17 novembre 2015 par Morgane Remy dans Emploi
Les coopératives d’activité et d’emploi (CAE) permettent à tout entrepreneur d’en être à la fois salarié et gérant. Cette manière de travailler autrement, en bénéficiant de la sécurité sociale et de la solidarité de ses pairs, permet d’amorcer sereinement sa startup.
A force de parler d’uberisation, les
entrepreneurs pourraient oublier qu’être indépendant n’est pas
antinomique avec le fait d’être salarié. Concrètement, comme pour une
société de portage salarial, une coopérative d’activité et d’emploi
(CAE) traduit le chiffre d’affaires en salaire. Grâce à ce statut, les
entrepreneurs peuvent alors prétendre à la sécurité sociale et à des
droits de retraites. Si cela se passe mal et que l’activité cesse, le
chiffre d’affaires transformé en salaire permet également de prétendre à
des allocations chômages.
Ces coopératives permettent ainsi de lancer son activité sans prendre trop de risque. « C’est parfait pour tester son activité en amorçage, avant même de créer son entreprise, explique Dominique Babilotte, président général de Coopérer pour entreprendre, un
réseau de CAE. Outre la protection sociale, nos coopératives proposent
des formations non seulement sur la gestion administrative, mais aussi
sur le développement de son activité. »
Pour les phobiques de l’administratif
Ensuite, l’aspect comptabilité et
administratif de la vie des entrepreneurs est pris en charge par des
salariés des coopératives afin de permettre aux adhérents de se
concentrer sur leur cœur de métier. « J’ai déjà créé une SARL et je
passais 80 % de mon temps sur la gestion administrative, la
constitution de réseaux et la recherche des financements, témoigne le réalisateur transmédia Laurent Daufes. Je ne voulais pas reproduire la même erreur. Je voulais à tout prix me concentrer sur la production de film de qualité. » Il a donc rejoint CLARAbis, une CAE spécialisée dans l’audiovisuel et le numérique.
Surtout, la CAE aide à trouver des
financements. Non seulement, des professionnels accompagnent les
nouveaux arrivants dans la constitution de leur premier dossier, mais
faire partie d’un collectif est un gage de professionnalisme. « J’ai tout de suite été crédible, ajoute Laurent Daufes. Tandis
qu’il faut avoir trois ou cinq ans d’ancienneté pour obtenir des
financements en indépendant, j’ai obtenu des subventions sans attendre. »
Pour jouer en équipe
En parallèle, comme dans un incubateur,
un accompagnement des entrepreneurs est prévu. Souvent un parrain, un
« ancien » de la coopérative, accueille personnellement le nouvel
arrivant. Marc Chataigner, qui a rejoint le collectif spécialisé dans le
numérique Port Parallèle à Paris, a ainsi bénéficié des conseils d’anciens dirigeants d’entreprise. « Ils m’ont vraiment aidé sur la prospection, qui était mon point faible », reconnaît ce designer de services.
Surtout, en mutualisant l’administratif
mais aussi parfois des services de secrétariat, des formations
professionnelles et des assurances professionnelles, les risques sont
partagés. En effet, quelqu’un qui lance son activité ne participe qu’à
hauteur de son chiffre d’affaires et n’a rien à avancer. « Comme nous versons 10 % de notre revenu, cela permet quand on commence, d’être sponsorisé par les membres plus stables, explique Marc Chataigner. Désormais, c’est à mon tour de soutenir les nouveaux entrants. »
Cette solidarité permet ainsi de faire
vivre la CAE et de créer un environnement favorable à l’amorçage. Les
entrepreneurs qui ont réussi cette phase, sortent ensuite du collectif
afin de créer leur startup et lever des fonds. Mais, s’ils tournent
ainsi la page, ils restent le plus souvent partenaires du collectif.
Travailler ensemble pour donner du sens
Les valeurs des collectifs d’activité et
d’emploi sont celles d’une nouvelle sorte de travail. Non seulement
chacun contribue à hauteur de ses revenus pour financer des services
communs, mais les membres des CAE en deviennent aussi associés.
Il est obligatoire de s’investir au bout
de trois ans d’ancienneté. « Pour ma part, j’ai demandé à le devenir
avant cette date car je voulais m’impliquer dans les décisions du
collectif, explique Marc Chataîgner designer de service. De plus, étant
co-fondateur de l’espace de coworking le Woma, cela faisait échos à ma
réflexion sur les nouvelles façons de travailler. »
Il peut aussi être stratégique
d’accorder son projet au statut juridique de son activité. « Je
travaille beaucoup sur des vidéos qui portent les valeurs d’intégration
et de solidarité, note pour sa part Laurent Daufes. Je voulais être
cohérent avec cela et m’investir dans un cadre humain. » Faire partie
d’une CAE peut donc particulièrement convenir aux startups qui se
lancent dans l’économie collaborative.
Crédit photo : Shutterstock
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