mardi 17 novembre 2015

"Ange & Gabrielle"

Une façon de se changer les idées, le cinéma. De l'humour, du rire, pas de pleurs, juste un peu, alors ce sera une comédie. "Ange & Gabrielle", un film de Anne Giaffreri d'après la pièce de théâtre de Muriellle Magellan "L'Éveil du chameau". Une comédie de l'existence qui met en évidence le célibat à 50 ans, les filles mères, la reconnaissance des enfants, les premiers amours, la famille recomposée et le mariage pour tous, le tout sur un ton d'ironie, de dérision.
Pour la 1ière fois à l'écran, Isabelle Carré et Patrick Bruel, un couple complice, naturel, qui joue à chien et à chat avant de s'offrir l'un à l'autre.
Isabelle Carré, femme enfant, de l'énergie à revendre, look revisité est belle de fragilité, de détermination, de folie et de pudeur.
Patrick Bruel, tout en nuance, s'impose en futur Yves Montant, mais ce Monsieur, a-t-il besoin de cette référence. Patrick Bruel maîtrise toutes les facettes de son personnage et l'offre à Isabelle Carré qui lui rend bien pour notre plus grand plaisir et l'assurance de passer un bonne soirée. À voir.

Félix Ascot : un grand homme quitte la scène

Cher Félix, Monsieur Félix Askolovitch dit Félix Ascot, j'apprends ce jour que vous êtes parti le 22 juin 2015. Trois coups. Le rideau rouge se lève. Ce message est un hommage en souvenir de l'homme généreux, et, du professionnel à l'écoute de l'autre. En souvenir du bon temps que nous passions au restaurant à deviser sur les projets que vous entrepreniez, vous aimiez la vie. Pendant 14 ans, au quotidien, je vous ai suivi professionnellement. Lors de nos échanges, vous m'avez beaucoup donné. Cet hommage est un rappel aux années 70, 80, au temps ou tout était plus simple, au temps de la publicité cinématographique avec Michel Luneau, des rencontres dans le monde du cinéma, Maurice Bernart, du théâtre, la liste des appelés serait longue, de la littérature, des éditions Saint Germain des Prés, Michel Breton, du Cherche Midi Éditeur, Philippe Héraclès. Un hommage pour ne pas vous oublier Monsieur Félix Ascot, je vous tire ma révérence, chapeau bas l'artiste.

Capture d'écran: http://www.dansnoscoeurs.fr/felix-askolovitch

Félix Ascot : un grand homme quitte la scène

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Editeur, producteur, directeur de théâtre, cet être sensible et très intelligent et cultivé, s'est éteint lundi matin des suites d'une longue maladie. Un des très grands entrepreneurs pour la culture, en France et en Belgique et un ami des comédiens, des metteurs en scène, des écrivains.


Félix Ascot demeurera dans nos mémoires comme un homme doux et malicieux, un esprit délié et délicat, un entrepreneur d'une grande culture et d'une grande discrétion. Un honnête homme qui, à un moment de sa vie tout en changements de caps, choisit le théâtre et s'y consacra avec passion.

D'ailleurs, changement de caps ne convient pas. Car une seule idée l'a toujours guidé : entreprendre et faire connaître, faire aimer.

Lorsqu'un grand homme comme Félix Ascot disparaît, c'est tout un moment de la vie culturelle française qui s'estompe.

Sa famille et ses amis lui diront adieu mercredi, à 14h30, au cimetière de Bagneux.

Félix Ascot était né le 8 juillet 1936, à Paris, dans une famille ashkenaze établie depuis la fin du XIXème siècle. Ascot est une abréviation d'Askolovitch et Claude Askolovitch, le célèbre journaliste et essayiste, est son neveu.

Claude est le  fils de Roger Askolovitch, le frère aîné, né en 1928.

Nous avons interrogé Claude Askolovitch, très touché par la disparition de son oncle. Sa cousine Isabelle vient de lui communiquer un document : une carte d'étudiant en journalisme du jeune Félix Ascot, année scolaire 56-57. "Quand je pense qu'il ne m'en a jamais parlé !" regrettait tout à l'heure le neveu journaliste !

Félix Ascot était très discret, très amical avec ceux qu'il était appelé à côtoyer, en raison de ses fonctions.

Il avait été marié une première fois, avec une professeur des écoles, maman de ses deux enfants, Isabelle et Maurice.

Depuis plusieurs dizaines d'années,  Simone Sobelman, femme lumineuse partageait sa vie et l'a accompagné dans les moments les plus douloureux des derniers temps, marqués par la maladie qui avait attaqué il y a longtemps. .

Claude Askolovitch en témoigne, son père et son frère étaient liés par une jeunesse heureuse ensemble, malgré l'époque âpre, et une éducation forte. Roger était l'aîné de huit ans de Félix, ce qui est beaucoup, mais ils avaient partagé beaucoup...Et il appelait "Doudou" son petit frère..."Deux adultes qui se donnaient la main", se souvient le fils et neveu.

Ci-dessous, le théâtre où Félix Ascot put mettre en oeuvre une véritable philosophie du théâtre. DR.
Théâtre Hébertot DR.jpg

Les deux frères eurent une éducation religieuse et Félix, sans que l'on sut jamais la profondeur de sa foi, ou ses doutes, respectait certains rites avec une discipline et une ferveur profonde. Parlant de son père et de son oncle, Claude Askolovitch le souligne : "ils étaient très français et très juifs".

Il se souvient de Félix se rendant à la synagogue de la Place des Vosges. Il se souvient qu'il marchait à pied et jeunait pour Kippour.

Roger Askolovitch est devenu écrivain ce qui aurait peut-être été le rêve de Félix.

Lui fit des études de droit et d'économie politique. Et donc de journalisme...Il était conseiller financier de Circuit A, le grand rival de Publicis dans les cinémas des années 60... 

Il produisit des films, il fonda la maison d'édition Luneau-Ascot, mais c'est dans le théâtre qu'il trouva son épanouissement.

En 1978, il a des responsabilités à la Michodière : il n'est pas directeur, puisque la Société Yvonne  Printemps existe toujours. Mais il est gérant et programme.

Ensuite, il est au Saint-Georges (79-83), puis à la Potinière (84-87). Mais c'est au Théâtre Hébertot, dont il devient directeur en 1988, qu'il va donner sa pleine mesure.

Il persuade des metteurs en scène qui n'avaient jamais travaillé pour le secteur privé de signer des mises en scène : Jacques Lassalle va monter Pirandello et Labiche, pour le plus grand bonheur des spectateurs.
Patrice Kerbrat, Gérard Desarthe, Gildas Bourdet, François Marthouret, signent des mises en scène.Tant d'autres. Il faudrait un livre pour raconter les enthousiasmes de Félix Ascot, ses engagements, et faire la liste de tous les spectacles qu'il a montés.
Dès le Saint-Georges, il avait mis à l'affiche Vitrac, (Le Loup-Garou) ou Carl Sterheim (La Culotte, interprétée par un Roland Dubillard survolté).
Il a été aussi le premier du théâtre privé à produire des pièces de Thomas Bernhard. Les années de sa direction sont heureuses, riches de découvertes et de prises de risque.
Un moment, il s'associe avec Pierre Franck, qui dirige alors l'Atelier. Tous deux, qui sont deux esprits épris de haute littérature, imaginent une sorte d'abonnement qui lie les deux théâtres, Hébertot et l'Atelier. Et dans chaque production d'un des théâtres, l'autre mettait une part (20% environ) de fonds.
Rien d'étonnant, quelques années plus tard, lorsque Félix Ascot préfèrera se retirer, que ce soit Pierre Franck et sa femme Danièle, qui deviennent à leur tour directeurs d' Hébertot.
C'était en décembre 2002. La direction Franck débuta en janvier 2003.
Félix Ascot n'avait en rien renoncé au théâtre. Il conseillait. Il était un spectateur fervent. Il voyait tout. Il comprenait ce qui allait "marcher" ou pas. Mais jamais on ne l'aurait pris en défaut d'arrogance ou de férocité.
Il avait l'oeil à la fois tendre et rieur. C'était un homme bon. Il n'était jamais caustique inutilement, ou blessant.
Avec lui disparaît un directeur de théâtre d'une époque où les grandes sociétés ne s'étaient pas encore jetées sur les salles parisiennes. Un temps où les hommes, seuls parfois, entreprenaient par amour des auteurs, des interprètes, des metteurs en scène et du public...
Capture d'écran : http://blog.lefigaro.fr/