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Source :
mediapart – Rapport complet :
scribd.com /
Image à la une illustrative : Vincent Callebaut
L’article publié le 8 Avril par Mediapart a fait l’effet d’une petite bombe : le média indépendant a dévoilé en exclusivité le rapport de l’Ademe démontrant
avec précisions que la France peut passer au 100% renouvelable d’ici
2050, sans que le coût ne soit beaucoup plus cher qu’un maintien du
nucléaire. Alors qu’il devait être présenté officiellement les 14 et 15
avril prochains lors d’un colloque sur les énergies renouvelables, il
fut retiré du programme quelques jours avant le colloque, qui
s’intitulera finalement « 40 % d’électricité renouvelable en 2030 : la
France est-elle prête ? ». Ce rapport dérangeait-il ? Nous vous le
proposons en intégralité pour ouvrir le débat, nécessaire et
quasi-inexistant en France.
Un rapport explosif mystérieusement repoussé
«
Vers un mix électrique 100% renouvelable en 2050 » tel est le nom du rapport minutieux et officiel commandé par l’Ademe
(Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) qui devait
être présenté au grand public les 14 et 15 avril prochains. Quelques
jours avant sa publication, très attendue, le rapport fut retiré du
planning et le colloque, renommé sobrement « 40 % d’électricité renouvelable en 2030 : la France est-elle prête ? » . Pourquoi un tel revirement alors que le rapport était terminé et attendu depuis plusieurs mois ?
Jointe par Mediapart, l’Ademe explique que
« Cette étude
exploratoire avait été annoncée, mais des travaux complémentaires sur
certains points doivent être menés, afin de consolider l’étude » . Une réponse que l’on peut juger surprenante vu que la première page indique la mention
version finale. Hydraulique, éolien, photovoltaïque, solaire thermique, géothermie, méthanisation, énergies houlomotrice et marémotrice…
ce
rapport complet et précis de 119 pages, fruit de 14 mois de travail,
fait le tour de toutes les possibilités permettant d’atteindre
l’objectif ambitieux de 100% d’électricité renouvelable en 2050, avec force de chiffres, schémas et explications.
Mieux encore : le rapport démontre que, contrairement à la croyance
largement répandue par les autorités et certains lobbies, le coût de
cette transition pour les finances publiques ne serait pas beaucoup plus
élevé qu’un maintien du parc nucléaire. Le rapport bat ainsi en brèche
l’argument principal mis en avant par les nucléocrates : la transition
énergétique vers le renouvelable couterait cher, trop cher, alors que
l’atome seul permettrait d’économiser les précieux deniers publics…un
argument qui se fragilise d’années en années au fil des rapports et
expertises, des augmentations du prix de l’électricité, de la
faillite d’Areva et des déboires de l’EPR.
Alors, pourquoi la publication du rapport a-t-elle été repoussée ?
Est-ce sur décision de l’Ademe, d’un ministère ou de l’Élysée ? Mystère.
Notre petit doigt nous dit que l’absence totale d’EPR et de nucléaire
en 2050 dans un rapport officiel a dû en effrayer certains. Les enjeux
seraient, en effet, colossaux si tout un pan de l’industrie française
devait tout simplement disparaitre. En attendant, regardons d’un peu
plus prêt ce que contient ce rapport :
Rapport complet de l’Ademe
le rapport 100% énergies renouvelables
Une transition techniquement possible et économiquement soutenable
La conclusion centrale du rapport
concerne les capacités énergétiques insoupçonnées de l’hexagone. La
France possède un potentiel de production renouvelable considérable,
estimé à 1268 TeraWatt heure (TWh), de quoi satisfaire plusieurs fois la
demande totale.
Pour atteindre ces 100%,
plusieurs mix énergétiques possibles sont détaillés. Dans le cas de
référence, le « mix optimal économiquement » répondant aux critères
centraux de l’étude, la production se décompose entre 63 % d’éolien, 17 % de solaire, 13 % d’hydraulique et 7 % de thermique renouvelable (incluant la géothermie), pour une
capacité totale installée de 196 GW. Une hausse de 56% par rapport à
celle du parc actuel, accompagnée d’une baisse de la consommation de
14 %. Des chiffres qui s’expliquent par le développement constant de la
sobriété (lutte contre le gaspillage) et de l’efficacité énergétique des
maisons et appareils.
Carte des gisements obtenus par région
Les auteurs proposent 3 autres mix énergétiques alternatifs, faisant
varier différents paramètres (stockage, transport inter-région, part de
l’éolien et de la filière houlomotrice, etc.) afin de répondre aux
incertitudes techniques et sociétales d’un tel développement de l’éolien
mais aussi pour prendre en compte les variations climatiques possibles
et les différentes hypothèses de coût des technologies d’ici 2050.
Le stockage est lui aussi expliqué en détails. Trois échelles sont étudiées : court-terme
(batterie), infra-hebdomadaire (recours aux stations de transfert d’énergie par pompage STEP) et long terme (inter-saisonnier, par les filières power to gas (méthanation) et gas to power).
La mixité technologique est aussi mise en avant, dans le soucis ne pas
dépendre d’une seule technologie en cas de phénomènes météorologiques
extrêmes. Les auteurs restent prudents dans leurs conclusions : « L’Ademe
est tout à fait consciente que cette étude n’est qu’une première pierre
à un édifice qu’il sera nécessaire de continuer de construire les
années prochaines. Les résultats engendrent de nouvelles questions, que
de futures études pourront très certainement traiter. »
Autre point crucial, explosif même, le coût. L’argumentation est claire : la transition renouvelable ne couterait pas beaucoup plus cher
que de maintenir le nucléaire à 50 % du mix, argument pourtant rabâché
par les tenant du nucléaire pour qui « il n’y a pas d’alternative »
possible, tout en apportant d’immenses avantages : indépendance
énergétique, moins de pollution, décentralisation et mixité de la
production, fin de la production de déchets radioactifs, etc.
Mediapart indique : « Un mix électrique 100 % renouvelable est atteignable « à
coût maîtrisé » . Pour le cas de référence en 2050, le coût annuel
total est évalué à 50,1 milliards d’euros, répartis ainsi : 65 %
correspondent aux coûts des énergies renouvelables, 8 % pour le
stockage, 23 % pour les réseaux de distribution et de répartition, et
4 % pour le réseau de 400 kV » ce qui portera le prix du MegaWatt heure (MWh) à 119 euros, contre 117 euros pour un mix contenant seulement 40 % seulement de renouvelables en 2050 !
Évolution du coût de l’électricité en fonction de la part de renouvelables, en 2050
Le débat est ouvert
Ce rapport vient compléter d’autres expertises démontrant que la transition énergétique vers le 100% renouvelable est
possible techniquement et économiquement, tels que les scénarios
négaWatt, basés
sur
3 axes : sobriété, efficacité énergétique et développement des énergies
renouvelables. Un avenir beaucoup plus serein pour l’énergie est
faisable à moyen terme.
Rappelons enfin que les fournisseurs 100% renouvelables existent déjà : en France, la coopérative
Enercoop fournit de l’électricité 100% renouvelable, issue d’une production décentralisée à petite échelle. Idem pour
Ecopower en
Belgique. Le futur énergétique est déjà disponible pour qui souhaite
s’engager et soutenir le développement des ENR. Les blocages semblent
être uniquement d’ordre politique et lucratif.
En 2050, la France 100% renouvelable ? Voilà une vision optimiste
et réaliste qui s’approchera peut-être de l’
imaginaire de l’architecte Vincent Callebaut.
Source :
mediapart – Rapport complet :
scribd.com / Image à la une illustrative : Vincent Callebaut
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