Pourtant, à y regarder de plus près, le premier jour de la semaine n’a rien d’un vilain petit canard, bien au contraire : « Si
le dimanche est le jour de Dieu et mardi celui de Mars, le lundi est le
jour de la Lune, synonyme de paix, de culture et de célébration de la
Terre. La Lune a également un côté féminin et on devrait en profiter
pour célébrer les femmes tous les lundis, et pas seulement le 8 mars ! », témoigne Georges Lewi, mythologue.
Traumatisme dominical ?
Impossible de parler du lundi sans
évoquer le jour du Seigneur, et avec lui le souvenir de certaines
soirées douloureuses : devoirs terminés à " l’arrache " ponctués d’un
ras-le-bol des parents : « C’est la dernière fois que tu me fais le coup ! »;
le difficile retour dans sa chambre d’étudiant(e); ce PPT à terminer
coûte que coûte; les mails professionnels siglés d’un "URGENT" dans
l’objet; la perspective de circuler collé/serré dans les transports…
Comment entamer sereinement un nouveau cycle quand le dimanche soir est
déjà une source d’angoisse ? Ne parle-t-on pas du « blues du dimanche
» ? Car en effet, quand on devient actif, rien n’est fait pour
améliorer la tendance. En cause ? Le rythme effréné de nos vies et plus
précisément celui de notre activité professionnelle : « Le problème
vient du fait que beaucoup d’entre nous ont une charge de travail qui
dépasse largement les 40 heures par semaine. Pour pouvoir survivre dans
la jungle des réunions qui s’enchaînent, le lundi commence souvent le
dimanche après-midi. On ne prend donc pas le temps de faire une vraie
pause, de se reconnecter à sa vie familiale ou sociale… et au fil des
weekends, le lundi est perçu comme une charge psycho-sociale en tant que
telle », souligne Laurence Vanhée.
Le lundi est aussi le jour où l'on aime "
s'inventer " une vie et sortir du cadre, comme le démontre une étude menée par l'institut
One Poll pour
Lastminute en mai 2015. Elle relevait, un phénomène un peu curieux :
les mythos du week-end.
Plus d’un Français sur dix ment ou enjolive la réalité à propos de son
activité le samedi et le dimanche (5ème position, loin derrière les
Allemands, champions en la matière, 29%). Si les réseaux sociaux nous
ont donné cette faculté à travestir notre quotidien très facilement, les
raisons du mensonge interpellent et donnent un peu plus de poids à une
forme de pression sociale du lundi : «
Je veux avoir des choses à raconter au travail le lundi matin » (16%) et «
Mes week-ends sont nuls comparés à ceux de mes amis /collègues donc je dois inventer »
(25%) sont les principales raisons de ces bobards. Pour mieux accepter
le lundi, il serait peut-être temps d’assumer le mode glandage et le
farniente ?
Après la pluie, le lundi ?
De son côté aussi, Cadremploi, dans une enquête intitulée « Mon travail et moi
», constatait, il y a un an un certain malaise des Français vis-à-vis
du travail : 56,5% des cadres avouaient ne pas exercer la profession
désirée dans leur jeunesse et 4 sur 10 n’occupent pas le poste auquel
ils s’étaient destinés. Pire, 45% se sentent mal dans leur entreprise.
Optimiser son lundi et le considérer sous un nouveau jour peut-il
constituer l’une des première étapes pour accéder au Graal
professionnel, le "bonheur au travail" ? « A mon sens, le
bonheur au travail n’a pas un début et une fin. Il ne connaît pas la
semaine et le week-end. Etre heureux au travail, c’est trouver du sens
dans ses activités professionnelles, apprendre, partager, être en
connexion avec des personnes qui perçoivent la valeur ajoutée que nous
apportons et qui la reconnaissent. Etre heureux au travail, c’est être
fier/e de ce que l’on fait, avoir des envies et des projets et l’énergie
pour les réaliser », tempère Laurence Vanhée.
Pour enfoncer le clou, sachez qu’il ne
sera jamais trop tard pour réussir sa vie professionnelle et ainsi
changer son lundi, comme le révèle l’infographie «
Too Late to Learn » réalisée par
Anna Vital.
Grandma Moses a commencé la peinture à 78 ans pour connaître le succès deux ans plus tard.
Joseph Conrad
qui ne pipait pas un mot d’anglais jusqu’à ses 20 ans, ce qui ne la pas
empêché à 39 ans, de devenir un écrivain célèbre dans la langue de
Shakespeare… «
Il y a un entrepreneur qui sommeille en chacun de
nous et qui ne demande qu’à s’exprimer. Avec l’ubérisation de notre
société, l’effacement d’une forme de hiérarchisation grâce au web et le
rejet du management à l’ancienne, il est peut-être temps de faire du
lundi un jour un peu spécial. Plutôt que de se plaindre auprès de vos
collègues ou vos proches, on devrait faire du lundi le jour de tous les
rêves, demander l’impossible. Pourquoi ne pas prendre 30 minutes chaque
lundi matin pour demander… la lune », s’amuse
Georges Lewi.
Alors, le lundi au soleil, c’est une chose que l’on aura jamais, comme le chantait Claude François ? On a tendance à penser le contraire. Laurence Vanhée en fait la démonstration en livrant ses cinq commandements : « Premièrement,
profiter à fond du week-end et ne pas avoir de regret à voir déjà le
dimanche soir pointer le bout de son nez. Deuxièmement, identifier
l’élément du lundi matin qui va vous apporter de l’énergie : retrouver
vos collègues, une réunion qui s’annonce productive, une nouvelle idée à
partager, un programme à réaliser en équipe, un client à aider…
Troisièmement, partir en ayant, dès le matin, déjà trouvé une première
source de gratitude : un bon café, le sourire des enfants, une route
plus fluide que prévu… Quatrièmement, intégrer le fait que le lundi
reviendra tous les 7 matins et que par conséquent, il est vain de le
vilipender de la sorte. Enfin, si le lundi devient insupportable,
réfléchir avec sincérité et courage aux options qui s’ouvrent à soi pour
changer de lundi ». Belle journée à tous !