Up Fintech Holding Limited, société de courtage en ligne
dédiée aux investisseurs chinois, connue sous le nom de Tiger Brokers en
Asie, a levé 104 millions de dollars lors d’une introduction en Bourse
sur le Nasdaq mercredi. C’est plus que les 91 millions de dollars que la
société soutenue notamment par Xiaomi avait prévu de lever lors de son
IPO, d’après un document de la Securities and Exchange Commission, le
gendarme des marchés financiers américains. C’est aussi toutefois moins
que les 150 millions de dollars visés en février. Tiger Brokers a
proposé lors de son IPO 13 millions d’actions (American depositary
shares) à 8 dollars chacune.
La plateforme en ligne et mobile Tiger Brokers, détenue par Up
Fintech, permet aux investisseurs chinois, en Chine mais aussi à
l’étranger, d’effectuer des opérations en Bourse sur les marchés aux
Etats-Unis, à Hong Kong, et en Chine continentale. L’entreprise a adopté
une stratégie mobile-first et permet via son infrastructure
propriétaire d’effectuer des opérations dans plusieurs devises.
Le marché chinois des services financiers en ligne, majeur dans le
monde, semble ainsi profiter d’une bonne dynamique. Futu Holdings
Limited, concurrent chinois de Tiger Brokers soutenu par Tencent, avait
réuni 90 millions de dollars dans sa propre arrivée sur le Nasdaq plus
tôt ce mois-ci. L’entreprise, basée à Hong Kong et propriétaire de la
plateforme en ligne Futubull (Hong Kong, Etats-Unis et Chine) marquait
par là l’une des plus importantes IPO chinoises de l’année. En 2015,
Alibaba avait aussi investi dans Reorient Group, société de services
financiers basée à Hong Kong, via sa société spécialiste des
technologies financières YF Financial.
Selon la firme de conseil en stratégie Oliver Wyman, le marché
boursier chinois de négociation en ligne a progressé de 1,8 mille
milliards de dollars en 2012 à 12,7 mille milliards de dollars en 2017,
soit un taux de croissance composé de 47,8 %. Concernant les biens
étrangers, le volume des opérations de négociation en ligne chinois
pourrait tripler dans les prochaines années, passant de 445,4 milliards
de dollars en 2018 à près de 1,36 mille milliards de dollars en 2022,
selon les mêmes données.
Up Fintech est détenu à 14,1 % par Xiaomi, qui avait mené un tour de table de plus de 15 millions de dollars
dans l’entreprise en 2015. Le spécialiste américain du courtage en
ligne Interactive Brokers Group détient 7,7 % de la société chinoise.
Cette dernière avait jusqu’ici levé 138,6 millions de dollars depuis sa
création en 2014, selon des données de Crunchbase. Dirigé et
fondé en 2014 par Wu Tianhua, Tiger Brokers avait réuni 80 millions de
dollars en 2018, 14 millions de dollars en 2017, et 29 millions de
dollars en 2016.
Tiger Brokers : les données clés
Fondateur : Wu Tianhua Création : 2014 Siège social : Pékin Activité : société de courtage en ligne dédiée aux investisseurs chinois Financement : 91 millions de dollars en mars 2019
Doctolib entre dans le club fermé des licornes françaises
La start-up parisienne Doctolib,
spécialisée dans la prise de rendez-vous en ligne chez les
professionnels de santé, vient de finaliser un tour de table record de
150 millions d’euros auprès du fonds d’investissement américain General
Atlantic. Bpifrance,
Eurazeo, Kernel, Accel, déjà au capital de la start-up, ont suivi ce
nouveau financement. Précédemment, Doctolib a levé 85 millions d’euros,
ce qui monte à 235 millions d’euros d’investissements reçus depuis sa
création en 2013. Les fondateurs et salariés associés détiennent la
majorité du capital à l’issue du tour.
La téléconsultation, axe clé du développement de Doctolib
Doctolib veut
s’imposer comme acteur majeur de la téléconsultation en France et en
Allemagne avec son service testé auprès de 500 médecins. Doctolib veut
se limiter à fournir aux médecins une solution de téléconsultation
sécurisée qui permette de transmettre une prescription et d’effectuer la
facturation.
Focus sur la France et l’Allemagne
Doctolib compte renforcer ses parts de marché sur la France et
l’Allemagne, ses deux pays clés, où elle revendique 75 000 médecins,
1400 établissements partenaires et 30 millions de visites par mois sur
ses plateformes dans les deux pays. 15% des médecins français utilisent
aujourd’hui Doctolib.
Doctolib ne veut pas concurrencer les médecins
Doctolib veut rester
un outil au service des médecins et les accompagner dans l’usage de
nouveaux outils pour améliorer et enrichir la gestion de leurs patients.
L’abonnement à doctolib coute 109 euros TTC chaque mois au praticien.
Cette levée de fonds va permettre à Doctolib de renforcer ses équipes
d’ingénieurs à Paris et Berlin pour accélérer les développements
technique de la plateforme. La société compte 750 salariés.
La victoire de Lyft dans sa course à l’entrée en Bourse face
à son rival Uber se confirme. La plateforme de VTC américaine a lancé
aujourd’hui son roadshow auprès d’investisseurs américains,
avant une entrée en Bourse sur le Nasdaq à la fin du mois qui la
valoriserait à plus de 20 milliards de dollars. L’entreprise
californienne lève également près de 2 milliards de dollars dans
l’opération. Lyft va vendre 30,77 millions d’actions aux investisseurs
pour un prix qui devrait se situer entre 62 et 68 dollars par titre. Ces
titres devraient être cotés sur la plateforme électronique Nasdaq sous
le symbole « LYFT ».
Uber et Lyft avaient lancé leurs procédures respectives d’entrée en
bourse fin 2018. Le premier, qui a longtemps fait de l’ombre au second
sur le marché des VTC, escomptait bien être le premier des deux à faire son entrée sur les marchés.
Si Uber devrait désormais effectuer son IPO après Lyft en avril, sa
valorisation s’annonce colossale : autour de 100 milliards pour
certaines estimations, autour de 120 milliards de dollars pour d’autres.
Rappelons que ni Uber ni Lyft ne sont rentables.
Dans sa tournée de représentation auprès d’investisseurs, Lyft
devrait accentuer le fait qu’elle cherche davantage à développer son
activité VTC qu’Uber, qui s’est diversifié à travers le monde dans les
trottinettes et vélos en free-floating, la livraison de repas et le
transport de marchandises. L’entrée imminente de Lyft sur les marchés
pourrait toutefois lui permettre d’investir davantage dans la conduite
autonome, mais aussi de proposer davantage d’offres promotionnelles pour
attirer davantage de clients. En octobre dernier, l’entreprise avait notamment lancé un « All Access Plan », un abonnement mensuel à 299 dollars par mois pour 30 trajets (d’une valeur maximum de 15 dollars chacune).
Depuis son lancement en 2012 par John Zimmer, Rajat Suri et Logan
Green, Lyft a levé un total de 4,9 milliards de dollars (sans compter
les 2 milliards de dollars prévus lors de son arrivée sur le Nasdaq), dont 600 millions d’euros en juin 2018.
Ce tour de table avait été mené par Fidelity Management, qui devenait
alors l’un des principaux actionnaires de l’entreprise après y avoir
investi plus de 800 millions de dollars au total. Lyft avait en outre
convaincu Alphabet, la maison-mère de Google, de lui injecter 1 milliard de dollars
pour pouvoir rivaliser avec Uber dans les grandes villes américaines et
à fournir des avantages et des promotions à ses chauffeurs pour les
détourner de l’entreprise fondée par Travis Kalanick.
L’année 2019 devrait voir d’autres entrées en Bourse d’acteurs majeurs de l’écosystème Tech, dont Slack ou Pinterest.
En janvier dernier, l’entreprise chinoise de vélos en libre-service Ofo a annoncé la dissolution de sa division internationale. Ses filiales internationales se préparaient elles aussi à faire faillite ou à être acquises.
En cause : d’immenses problèmes de trésorerie et des millions de
demandes de remboursement de cautions en Chine (l’équivalent d’environ
2,9 milliards de dollars), puis dans le monde. Fondé en 2014, Ofo a levé
au total près de 2,2 milliards de dollars, notamment auprès d’Alibaba
Group. La start-up s’était lancée à la conquête du monde fin 2016,
atteignant 50 villes en 2017, dont Paris, avant de commencer à se
retirer de différents marchés mi-2018. Erigé pendant un temps en modèle
de la start-up chinoise à succès, Ofo brûlait près de 25 millions de
dollars par mois, selon le Financial Times, et a fini par échouer.
Aujourd’hui, son grand rival d’un temps Mobike, soutenu lui par Tencent et racheté par Meituan-Dianping l’année dernière pour 2,7 milliards de dollars,
commence à suivre un chemin similaire. L’entreprise fondée en 2015 à
Pékin a annoncé lundi qu’elle s’apprêtait à se retirer de certains pays
asiatiques et à réévaluer ses unités dans d’autres marchés
internationaux en pleine contraction du marché, et en parallèle de la
faillite d’Ofo. Selon le Financial Times, Mobike brûlait
l’année dernière 50 millions de dollars par mois. A terme, Mobike
pourrait n’être opérationnel que dans son marché natif chinois.
Le service développé par Mobike revendique aujourd’hui une présence
dans plus de 200 villes à travers le monde, et un parc de 10 millions de
vélos en circulation l’année dernière, ainsi que 200 millions
d’usagers. L’entreprise a levé 928 millions de dollars depuis son
lancement, selon Crunchbase. Mobike, présent notamment dans 23
villes en Europe, dont Paris, indiquait viser le demi-milliard
d’utilisateurs à l’été 2018. Un objectif qui semble difficile à
atteindre avec la fermeture de certains marchés internationaux. Dans le
cadre de ce plan de restructuration, dix employés seront par ailleurs
mis à pied.
Selon TechCrunch vendredi, Mobike aurait déjà licencié ses
équipes opérationnelles en Asie-Pacifique, dont 15 employés et des
contractuels à Singapour, en Thaïlande, en Malaisie, en Inde en en
Australie. D’autres réductions de personnel pourraient être effectuées
en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine.
Parmi les entreprises encore opérationnelles dans le vélo en
« free-floating » dans le monde, malgré de nombreuses difficultés selon
les pays, se trouvent toujours oBike, Lime ou encore Hellobike.
La start-up suédoise Voi,
qui développe un service de trottinettes électriques en free-floating, a
bouclé un tour de table de 30 millions de dollars. A l’occasion de
cette opération, la société accueille Project A et Creandum à son
capital. Dans le même temps, les investisseurs historiques, à savoir
Vostok Ventures New Ventures, LocalGlobe, Raine Ventures et Balderton Capital, fonds londonien dirigé par le Français Bernard Liautaud, ont remis au pot.
Des business Angels, à l’image de Justin Mateen, co-fondateur de
Tinder, de Jeff Wilke, directeur monde de la division consommateurs
d’Amazon, et de Nicolas Brusson, co-fondateur et CEO de BlaBlaCar,
ont également participé à l’opération. L’entreprise basée à Stockholm
avait déjà levé 50 millions de dollars en novembre dernier.
Le marché
Lancée l’an passé par Douglas Stark, Filip Lindvall, Adam Jafer et Fredrik Hjelm, Voi
a commencé à déployer ses trottinettes électriques en libre-service à
Stockholm en août 2018. Désormais, la société suédoise opère dans 7
villes scandinaves (Stocholm, Göteborg, Malmö, Lund, Uppsala, Copenhague
et Oslo) et 8 villes dans le reste de l’Europe (Paris, Lyon, Madrid,
Malaga, Saragosse, Murcia, Lisbonne et Faro). La jeune pousse nordique
est arrivée en France en décembre dernier pour proposer son service dans
les rues de la capitale avant de se lancer à Lyon. A ce jour, la
société revendique plus de 400 000 utilisateurs, dont 150 000 à
Stockholm, qui ont effectué 750 000 trajets.
Avec l’essor des services de trottinettes électriques en
free-floating, de nouveaux problèmes se posent pour les villes
européennes en matière de gestion de l’espace urbain. Comme les
trottinettes électriques, au même titre que les vélos, sont accusées
d’entraver la circulation des piétons, Voi mise sur la coopération avec
les autorités municipales pour éviter de s’attirer les foudres de ces
dernières. «Cette approche typiquement scandinave de la croissance –
basée sur le dialogue, la transparence et la durabilité – garantit que
nous ne pénétrons que sur les marchés où notre présence est souhaitée et
où nous avons un véritable rôle à jouer, tout en plaçant toujours les
citoyens au cœur de toutes nos activités», explique Fredrik Hjelm, co-fondateur et CEO de Voi.
Malgré ses bonnes intentions pour faire les yeux doux aux
municipalités, la start-up suédoise aura fort à faire pour s’imposer sur
un marché où la concurrence est de plus en plus forte. Le marché est
pour l’heure dominé par les mastodontes américains Lime et Bird qui sont
présents dans plus de 130 villes à travers le monde. Lime a bouclé un tour de table de 310 millions de dollars
début février pour accélérer son développement à l’international,
tandis que Bird a levé 400 millions de dollars l’an passé. Plusieurs
acteurs européens se sont également lancés sur ce marché, comme les
Allemands Tier et Wind, ou encore le Belge Troty.
Les trottinettes électriques aiguisent également l’appétit d’autres acteurs de la mobilité, à l’image du géant des VTC, Uber, qui s’est allié à Lime
pour proposer ce mode de transport sur son application. Les
constructeurs automobiles s’intéressent aussi à ces engins, comme le
démontre Ford, qui a racheté l’an passé la société Spin pour déployer son propre service de trottinettes électriques dans une centaine de villes d’ici 2020.
Les objectifs
Ce nouveau tour de table doit permettre à Voi d’accélérer son
déploiement en Europe. L’Italie, l’Allemagne, la Norvège et la France
figurent parmi les priorités de la start-up suédoise pour se développer
dans les prochains mois. En Scandinavie, la société vient de lancer son
service à Oslo, en Norvège, et prévoit de faire rouler ses trottinettes à
Helsinki, en Finlande, d’ici la fin du mois. L’entreprise assure
qu’elle atteindra la rentabilité dans la plupart de ses marchés
scandinaves au premier trimestre. Outre son déploiement dans plusieurs
villes européennes, Voi entend également s’appuyer sur ce financement
pour investir dans la R&D.
Voi : les données clés
Fondateurs : Douglas Stark, Filip Lindvall, Adam Jafer et Fredrik Hjelm Création : 2018 Siège social : Stockholm Activité : service de partage de trottinettes électriques en free-floating Financement : 30 millions de dollars en mars 2019
L’application Ubercab n’était pas passée inaperçue dans le
monde des chauffeurs de taxi. Christiane Hayashi, directrice des
transports de San Francisco rencontra Ryan Graves et Travis Kalanick
pour leur faire cesser leurs activités. Cette réunion fut lourde de
conséquences : Travis était en colère et décida de devenir CEO de UBER.
Avec Startup Autopsy, Benjamin Chaminade dévoile en plusieurs
épisodes les coulisses, histoires et analyses des débuts (et parfois des
chutes) de start-up connues au-delà du storytelling. Dans cette
première saison, il vous propose de suivre pas à pas la création d’Uber,
de San Francisco à Paris, et le parcours de Garrett Camp et de Travis
Kalanick, les fondateurs de ce qui deviendra la plus grande plateforme
de VTC au monde. Retrouvez les cinq premiers épisodes :
Benjamin Chaminade
est un entrepreneur et expert international franco-australien en
culture de l’innovation, management, tendances et ressources
humaines. Après une expérience interculturelle à Disneyland Paris et
plusieurs créations d’entreprises dans le domaine du conseil RH, de la
qualité de vie au travail et de la fidélisation des salariés au début
des années 2000, il a quitté Paris pour s’établir à Sydney et participer
au lancement du premier site emploi dédié à la relation client dans le
pays. De retour à Paris en 2009, il prend la co-direction de l’écurie de
compétition Technoraid, spécialisée dans la préparation et la
maintenance en rallye-raid.
A partir de 2010, en parallèle de ses activités de créateur, dirigeant, investisseur, membre du directoire et auteur (dernièrement «Wanagement» aux éditions Dunod), il publie plusieurs blogs sur l’intergénérationnel, la culture de l’innovation, les pratiques innovantes, le HR Hacking et l’innovation managériale (en
collaboration avec Francis Boyer) qui lui permettent de poursuivre sa
conversation avec des dirigeants, managers et innovateurs travaillant
dans des entreprises de toutes tailles, en France et à l’étranger.
La joint venture chinoise d’Amazon serait en discussion pour fusionner avec l’entreprise d’e-commerce locale Kaola, filiale du géant chinois de l’internet et du jeu vidéo en ligne NetEase, selon Caijing.
D’après le magazine, les deux parties sont tombées d’accord fin 2018
pour rapprocher leur activité d’import dans le cadre d’un échange
d’actions. Mais les négociations, initiées par NetEase, auraient
rencontré des difficultés, retardant l’opération.
Lancé en 2015, Kaola représente aujourd’hui l’une des activités
principales de NetEase. L’entreprise est spéciliasée dans l’importation
et la vente sur sa plateforme d’articles d’habillement, d’appareils
ménagers, de soins de maternité, de soins personnels, et de santé. En
août 2018, elle était classée première plateforme transfontalière de produits importées,
devant Tmall Global et JD Worldwide pour la sixième fois consécutive,
d’après des données d’iiMedia Research Group. Kaola détenait ainsi 26,2 %
de parts de marché au premier semestre 2018. Selon le rapport, le
succès fulgurant de la filiale de NetEase a été possible grâce à une
vaste base d’utilisateur et une bonne réputation, gagnée grâce à des
produits de qualité, de confiance et rentables. Kaola, qui évolue en
parallèle à l’autre filiale e-commerce du groupe Yanxuan, collabore avec
plus de 5 000 marques de 80 pays. En 2017, les revenus e-commerce de
NetEase atteignaient 1,8 milliard de dollars, soit une progression de
157 % par rapport à 2016. La publication des résultats 2018 du groupe,
prévue pour le 20 janvier, permettra d’évaluer de nouveau cette
progression.
La fusion avec l’activité d’import d’Amazon
pourrait permettre à Kaola, qui est centré sur le e-commerce haut de
gamme, d’étendre sa gamme de produits. Elle pourrait aussi profiter de
la notoriété d’un grand groupe comme Amazon pour rivaliser davantage
avec des concurrents de taille tels qu’Alibaba, dont les ventes ont commencé à ralentir l’année dernière.
Du côté de la firme de Jeff Bezos, on peut espérer une augmentation
des ventes et de la notoriété d’Amazon dans le pays. Le géant du
e-commerce américain a éprouvé des difficultés dans le marché chinois
(part de marché d’environ 1 %, selon eMarketer) et pourrait chercher via
cette fusion un nouveau moyen de réduire l’écart qui l’y sépare
d’Alibaba ou de JD.com. La récente annonce de l’ouverture de 15
boutiques Kaola par NetEase à travers la Chine n’a pas dû déplaire au
groupe.
Redéfinir le concept de vision dans un monde incertain : la vision comme modèle mental
Par Philippe Silberzahn, professeur
d’entrepreneuriat, stratégie et innovation à EMLYON Business School et
chercheur associé à l’École Polytechnique (CRG)
L’une des choses les plus difficiles à faire admettre
lorsque je présente l’effectuation (la logique d’action des
entrepreneurs) est qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une vision pour
piloter son organisation. On m’oppose souvent l’argument qu’il faut bien
avoir une « Étoile polaire » pour guider l’action des collaborateurs et
qu’une telle direction est particulièrement nécessaire dans un monde
incertain. Je pense que c’est précisément le contraire. Mais surtout,
dans un tel monde, c’est la notion même de vision qu’il faut redéfinir
tant la façon dont elle est définie traduit une conception du monde qui
n’existe plus.
La vision est l’un des concepts les plus importants de la pensée
stratégique classique. Celle-ci stipule que l’organisation doit avoir
une vision, une mission et une stratégie, cette dernière étant définie
comme le moyen d’atteindre un objectif donné, comme la pénétration d’un
marché particulier. La vision, elle, est la représentation ambitieuse
d’un état futur préférable à l’état actuel, en général sur un horizon de
cinq à dix ans. La vision existe pour guider et inspirer les
collaborateurs. La formuler est la tâche majeure du dirigeant. L’idée
derrière l’importance de la vision est que dans la mesure où nous
pouvons prédire l’avenir, nous pouvons le contrôler, c’est à dire
contrôler notre position dans un marché futur: c’est l’objet de la
stratégie.
Dans le monde stable et certain, la vision
peut être utile et son développement peut avoir un sens. Mais dans un
monde qui change en permanence et de manière de plus en plus inattendue,
un monde incertain et plein de surprises, déterminer une vision et s’y
tenir devient de plus en plus difficile et surtout dangereux. Quand on
mesure à quel point notre monde change rapidement et profondément, on
peut douter sérieusement du caractère raisonnable de développer une
vision sur un horizon de cinq à dix ans. Imaginer un état futur dans un
tel monde est tout bonnement impossible et la réalité risque de réduire à
néant en quelque temps la vision patiemment élaborée.
En étudiant l’action entrepreneuriale mise au jour au travers de la
théorie de l’effectuation, on apprend que les entrepreneurs donnent une
réponse originale à ce problème: ils ne sont pas bloqués face à
l’impossibilité de prédire résultant de l’incertitude, et donc à
l’impossibilité de définir une vision, car ils estiment que la
prédiction n’est pas nécessaire. Ils inversent en effet la proposition
de la stratégie en estimant que dans la mesure où on peut contrôler l’avenir, on n’a pas besoin de le prédire.
Contrôler l’avenir, qu’est-ce que ça veut dire? Ça veut dire agir pour
transformer l’environnement en fonction de nos souhaits.
La vision c’est le modèle mental
Mais s’il n’est plus possible de définir une Étoile polaire qui guide
notre action, au sens d’un état futur souhaitable, par quoi celle-ci
est-elle guidée? Car bien-sûr les entrepreneurs ne progressent pas au
hasard. Pour le savoir, il faut prendre conscience de la contribution
fondamentale des entrepreneurs qui est de changer notre façon de voir le
monde: ils nous font trouver normal quelque chose qu’on trouvait
inacceptable avant qu’ils n’agissent. Ainsi, AirBnB nous fait trouver
normal qu’un inconnu dorme dans notre salon! En un mot, les
entrepreneurs changent nos modèles mentaux, c’est à dire l’ensemble de
nos croyances et suppositions sur le monde.
Les psychologues et les philosophes ont montré depuis longtemps que
nous ne pouvons agir que sur la base de modèles mentaux. C’est vrai
aussi bien au niveau individuel qu’au niveau collectif (équipe,
département, organisation).
Les modèles mentaux prennent une importance particulière dans un
monde qui change rapidement et profondément, qui connaît ce que le
sociologue Harmut Rosa appelle une accélération. L’accélération
a pour effet de rendre nos modèles mentaux obsolètes rapidement. Si,
dans un monde lent et certain, on pouvait laisser le temps faire évoluer
tout seul nos modèles, ce n’est plus possible. La plus étayée des
croyances, celle qui nous a servi durant des décennies, peut devenir
fausse par un de ces sauts soudains et brutaux de notre environnement
qui deviennent si courants aujourd’hui.
Dans un monde effectual, la vision n’est donc pas l’image figée d’un
futur lointain, futur qui n’arrivera jamais et que nous nous épuiserons à
atteindre bien avant qu’il ne devienne une chimère. Dans ce monde, la vision, c’est la façon dont notre organisation voit le monde et le comprend aujourd’hui.
C’est la façon dont l’organisation construit une représentation non pas
exacte, mais efficace de la réalité. Conformément au principe n°1 de
l’effectuation (démarrer avec ce que vous avez), l’organisation trouve
en elle-même la source et la raison de sa vision pour se projeter vers
l’extérieur et le transformer selon ses souhaits.
Au travers de ce principe, la vision cesse d’être ce qu’elle est si
souvent dans nombre d’organisations: une peinture desséchée et hors-sol à
laquelle il faut faire « adhérer » les collaborateurs en raison même de
ce caractère hors sol. Elle est au contraire incarnée par
l’organisation et par ses membres par sa nature même. Elle est
actionnable et elle évolue avec le temps de façon organique, ce qui lui
évite d’être figée. Définie comme modèle mental, la vision est pour
l’organisation ce qui l’anime, ce qui lui permet de fonctionner comme
une organisation, ce qui rejaillit vers l’externe, ce qui la rend tout à
fait unique, ce qui lui permet de faire sens. Pour en savoir plus sur l’effectuation, lire mon article introductif: Effectuation: Comment les entrepreneurs pensent et agissent… vraiment. Voir mon article précédent sur la vision: Transformation: la vision, c’est l’opium des organisations.
Philippe Silberzahn est professeur d’entrepreneuriat, stratégie et innovation à EMLYON Business School et chercheur associé à l’École Polytechnique (CRG), où
il a reçu son doctorat. Ses travaux portent sur la façon dont les
organisations gèrent les situations d’incertitude radicale et de
complexité, sous l’angle entrepreneurial avec l’étude de la création de
nouveaux marchés et de nouveaux produits, et sous l’angle managérial
avec l’étude de la gestion des ruptures, des surprises stratégiques
(cygnes noirs) et des problèmes complexes (« wicked problems ») par les
grandes organisations. Pour suivre ses écrits, rendez-vous sur son blog.
A l’heure où Facebook et Twitter sont dans l’oeil du cyclone, Reddit
entend bien se renforcer en 2019. Le site, surnommé «la homepage de
l’Internet», serait en effet en train de boucler une méga-levée dont le
montant est compris entre 150 et 300 millions de dollars, selon des
sources proches du dossier citées par TechCrunch.
Ce tour de table serait mené par Tencent, qui devrait injecter 150
millions de dollars. L’opération pourrait être complétée par 150
millions de dollars supplémentaires provenant d’investisseurs
historiques, à l’image de Sequoia, Andreessen Horowitz ou encore Y Combinator.
Actuellement valorisée 2,7 milliards de dollars, la plateforme pourrait
voir sa valorisation atteindre les 3 milliards de dollars à l’issue de
l’opération.
Un réseau social atypique
Créé en 2005 par Alexis Ohanian, mari de la joueuse de tennis Serena
Williams, et Steve Huffman, Reddit est un site à mi-chemin entre un
réseau social et un forum tentaculaire qui s’est taillé une réputation
sulfureuse. Et pour cause, entre des informations ahurissantes et des
détournements d’actualités sur un ton décalé, Reddit est considéré comme
le royaume des «memes». Un après son lancement, Reddit avait été
racheté par Condé Nast, qui détient toujours une participation
majoritaire dans la société.
Pour se différencier des autres réseaux sociaux, le site se distingue
par un fonctionnement et un vocabulaire qui lui sont propres. La
plateforme propose ainsi des «Subreddits», des forums de discussion
auxquels les «Redditors», les utilisateurs de Reddit, s’abonnent. Sur le
site, des «Mods», des modérateurs bénévoles, sont chargés d’éviter la
diffusion de contenus haineux ou discriminatoires. Chaque utilisateur
peut gagner des points de «Karma» qui sont octroyés en fonction des
votes et des commentaires en faveur d’un lien qu’il a posté. Outre son
fonctionnement atypique, la plateforme s’est distinguée par «AMA (Ask Me
Anything)», un «chat» régulier lors duquel des personnalités comme
Roger Federer ou Madonna répondent aux questions des internautes. Celui
de Barack Obama en août 2012 avait d’ailleurs fait crasher le site.
Si Reddit n’a jamais été aussi populaire que Facebook, leader absolu
sur le marché des réseaux sociaux, le forum de discussion américain
s’est distingué par la souplesse et la liberté qu’il offre à ses
utilisateurs. A tel point que cela a mené à des dérives qui ont porté
atteinte à la crédibilité de la plateforme, notamment lors du piratage
de photos de stars nues en 2014 qui a donné lieu à la diffusion massive
des images volées sur Reddit, ou quand une campagne de harcèlement a été
lancée contre la famille d’un étudiant accusé à tort d’être l’auteur
des attentats de Boston.
330 millions d’utilisateurs actifs chaque mois
Le site a progressivement retrouvé sa sérénité en 2015 lorsque les
deux fondateurs, Alexis Ohanian et Steve Huffman, sont revenus aux
manettes de Reddit pour assainir un site qui était devenu le repaire des
utilisateurs tenant des propos racistes, sexistes, homophobes ou
antisémites. Après avoir fait le ménage sur la plateforme et mis en
place des règles de modération, l’équipe dirigeante a commencé à
courtiser les marques pour compléter ses revenus tirés des abonnements
premium. Attirer les marques sur la plateforme s’est avéré être une
stratégie payante puisque l’essentiel du chiffre d’affaires de Reddit
provient désormais de la publicité. Selon CNBC, qui s’appuie sur
des sources proches du dossier, la société américaine a ainsi franchi
les 100 millions de dollars de revenus en 2018. A ce jour, Reddit
revendique 330 millions d’utilisateurs actifs mensuels et environ 1,4
milliard de vidéos vues par mois.
Ce tour de table doit permettre à Reddit d’enrichir son offre
publicitaire et de poursuivre son développement pour doper son nombre
d’utilisateurs ainsi que ses revenus. Dans le même temps, cela permet à
Tencent de diversifier ses activités, bien que Reddit ne soit pas
accessible en Chine. Le géant chinois, qui détient notamment Riot Games,
l’éditeur de League of Legends, et possède des parts dans Eric Games,
le studio derrière Fortnite, n’a en effet d’autre choix que de trouver
des relais de croissance après le durcissement de la régulation en Chine
sur les jeux en ligne. Tencent, qui édite l’application multi-services
WeChat, utilisée par plus plus d’un milliard d’utilisateurs, a ainsi
annoncé sa première restructuration en six ans l’an passé.
Reddit : les données clés
Fondateurs : Alexis Ohanian et Steve Huffman Création : 2005 Siège social : San Francisco Activité : réseau social