mercredi 20 décembre 2017

Pour la justice européenne, Uber doit être considéré comme une compagnie de taxis#gerardpocquet

Capture d'écran et source: https://www.frenchweb.fr

Maxence Fabrion

Pour la justice européenne, Uber doit être considéré comme une compagnie de taxis


Nouveau revers pour Uber. Invitée à se prononcer sur le statut d’Uber en Europe, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a estimé ce mercredi 20 décembre que la plateforme de VTC devait être considérée comme un service de transport. Par conséquent, cette décision signifie qu’Uber doit désormais se soumettre à la législation en vigueur pour les taxis.
Malgré cet arrêt de la CJUE qui s’applique aux 28 États-membres de l’Union européenne, Uber a immédiatement affirmé qu’elle ne changerait pas sa manière de fonctionner dans les pays européens. «Nous opérons déjà sous la législation des transports. Pourtant, des millions d’Européens sont encore empêchés d’utiliser des applications comme la nôtre», a déclaré la firme américaine. La pilule est difficile à avaler pour Uber, qui avait fait valoir devant la CJUE que sa plateforme devait avant tout être considérée comme un service numérique permettant de mettre en relation les particuliers et les chauffeurs.

Uber «irresponsable» pour la Commission européenne

En 2014, la Cour de justice de l’UE avait été sollicitée par un juge espagnol, qui avait été saisi par l’association professionnelle de chauffeurs de taxis «Elite Taxi» établie à Barcelone, en Espagne. Cette dernière prétendait qu’Uber se livrait à une concurrence déloyale, notamment avec son service UberPOP qui permettait aux chauffeurs sans licence de prendre en charge des passagers via l’application mobile.
Cette nouvelle décision rendue par une instance de l’Union européenne ne fait que confirmer la défiance des autorités européennes à l’égard d’Uber. Le 30 novembre, la Commission européenne avait même jugé «irresponsable» la gestion par la plateforme de VTC des données de ses clients et de ses chauffeurs, victimes d’un piratage d’envergure. Pour rappel, 50 millions de clients et 7 millions de chauffeurs ont été touchés par cet incident qu’Uber a cherché à dissimuler. La firme américaine aurait en effet versé 100 000 dollars aux hackers pour qu’ils ne divulguent pas l’existence de cette attaque et détruisent les informations collectées.
En Europe, la plateforme de VTC est de plus en plus contestée par les autorités locales. Au Royaume-Uni, Uber a ainsi perdu sa licence d’exploitation à Londres, où la société revendique pourtant 40 000 chauffeurs et 3,5 millions d’utilisateurs. En Scandinavie, la firme dirigée par Dara Khosrowshahi n’est guère plus en réussite, puisqu’elle a été chassée du Danemark en début d’année. Au troisième trimestre, Uber a perdu 1,46 milliard de dollars, contre 1,06 milliard de dollars au trimestre précédent.
Tags

Maxence Fabrion

Journaliste chez Adsvark Media / FrenchWeb - We Love Entrepreneurs

ING: le bitcoin sera un actif de niche pour les 'passionnés de tech', les obsédés de la vie privée et les criminels. I Accept Bitcoin#gerardpocquet



Capture d'écran et source: http://www.businessinsider.fr

ING: le bitcoin sera un actif de niche pour les 'passionnés de tech', les obsédés de la vie privée et les criminels

Économie, Tech

Gabriel Scheare utilise le tout premier DAB de bitcoin du monde, le 29 octobre 2013 à Waves Coffee House, Vancouver, Colombie britannique. David Ryder/Getty Images
  • ING: "Le bitcoin a peu à offrir à une plus large audience, et il redeviendra probablement un produit de niche pour un petit nombre d'adeptes".
  • Un économiste avance plusieurs problèmes liés à la régulation, la volatilité, la rapidité, et au coût des transactions et du manque d'intermédiaires qui le freineront à long terme. 
  • "Nous rejoignons les nombreux analystes qui observent les caractéristiques typiques d'une bulle".

"Le bitcoin est destiné à devenir un actif de niche", a déclaré le géant néerlandais de la banque, ING.
L'économiste Teunis Brosens avance, dans une note diffusée lundi 18 décembre, que le bitcoin avait été déplacé loin de son but initial, qui est d'être un système de paiement décentralisé, et que sa récente envolée était peu durable.
"Le bitcoin a peu à offrir à plus large audience, et il redeviendra probablement un produit de niche pour un groupe restreint d'adeptes", ecrit-il.
"Un jour, quand il sera passé de mode, le bitcoin redeviendra le produit de niche qu'il a été dans ses premières années. Ses utilisateurs seront des passionnés de tech, des personnes obsédées par la vie privée, et des personnes effrayées par l'(hyper-)inflation des monnaies traditionnelles, et les personnes qui souhaitent contourner les banques centrales à des fins idéologiques ou criminelles".
Dans une note intitulée "A cryptocurrency reality check" ("Un examen objectif de la crypto-monnaie"), ING avance le fait que le bitcoin ne parviendra pas à devenir une monnaie mainstream à cause des nombreuses failles dans sa technologie et dans son réseau.
Brosens pense que le manque de régulation, d'intermédiaires pour s'occuper des bitcoins des tiers, du temps que prennent les transactions et des hauts coûts de transaction sur le réseau, ainsi que sa volatilité, vont pousser ses utilisateurs à s'en désintéresser à long terme.
"Actuellement, le bitcoin est capable d'effectuer sept transaction par seconde", a écrit Brosens. "Pour que le bitcoin puisse jouer un rôle significatif en tant que système de paiement, le processus de transactions devrait être 100 voire 1000 fois meilleur".
Ajouter une légende
Les coûts de transaction du réseau du bitcoin ont augmenté de manière rapide et considérable ces derniers mois. blockchain.info
Concernant sa volatilité, Brosens avance qu'"un monde dans lequel votre argent vous permet d'acheter un grand latte aujourd'hui, mais seulement un petit espresso demain est peu séduisant".
Le bitcoin est destiné à connaître de fortes fluctuations, et il ne serait pas rare de voir des variations de 10% voire 20% en un jour. Son prix a presque doublé sur le dernier mois, par exemple.
Hormis les inconvénients identifiés par Brosens, le bitcoin a multiplié par 1500% sa valeur par rapport à celle du dollar, cette année. Comment explique-t-il son envolée?
"La hausse de la valeur du bitcoin est due à des fondations instables", écrit-il. "La seule justification qui permettrait d'investir dans le bitcoin aujourd'hui serait de prétendre que les autres voudront acheter le bitcoin à prix fort dans l'avenir".
La spéculation a conduit aux gains de prix du bitcoin, soutient-il. Le phénomène a été aggravé par un enthousiasme pour le bitcoin, conduisant les gens à les "HODLer" (déformation du mot "hold", qui est devenue une devise dans le monde des crypto-monnaies).
Brosens écrit: "Vous trouverez des gens (qui investissent souvent par eux-mêmes) prétendant qu'acheter et détenir est la stratégie à avoir avec le bitcoin. Oh! et s'il-vous-plaît, ne vendez pas, mais possédez, car autrement, vous gâcherez le plaisir de tout le monde. Bien que ce soit en effet la tendance dominante autour du bitcoin aujourd'hui, elle est bien loin de l'objectif initial qu'avait en tête [le fondateur du bitcoin, Satoshi] Nakamoto en 2008".
Brosens a dit que bon nombre d'investisseurs en bitcoin en 2017 ne "[comprenaient probablement] pas les bases, les motivations et les idéaux premiers des crypto-monnaies, et ne s'en souci[ai]ent pas tellement non plus".
Quant à savoir si le bitcoin est surévalué, Brosens a écrit: "Un actif de niche adopté à l'échelle mondiale conserverait une base d'utilisateurs substantiels et donc de la valeur. Il est donc impossible de dire si le coût du marché du bitcoin est "trop haut" pour cet actif de niche.
"Encore une fois, nous rejoignons les nombreux analystes qui observent les caractéristiques typiques d'une bulle: l'idée d'un actif neuf, révolutionnaire, presque magique — difficile à comprendre, mais qui est investi de toute part parce qu'il devient énorme. Cette idée est une manière de se dire "cette fois, c'est différent". "Oui, nous savons ce qui s'est produit quand les précédentes bulles ont éclaté, mais le bitcoin est vraiment vraiment différent". Nous n'en sommes pas si sûrs".
Brosens tient particulièrement à dissocier ce dédain pour le bitcoin de sa position concernant la technologie de blockchain qui compose le bitcoin.
"Le blockchain est une technologie immense, elle peut apporter une plus-value dans un bon nombre de champs, allant de la finance aux soins médicaux, du notariat au vote", a précisé Brosens. "Longue vie au blockchain".
Version originale: Oscar Williams-Grut/Business Insider UK
Vous avez apprécié cet article ? Likez Business Insider France sur Facebook !

Lire aussi : Le bitcoin dépasse les 11.500$ et les jumeaux Winklevoss deviennent les premiers milliardaires en bitcoins

Contenu sponsorisé

Aux sources de l’arabica, entre Honduras et Brésil

Une nouvelle gamme d’arabica invite les amateurs de café à une escapade sensorielle. 
Nouveau ! Découvrez BI Intelligence Profitez dès maintenant de notre offre de lancement ›

Le gendarme français de la vie privée dit que WhatsApp ne respecte pas la loi française en envoyant des données à Facebook#gerardpocquet

Capture d'écran et source: http://www.businessinsider.fr par
Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la Cnil. YouTube

Le gendarme français de la vie privée dit que WhatsApp ne respecte pas la loi française en envoyant des données à Facebook


La Commission nationale informatiques et libertés (Cnil) —  le gendarme français de la vie privée des internautes — vient d'annoncer ce lundi 18 décembre que WhatsApp avait un mois pour se mettre en conformité avec la loi française sur la protection des données et lui laisser regarder les données que l'application transmettait à ses maison-mère Facebook.
"La présidente de la Cnil met la société WhatsApp en demeure de procéder légalement à la transmission des données de ses utilisateurs à Facebook, notamment en obtenant leur consentement", peut-on lire dans le communiqué de l'institution.
Depuis une mise à jour d'août 2016, WhatsApp peut transmettre vos numéros de téléphone à sa maison-mère Facebook à des fins de ciblage publicitaire, la sécurité et l’évaluation et l’amélioration des services ("business intelligence") par l’analyse du comportement des utilisateurs de l’application.
Mark Zuckerberg avait racheté l'appli de messagerie en octobre 2014 pour 17,5 milliards.
La Cnil a été informée par la société que les données des utilisateurs français n’avaient en réalité jamais été traitées à des fins de ciblage publicitaire.
Pour autant, à l'issue de contrôles en ligne, d'un questionnaire et d'une audition de représentants de la société, l'organe de protection français de la vie privée des internautes estime que l'application WhatsApp a:
  • violé la loi française sur la protection des données, "Cette finalité de "business intelligence" ne reposait sur aucune des bases légales qu’exige, pour tout traitement, la loi informatique et libertés", écrit la Cnil. Elle lui reproche notamment de ne pas avoir recueilli de façon valable le consentement des 10 millions d'utilisateurs français. "Le consentement n’est pas libre puisque le seul moyen de s’opposer à la transmission des données pour la finalité accessoires de "business intelligence'" est de désinstaller l’application", écrit encore la Cnil.
  • failli dans son obligation de coopérer avec la Commission. La Cnil précise que malgré les demandes répétées, la société WhatsApp a décidé de ne pas lui de communiquer un échantillon des données des utilisateurs français transmises à Facebook Inc. car elle s’estime "uniquement soumise à la législation" des Etats-Unis.
Cette décision intervient plus d'un an après que WhatsApp ait été épinglée par l'organe européen de protection de la vie privée, à ne plus envoyer vos numéros de téléphone vers Facebook dans l'Union européenne.
La Cnil rappelle que cette mise en demeure n'est pas une sanction. Aucune suite ne sera donnée à cette procédure si la société se conforme à la loi dans le délai imparti. Dans ce cas, la clôture de la procédure fera également l'objet d'une publicité.

Si la société ne se conforme pas à cette mise en demeure dans le délai imparti, la Présidente pourra désigner un rapporteur qui proposera le cas échéant à la formation restreinte de la Cnil, chargée de réprimer les manquements à la loi, de prononcer une sanction, de l'avertissement au retrait en passant par une sanction pécuniaire allant jusqu'à 150.000 euros et 300.000 euros en cas de récidive,
Un nouveau règlement européen sur la protection des données personnelles entrera en application en 2018. Il permettra au autorités européennes (G29) de procéder à des contrôles communs, d'adopter des décisions communes lorsque les traitements de données seront transnationaux et les sanctions seront renforcées.
La Commission européenne a imposé au printemps dernier une amende de 110 millions d'euros à Facebook pour avoir fourni des informations trompeuses sur son projet d'acquisition de la messagerie mobile WhatsApp.
Vous avez apprécié cet article ? Likez Business Insider France sur Facebook !

Lire aussi : Les jeunes Français ont une lacune majeure sur internet — et apprendre à coder ne va pas les aider, selon Mounir Mahjoubi

Contenu sponsorisé

Une eau au goût plus agréable, c'est possible avec la carafe filtrante !

Goût de chlore, impuretés, tartre,... L'eau du robinet n'est pas toujours agréable à boire. La carafe filtrante permet d'y remédier. Explications et petites astuces. 
Nouveau ! Découvrez BI Intelligence Profitez dès maintenant de notre offre de lancement ›
Capture d'écran et source: http://www.businessinsider.fr

Les grandes entreprises sont trop endettées, alerte Bercy#gerardpocquet

Capture d'écran et source : https://www.latribune.fr par Delphine Cuny@DelphineCuny                                        Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) est l’autorité macroprudentielle française chargée d’exercer la surveillance  du système financier dans son ensemble, dans le but d’en préserver la stabilité et la capacité à assurer une contribution soutenable à la croissance économique. Il est présidé par le ministre de l'Economie et des Finances,                                       en l'occurrence Bruno Le Maire. (Crédits : Reuters)

Les grandes entreprises sont trop endettées, alerte Bercy

 |   | 
Le Haut conseil de stabilité financière envisage de limiter l’exposition des banques aux grandes entreprises françaises les plus endettées, à 5% de leurs fonds propres. S’il écarte un risque de crédit, il juge préoccupante la dynamique d’endettement des grands groupes, sans citer de nom.
[Article mis à jour à 18h25]
Il y avait eu plusieurs avertissements, de la part du gouverneur de la Banque de France ces derniers mois, sur la forte hausse de l'endettement des entreprises, mais aussi des ménages français par rapport aux autres pays européens. Bercy souhaite « envoyer un signal » aux acteurs économiques : le Haut conseil de stabilité financière (HCSF), qui s'est réuni ce vendredi sous la présidence du ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé ce vendredi qu'il envisage une mesure inhabituelle permettant de « limiter les expositions des banques systémiques  sur les grandes entreprises résidentes les plus endettées, à un niveau de 5% de leurs fonds propres dans un premier temps ».
A Bercy, la mesure est présentée comme un garde-fou plutôt que comme la constatation d'une bulle.
« La dynamique d'endettement est préoccupante, mais il n'y a pas de risque de crédit à brève échéance » insiste-ton au ministère. « Il s'agit d'éviter que des banques déjà exposées à des entreprises endettées le soient davantage demain. »
Cette restriction de crédit devrait concerner une dizaine de grands groupes français.
La dette brute des grandes entreprises françaises a augmenté de 7% par an en moyenne entre 2011 et 2016 contre 1% seulement pour les PME.

Risque de bulle ?

Dans son communiqué, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) souligne :
Fin publicité dans 10 s
« S'agissant des sociétés non financières, leur endettement rapporté au PIB est caractérisé par une hausse presque continue depuis 2005. Cette évolution contraste avec celles des autres grands pays européens. Sur la période la plus récente, la dynamique de l'endettement des sociétés non financières repose aussi bien sur la progression des crédits bancaires que sur celle des titres de dette. »
Il y a deux mois, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau pointait dans une interview au Figaro :
« Nous devons nous soucier de la croissance rapide de l'endettement des ménages et surtout des grandes entreprises, à près de 8 % de hausse.» Il prévenait déjà que « Si nécessaire, nous prendrons des mesures macro-prudentielles. Le crédit va bien en France, et c'est une bonne nouvelle, mais il ne doit pas être durablement hors de proportion avec la situation économique. Le redémarrage des investissements est très encourageant. Mais on observe aussi un fort rebond des acquisitions des grandes entreprises, financé par l'endettement : c'est un des points à surveiller. »
Dans sa lettre introductive au rapport annuel 2016, publiée en juillet dernier, la Banque de France expliquait ainsi :
« Les crédits accordés à l'économie sont abondants. Ce dynamisme est même un sujet de vigilance aujourd'hui : les crédits progressent en France (+ 5,6 % en rythme annuel en avril 2017), plus de deux fois plus vite que la moyenne de la zone euro, beaucoup plus vite que le PIB nominal. La dette privée, des ménages et des entreprises, dépasse désormais en France celle de la zone euro. Nous devons veiller, comme vient de le marquer le Haut Conseil de stabilité financière, à ce que n'apparaissent pas de nouvelles bulles, sur l'immobilier ou sur les acquisitions d'entreprise. »
S'il ne parle pas de bulle, le Haut conseil de stabilité financière met en garde sur « la forte dynamique des marchés actions ».
La mesure de limitation de l'exposition des banques sera adoptée dès que les autorités européennes auront rendu leur avis.

Pourquoi Colette va manquer à Paris et aux marques ?#gerardpocquet

Capture d'écran et source:http://www.influencia.net par Florence Berthier
Twitter : @Berthierflo

Pourquoi Colette va manquer à Paris et aux marques ?


Publié le 19/12/2017

Image actu
Colette semblait indéboulonnable. Pourtant ce magasin parisien, emblématique et si révolutionnaire en son temps, ferme. Quelle place a-t-il occupé et que révèle sa fermeture sur l’évolution du retail et des concept-stores premium ? Rebecca Robins, Global Director chez Interbrand et co-auteure de Meta-Luxury nous donne des pistes. L’occasion de revenir sur le cycle de vie d’une marque.

Comme annoncé plus tôt dans l’année, Colette ferme définitivement ses portes en France, ce 20 décembre. Magasin iconique, visionnaire et parisien dans l’âme, il s’est taillé une place de choix réformant ce type de distribution par sa curation si particulière et sa capacité à faire du pur storytelling. Attirant les foules au fil de ses événements ou de ses co-branding époustouflants ou interpellants. Or face à l’émergence de sites lifestyle comme Highsnobiety qui ont mis leurs pas dans les siens ou des collaborations entre marques fashion et artistes, et des crossovers entre luxe et streetwear qui ont pillé son modèle au point de le banaliser, a-t-on encore besoin d’un tel espace en 2018 ? Et si oui, sous quelle forme et pourquoi ? Enfin, quels sont les enseignements exploitables pour à nouveau et vraiment faire la différence ? Réponses avec Rebecca Robins, Global Director, experte des sujets luxe chez Interbrand et co-auteure de l'ouvrage Meta-Luxury. Une thématique sur laquelle, elle est récemment intervenue lors de l'International Luxury Conference à Bruxelles organisée par le New York Times.


IN : Quelle valeur a aujourd'hui la marque Colette ? Qu'est-ce qu’elle a apporté à l'univers du luxe et de la mode à son lancement ?


Rebecca Robins : la force principale de Colette tient essentiellement à son point de vue très particulier. Bien avant que le terme " curation " n'entre dans le langage courant, l'enseigne nous a apporté sa vision du monde. Les vrais visionnaires sont ceux qui ont le courage de regarder les choses différemment. C'est justement ce singulier mélange entre la culture et le commerce qui lui a donné cet état d'esprit pertinent et plein d'assurance. C'était un rare mélange de vision et de curation.

Colette a toujours su attirer les foules tel un puissant aimant. Ce magasin qui se situait, comme un symbole, à une intersection mélangeait le business des people et des histoires. Colette Rousseaux avait compris avant tout le monde l'univers dans lequel elle évoluait. Colette est une marque créée autour de la curiosité et de la découverte. La vraie valeur du concept store résidait dans les histoires que l'on en rapportait à chaque visite et les surprises auxquelles nous nous attendions en anticipation de notre prochaine visite. Du pur storytelling. Colette était un magasin qui dépassait les frontières et les générations. Toutes sortes de personnes s'y rendaient et se rencontraient lors d'évènements allant de signatures de livres en passant par des conférences ou des concerts. Avant tout, colette était une communauté.


IN : quel a été l'apport de cette enseigne au concept atypique pour son époque, dans son univers ? Quelles nouvelles formes de co-branding et de retail a-t-elle insufflé ?


R.R. : Colette avait compris la relation qu'il existe entre les marques et la culture. Cela a initié un véritable changement de paradigme dans la création d'un écosystème très open. Colette a su mélanger le haut de gamme avec le streetwear, mixer les produits issus de maisons réputées avec des produits de toutes petites marques. Chaque étage du magasin était rempli de produits pensés pour petites et grandes bourses. Colette était connue dans le monde entier pour ses séries de collaborations très éclectiques, comme, par exemple, Comme Des Garçons x Vans en 2005, Aston Martin en 2011 ou Adidas Originals en 2014.


IN : quel regret ou quelle satisfaction peut-elle avoir ?


R.R. : ce que cette marque a apporté au monde va nous manquer car elle était aimée par tous. Colette va nous manquer car, en l'espace d'à peine deux décennies, elle a su définir la culture jusqu'à en faire partie elle-même. Combien de marques avons-nous vu se dégrader et perdre leur identité sous nos yeux à force de vouloir grandir trop vite et diluer leur ADN dans le même temps ? Colette a pris la décision de ne pas subir ce sort.

A un niveau plus macro, sa fermeture amène une réflexion sur la vie et la mort d'une marque aujourd'hui. A une époque où le changement devient constant et où les marques ne cessent de voir leurs industries se faire disrupter, il s'agit de s'interroger sur le cycle de vie d'une marque dans le futur.


IN : qu'est-ce que sa fermeture signifie sur l'évolution du retail et des concept-stores premium ?


R.R. : aujourd'hui, dans le retail, on parle de plus en plus de l'impératif de mélanger contenu et commerce, de l'art de collaborations, d'expériences et de storytelling. Tout ceci était l'essence même de Colette. On parle beaucoup d'influence et d'influenceurs, mais il faut noter qu’elle a toujours su garder un temps d'avance et définir des tendances et c'est cela qui correspond à la vraie définition de l'influence. L'héritage qu’elle va nous laisser sera dans la façon dont cette marque a su ouvrir le champ des possibles des expériences dans l'univers du retail.

Le plus bel hommage à cette marque est le fait que ce que Colette a su créer il y a 20 ans se retrouve aujourd'hui partout à travers le monde. Il y a l'exemple du concept-store Story à Manhattan qui se décrit comme " un espace doté du point de vue d'un magazine, qui évolue comme une galerie et qui propose des articles à vendre comme un magasin ". Et l'état d'esprit d'ouverture cher à Colette s'y retrouve interprété sous la forme de partage de connaissance et de création de communautés autour de pitch nights pour entrepreneurs en herbe. Les marques partenaires y initient des collaborations légères et assumées. On peut aussi citer Club Monaco, qui a fait venir des marques locales comme partenaires dans son flagship de la 5ème Avenue à New York, dont une collection d'ouvrages sélectionnés avec soin par la fameuse librairie Strand.