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#Présidentielle2017 Comment Emmanuel Macron est devenu l’idole des jeunes (pousses)
Il était le favori des sondages mais aussi des entrepreneurs. Emmanuel Macron n’a pas failli à sa réputation de jeune premier et a largement remporté l’élection présidentielle. Il débutera son mandat avec un capital sympathie au firmament auprès des startups et du monde du numérique, qu’il s’est patiemment constitué au fil de ses (rares) années dans les cercles du pouvoir. Retour sur une success story sans précédent.
Emmanuel
Macron et les entrepreneurs, c’est une histoire d’amour qui a mal
commencé. Dès l’automne 2012, quelques semaines après l’élection de
François Hollande, le nouvel exécutif doit faire face à la fronde des
Pigeons, ces entrepreneurs lassés d’être plumés et se mobilisant contre
l’augmentation des cotisations et de la taxation des cessions
d’entreprises. Emmanuel Macron est à cette époque secrétaire général
adjoint du cabinet de François Hollande. Son profil atypique – jeune (il
n’a alors même pas 35 ans quand il prend son poste), libéral assumé
avec une expérience dans le privé – en fait naturellement
l’interlocuteur des entrepreneurs et du monde de la Tech. Il devient
l’homme qui parle à l’oreille du président et celui qu’il faut connaître
si l’on veut être entendu.
Le conflit avec les Pigeons est finalement tué dans l’oeuf. “Ce fut le début d’une lente réconciliation“, estime Jean-David Chamboredon dans une tribune publiée à l’occasion de l’élection d’Emmanuel Macron.
Et d’une idylle qui n’a fait que grandir à mesure que le parcours
d’Emmanuel Macron gagnait en prestige. Après l’Elysée, il remplace
Arnaud Montebourg à Bercy à l’été 2014. Une bonne nouvelle pour les
startups, qui voyaient d’un mauvais oeil les déclarations
protectionnistes de son prédécesseur, chantre du Made in France version
tradi, mettant en avant Armor Lux, Herbelin ou Moulinex. Le périmètre
d’action du nouveau ministre est redéfini : exit le redressement
productif qui avait pris un peu trop de place dans les médias, le
numérique gagne en visibilité, Emmanuel Macron devenant plus sobrement
le ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique.
Le numérique pour combat
Et les
startups ne vont pas être déçues. Très vite, le projet de loi pour la
croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, rebaptisé
“loi Macron” suscite l’enthousiasme des jeunes pousses.
Au programme : fiscalité allégée sur l’actionnariat salarié et les
actions gratuites, plafonnement des indemnités prudhommales en cas de
licenciement sans cause réelle et sérieuse et libéralisation de certains
secteurs réglementés. Les entrepreneurs acquiescent, approuvent,
adorent. Et soutiennent le projet contre vents et marées jusqu’à son
adoption au forceps, à coups de 49.3, à l’été 2015.
Capitalisant
sur ce succès, le ministre annonce à peine quelques semaines plus tard
un nouveau projet de loi sur les nouvelles opportunités économiques (loi
Noé) destiné à “gagner la bataille du numérique“. Lors d’un
grand show de présentation, Emmanuel Macron décline plusieurs thèmes
chers aux startups : réforme de la structure de financement pour
faciliter l’apport de capitaux dans les jeunes pousses, ouverture des
données publiques ou encore simplification de la réglementation pour les
indépendants. Une fois de plus, les entrepreneurs du numérique
applaudissent.
“ La révolution numérique et les nouvelles technologies
transforment en profondeur notre économie.
Ne pas anticiper ces mutations, c’est se condamner à les subir.
Les préparer, c’est au contraire en faire une opportunité.
Ces transformations sont des gains
pour le consommateurs, pour les entreprises
et des potentialités de relocalisation de certains emplois “
transforment en profondeur notre économie.
Ne pas anticiper ces mutations, c’est se condamner à les subir.
Les préparer, c’est au contraire en faire une opportunité.
Ces transformations sont des gains
pour le consommateurs, pour les entreprises
et des potentialités de relocalisation de certains emplois “
Emmanuel Macron, novembre 2015
C’est la
première fois, et peut-être la seule, qu’Emmanuel Macron décevra les
entrepreneurs. Deux mois après les avoir fait rêver, le ministre est
contraint d’abandonner ce qui s’annonçait pourtant comme l’apogée de son
parcours. Est-ce l’aura que le locataire de Bercy avait acquis en
quelques mois au gouvernement et l’ombre qu’il avait jetée sur certains
collègues qui ont eu raison de son projet phare ? La politique protège
bien ses secrets. Toujours est-il que le projet de loi Noé est dépecé,
les morceaux étant absorbés par d’autres lois qui, ainsi étoffées, ont
gagné en notoriété : la loi relative à la modernisation du dialogue
social et à la sécurisation des parcours professionnels (dite loi
Travail ou loi El-Khomri) et la loi pour une République numérique,
portée par Axelle Lemaire et qui devait au départ être également assumée par Emmanuel Macron.
En Marche !, une startup présidentielle
Le 30 août
2016, il officialise sa démission du gouvernement, dont le bruit courait
depuis quelques mois déjà. Même s’il laisse derrière lui un bon
souvenir aux entrepreneurs et aux startuppers, Emmanuel Macron ouvre par
son départ une période d’incertitude. “Fleur Pellerin, Emmanuel
Macron puis Axelle Lemaire surent au final bâtir un bilan, pour le
numérique et l’entrepreneuriat, tout à fait honorable, rappelait sur Maddyness Olivier Mathiot en novembre. Mais je suis tenté de déclarer que la chasse aux pigeons est à nouveau ouverte !“
Mais le monde
du numérique ne restera pas longtemps orphelin. Dans la foulée,
Emmanuel Macron annonce la création de son mouvement En Marche! et
laisse la porte ouverte à une candidature à la présidence. Dès lors,
c’est le grand mercato dans le monde de la Tech et ce qui deviendra la
machine à gagner la présidentielle revendique deux prises de choix.
Mounir Mahjoubi tout d’abord. Fondateur de La Ruche qui dit oui avant
d’être nommé par François Hollande à la tête du Conseil national du
numérique, il est propulsé en janvier responsable de la stratégie
numérique de la campagne d’Emmanuel Macron. Axelle Tessandier, ensuite.
Directrice marketing de Scoop.it, elle fonde en 2013 son agence de
conseil numérique, Axl Agency, avant de devenir déléguée nationale d’En
Marche!… ou prophète politique, comme elle l’a expliqué dans une interview au Monde.
“ J’ai décidé que ça voulait dire évangéliser.
Disons que je me vois un peu comme ambassadrice d’En marche ! “
Disons que je me vois un peu comme ambassadrice d’En marche ! “
Axelle Tessandier, au Monde
La suite, on
la connaît : Emmanuel Macron convainc au-delà des entrepreneurs et du
petit monde des startups. Et finit par gagner l’élection présidentielle,
au terme d’une “performance assez inouïe, comme la définit Jean-David Chamboredon : être
élu Président de la République sans avoir le soutien d’un parti
politique établi et sans jamais avoir été élu précédemment. Le monde des
startups ne peut qu’être admiratif et respectueux de ce tour de force !“
Le programme du désormais nouveau président fait la part belle au numérique et revendique de faire des jeunes pousses un nouveau modèle de croissance pour le pays.
Ce n’est certes pas un entrepreneur qui a pris les rênes du pays mais
bel et bien, comme en témoigne son parcours, un adepte de
l’hyper-croissance et un admirateur du numérique. De quoi rassurer les
startups, dont le champion a fait le plus bel exit dont elles pouvaient
rêver.
Mots clés : emmanuel macron, présidentielle 2017