola, filiale du géant chinois de l’internet et du jeu vidéo en ligne NetEase, selon Caijing.
D’après le magazine, les deux parties sont tombées d’accord fin 2018
pour rapprocher leur activité d’import dans le cadre d’un échange
d’actions. Mais les négociations, initiées par NetEase, auraient
rencontré des difficultés, retardant l’opération.
Lancé en 2015, Kaola représente aujourd’hui l’une des activités
principales de NetEase. L’entreprise est spéciliasée dans l’importation
et la vente sur sa plateforme d’articles d’habillement, d’appareils
ménagers, de soins de maternité, de soins personnels, et de santé. En
août 2018, elle était classée première plateforme transfontalière de produits importées,
devant Tmall Global et JD Worldwide pour la sixième fois consécutive,
d’après des données d’iiMedia Research Group. Kaola détenait ainsi 26,2 %
de parts de marché au premier semestre 2018. Selon le rapport, le
succès fulgurant de la filiale de NetEase a été possible grâce à une
vaste base d’utilisateur et une bonne réputation, gagnée grâce à des
produits de qualité, de confiance et rentables. Kaola, qui évolue en
parallèle à l’autre filiale e-commerce du groupe Yanxuan, collabore avec
plus de 5 000 marques de 80 pays. En 2017, les revenus e-commerce de
NetEase atteignaient 1,8 milliard de dollars, soit une progression de
157 % par rapport à 2016. La publication des résultats 2018 du groupe,
prévue pour le 20 janvier, permettra d’évaluer de nouveau cette
progression.
La fusion avec l’activité d’import d’Amazon
pourrait permettre à Kaola, qui est centré sur le e-commerce haut de
gamme, d’étendre sa gamme de produits. Elle pourrait aussi profiter de
la notoriété d’un grand groupe comme Amazon pour rivaliser davantage
avec des concurrents de taille tels qu’Alibaba, dont les ventes ont commencé à ralentir l’année dernière.
Du côté de la firme de Jeff Bezos, on peut espérer une augmentation
des ventes et de la notoriété d’Amazon dans le pays. Le géant du
e-commerce américain a éprouvé des difficultés dans le marché chinois
(part de marché d’environ 1 %, selon eMarketer) et pourrait chercher via
cette fusion un nouveau moyen de réduire l’écart qui l’y sépare
d’Alibaba ou de JD.com. La récente annonce de l’ouverture de 15
boutiques Kaola par NetEase à travers la Chine n’a pas dû déplaire au
groupe.
Redéfinir le concept de vision dans un monde incertain : la vision comme modèle mental
Par Philippe Silberzahn, professeur
d’entrepreneuriat, stratégie et innovation à EMLYON Business School et
chercheur associé à l’École Polytechnique (CRG)
L’une des choses les plus difficiles à faire admettre
lorsque je présente l’effectuation (la logique d’action des
entrepreneurs) est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une vision pour
piloter son organisation. On m’oppose souvent l’argument qu’il faut bien
avoir une « Étoile polaire » pour guider l’action des collaborateurs et
qu’une telle direction est particulièrement nécessaire dans un monde
incertain. Je pense que c’est précisément le contraire. Mais surtout,
dans un tel monde, c’est la notion même de vision qu’il faut redéfinir
tant la façon dont elle est définie traduit une conception du monde qui
n’existe plus.
La vision est l’un des concepts les plus importants de la pensée
stratégique classique. Celle-ci stipule que l’organisation doit avoir
une vision, une mission et une stratégie, cette dernière étant définie
comme le moyen d’atteindre un objectif donné, comme la pénétration d’un
marché particulier. La vision, elle, est la représentation ambitieuse
d’un état futur préférable à l’état actuel, en général sur un horizon de
cinq à dix ans. La vision existe pour guider et inspirer les
collaborateurs. La formuler est la tâche majeure du dirigeant. L’idée
derrière l’importance de la vision est que dans la mesure où nous
pouvons prédire l’avenir, nous pouvons le contrôler, c’est à dire
contrôler notre position dans un marché futur: c’est l’objet de la
stratégie.
Dans le monde stable et certain, la vision
peut être utile et son développement peut avoir un sens. Mais dans un
monde qui change en permanence et de manière de plus en plus inattendue,
un monde incertain et plein de surprises, déterminer une vision et s’y
tenir devient de plus en plus difficile et surtout dangereux. Quand on
mesure à quel point notre monde change rapidement et profondément, on
peut douter sérieusement du caractère raisonnable de développer une
vision sur un horizon de cinq à dix ans. Imaginer un état futur dans un
tel monde est tout bonnement impossible et la réalité risque de réduire à
néant en quelque temps la vision patiemment élaborée.
En étudiant l’action entrepreneuriale mise au jour au travers de la
théorie de l’effectuation, on apprend que les entrepreneurs donnent une
réponse originale à ce problème: ils ne sont pas bloqués face à
l’impossibilité de prédire résultant de l’incertitude, et donc à
l’impossibilité de définir une vision, car ils estiment que la
prédiction n’est pas nécessaire. Ils inversent en effet la proposition
de la stratégie en estimant que dans la mesure où on peut contrôler l’avenir, on n’a pas besoin de le prédire.
Contrôler l’avenir, qu’est-ce que ça veut dire? Ça veut dire agir pour
transformer l’environnement en fonction de nos souhaits.
La vision c’est le modèle mental
Mais s’il n’est plus possible de définir une Étoile polaire qui guide
notre action, au sens d’un état futur souhaitable, par quoi celle-ci
est-elle guidée? Car bien-sûr les entrepreneurs ne progressent pas au
hasard. Pour le savoir, il faut prendre conscience de la contribution
fondamentale des entrepreneurs qui est de changer notre façon de voir le
monde: ils nous font trouver normal quelque chose qu’on trouvait
inacceptable avant qu’ils n’agissent. Ainsi, AirBnB nous fait trouver
normal qu’un inconnu dorme dans notre salon! En un mot, les
entrepreneurs changent nos modèles mentaux, c’est à dire l’ensemble de
nos croyances et suppositions sur le monde.
Les psychologues et les philosophes ont montré depuis longtemps que
nous ne pouvons agir que sur la base de modèles mentaux. C’est vrai
aussi bien au niveau individuel qu’au niveau collectif (équipe,
département, organisation).
Les modèles mentaux prennent une importance particulière dans un
monde qui change rapidement et profondément, qui connaît ce que le
sociologue Harmut Rosa appelle une accélération. L’accélération
a pour effet de rendre nos modèles mentaux obsolètes rapidement. Si,
dans un monde lent et certain, on pouvait laisser le temps faire évoluer
tout seul nos modèles, ce n’est plus possible. La plus étayée des
croyances, celle qui nous a servi durant des décennies, peut devenir
fausse par un de ces sauts soudains et brutaux de notre environnement
qui deviennent si courants aujourd’hui.
Dans un monde effectual, la vision n’est donc pas l’image figée d’un
futur lointain, futur qui n’arrivera jamais et que nous nous épuiserons à
atteindre bien avant qu’il ne devienne une chimère. Dans ce monde, la vision, c’est la façon dont notre organisation voit le monde et le comprend aujourd’hui.
C’est la façon dont l’organisation construit une représentation non pas
exacte, mais efficace de la réalité. Conformément au principe n°1 de
l’effectuation (démarrer avec ce que vous avez), l’organisation trouve
en elle-même la source et la raison de sa vision pour se projeter vers
l’extérieur et le transformer selon ses souhaits.
Au travers de ce principe, la vision cesse d’être ce qu’elle est si
souvent dans nombre d’organisations: une peinture desséchée et hors-sol à
laquelle il faut faire « adhérer » les collaborateurs en raison même de
ce caractère hors sol. Elle est au contraire incarnée par
l’organisation et par ses membres par sa nature même. Elle est
actionnable et elle évolue avec le temps de façon organique, ce qui lui
évite d’être figée. Définie comme modèle mental, la vision est pour
l’organisation ce qui l’anime, ce qui lui permet de fonctionner comme
une organisation, ce qui rejaillit vers l’externe, ce qui la rend tout à
fait unique, ce qui lui permet de faire sens. Pour en savoir plus sur l’effectuation, lire mon article introductif: Effectuation: Comment les entrepreneurs pensent et agissent… vraiment. Voir mon article précédent sur la vision: Transformation: la vision, c’est l’opium des organisations.
Philippe Silberzahn est professeur d’entrepreneuriat, stratégie et innovation à EMLYON Business School et chercheur associé à l’École Polytechnique (CRG), où
il a reçu son doctorat. Ses travaux portent sur la façon dont les
organisations gèrent les situations d’incertitude radicale et de
complexité, sous l’angle entrepreneurial avec l’étude de la création de
nouveaux marchés et de nouveaux produits, et sous l’angle managérial
avec l’étude de la gestion des ruptures, des surprises stratégiques
(cygnes noirs) et des problèmes complexes (« wicked problems ») par les
grandes organisations. Pour suivre ses écrits, rendez-vous sur son blog.
A l’heure où Facebook et Twitter sont dans l’oeil du cyclone, Reddit
entend bien se renforcer en 2019. Le site, surnommé «la homepage de
l’Internet», serait en effet en train de boucler une méga-levée dont le
montant est compris entre 150 et 300 millions de dollars, selon des
sources proches du dossier citées par TechCrunch.
Ce tour de table serait mené par Tencent, qui devrait injecter 150
millions de dollars. L’opération pourrait être complétée par 150
millions de dollars supplémentaires provenant d’investisseurs
historiques, à l’image de Sequoia, Andreessen Horowitz ou encore Y Combinator.
Actuellement valorisée 2,7 milliards de dollars, la plateforme pourrait
voir sa valorisation atteindre les 3 milliards de dollars à l’issue de
l’opération.
Un réseau social atypique
Créé en 2005 par Alexis Ohanian, mari de la joueuse de tennis Serena
Williams, et Steve Huffman, Reddit est un site à mi-chemin entre un
réseau social et un forum tentaculaire qui s’est taillé une réputation
sulfureuse. Et pour cause, entre des informations ahurissantes et des
détournements d’actualités sur un ton décalé, Reddit est considéré comme
le royaume des «memes». Un après son lancement, Reddit avait été
racheté par Condé Nast, qui détient toujours une participation
majoritaire dans la société.
Pour se différencier des autres réseaux sociaux, le site se distingue
par un fonctionnement et un vocabulaire qui lui sont propres. La
plateforme propose ainsi des «Subreddits», des forums de discussion
auxquels les «Redditors», les utilisateurs de Reddit, s’abonnent. Sur le
site, des «Mods», des modérateurs bénévoles, sont chargés d’éviter la
diffusion de contenus haineux ou discriminatoires. Chaque utilisateur
peut gagner des points de «Karma» qui sont octroyés en fonction des
votes et des commentaires en faveur d’un lien qu’il a posté. Outre son
fonctionnement atypique, la plateforme s’est distinguée par «AMA (Ask Me
Anything)», un «chat» régulier lors duquel des personnalités comme
Roger Federer ou Madonna répondent aux questions des internautes. Celui
de Barack Obama en août 2012 avait d’ailleurs fait crasher le site.
Si Reddit n’a jamais été aussi populaire que Facebook, leader absolu
sur le marché des réseaux sociaux, le forum de discussion américain
s’est distingué par la souplesse et la liberté qu’il offre à ses
utilisateurs. A tel point que cela a mené à des dérives qui ont porté
atteinte à la crédibilité de la plateforme, notamment lors du piratage
de photos de stars nues en 2014 qui a donné lieu à la diffusion massive
des images volées sur Reddit, ou quand une campagne de harcèlement a été
lancée contre la famille d’un étudiant accusé à tort d’être l’auteur
des attentats de Boston.
330 millions d’utilisateurs actifs chaque mois
Le site a progressivement retrouvé sa sérénité en 2015 lorsque les
deux fondateurs, Alexis Ohanian et Steve Huffman, sont revenus aux
manettes de Reddit pour assainir un site qui était devenu le repaire des
utilisateurs tenant des propos racistes, sexistes, homophobes ou
antisémites. Après avoir fait le ménage sur la plateforme et mis en
place des règles de modération, l’équipe dirigeante a commencé à
courtiser les marques pour compléter ses revenus tirés des abonnements
premium. Attirer les marques sur la plateforme s’est avéré être une
stratégie payante puisque l’essentiel du chiffre d’affaires de Reddit
provient désormais de la publicité. Selon CNBC, qui s’appuie sur
des sources proches du dossier, la société américaine a ainsi franchi
les 100 millions de dollars de revenus en 2018. A ce jour, Reddit
revendique 330 millions d’utilisateurs actifs mensuels et environ 1,4
milliard de vidéos vues par mois.
Ce tour de table doit permettre à Reddit d’enrichir son offre
publicitaire et de poursuivre son développement pour doper son nombre
d’utilisateurs ainsi que ses revenus. Dans le même temps, cela permet à
Tencent de diversifier ses activités, bien que Reddit ne soit pas
accessible en Chine. Le géant chinois, qui détient notamment Riot Games,
l’éditeur de League of Legends, et possède des parts dans Eric Games,
le studio derrière Fortnite, n’a en effet d’autre choix que de trouver
des relais de croissance après le durcissement de la régulation en Chine
sur les jeux en ligne. Tencent, qui édite l’application multi-services
WeChat, utilisée par plus plus d’un milliard d’utilisateurs, a ainsi
annoncé sa première restructuration en six ans l’an passé.
Reddit : les données clés
Fondateurs : Alexis Ohanian et Steve Huffman Création : 2005 Siège social : San Francisco Activité : réseau social