« Barack Obama a donné corps à une certaine forme de
calme sur la scène internationale. On a beaucoup parlé du cool de Barack
Obama. Il a incarné le sang froid pour faire face à la peur »
expliquait Mathieu Potte-Bonneville, philosophe français, présent lors
de cette session d’ouverture des
Napoléons.
Après une
standing ovation de la part des plus de 600
personnes présentes au grand auditorium de La Maison de la Radio à
Paris, l’ancien Président « cool » fait état de ses préoccupations dès
les premiers mots de son discours : « nous sommes arrivés à un point
d’inflexion » avant d’ajouter que même si « le monde est prospère comme
jamais, nous avons extrêmement peur ».
Une peur résumée en 4 grands combats
Cette crainte généralisée, Barack Obama la résume en quatre grands changements et postures à adopter :
- Construire une économie inclusive pour que le fossé
entre « pauvres » et « riches » se comble en faisant notamment
référence au goulot d’étranglement dans lequel se retrouve la classe
moyenne et la situation des jeunes sur le marché du travail.
- Mettre les moyens nécessaires pour faire face au changement climatique.
Si Barack Obama déplore qu’il y ait « une absence de représentation »
de la part des Etats-Unis quant aux changements de politiques
recommandés lors de la COP21, il se réjouit des progrès dans la lutte
contre le changement climatique sur la scène internationale, avant
d’ajouter que si les changements ne viennent pas des politiques
américaines, de nombreuses entreprises, villes, universités et Etats
conduisent ce changement sur le sol américain. Autrement dit, si
l’action ne vient pas des politiques, elle peut venir du terrain.
- Combattre les nouvelles menaces terroristes.
Terrorisme, menace de la Corée du Nord… « Nous devons continuer d’être
agressifs face à ces menaces en combinant l’effort militaire avec la
force de nos idées créatives ».
- Lutter contre l’enfermement que peuvent créer les
nouvelles technologies. En recommandant uniquement des informations qui
confortent les internautes dans leurs opinions, le risque d’enfermement
et la perte d’objectivité est un fléau contre lequel lutter. Pour
l’ancien Président des Etats-Unis, il faut créer les ponts pour lutter
contre ces formes de propagande.
« Si vous cherchez la perfection, mieux vaut rentrer tout de suite chez vous »
Barack Obama
Barack Obama, l’homme face à la peur
Elu Président des Etats-Unis en plein cœur de la
crise économique, Barack Obama confiait que « dans ce type de contexte
nous évitons souvent de prendre des risques, mais plus j’avançais dans
mon mandat, plus mon attitude changeait et plus j’avais le sentiment de
faire les bonnes choses. Même si cela n’était pas parfait, je pouvais au
moins ne pas me décevoir quand je me regardais dans le miroir ». Car
pour Barack Obama le mieux est l’ennemi du bien, comme il expliquait de
façon expéditive : « si vous cherchez la perfection, mieux vaut rentrer
tout de suite chez vous ». Avec ces mots, l’homme faisait explicitement
référence à la controverse de la réforme « Obama Care » : « même si les
choses ne sont pas parfaites, je sais que les choses sont mieux pour 20
millions de personnes… » confiait-il.
La peur des GAFAM est à relativiser
Quand Stéphane Richard, Président d’Orange, interroge
Barack Obama sur les craintes existantes concernant les GAFAM (Google,
Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) l’ex Président des Etas-Unis confie
que « dès qu’il y a des entreprises de cette taille, qui obtiennent ce
niveau de pouvoir, il faut en examiner les conséquences, mais le
véritable enjeu est de comprendre qui va contrôler cet espace digital
sur les dix prochaines années » avant d’ironiser qu’Alibaba et son
fondateur Jack Ma s’en sort « plutôt pas mal ».
L’ancien président a affirmé être « préoccupé » (“concerned” qui peut
aussi signifier inquiet) concernant la position de Facebook : « je suis
préocupé car aux États-Unis, Facebook devient la principale plateforme
par laquelle l’information est transmise ». Le processus des
algorithmes, qui ne proposent que certains types d’informations basées
sur votre activité sur le réseau social est « un problème pour la
démocratie » et « ressemble à une forme de propagande » confiait-il.
Concernant Amazon, force est de constater l’impact « disruptif sur
des grands distributeurs comme WallMart mais également sur les
entreprises locales », avant que l’ex-Président dédramatise la situation
en disant que « si Facebook était une entreprise française, il y aurait
beaucoup moins de craintes ! ».
Vers un nouveau leadership ?
« Il faut mettre les femmes au pouvoir car il semblerait que les hommes aient quelques problèmes ces derniers temps »
Barack Obama
Interrogé sur cette question. Barack Obama répond par
la nuance en affirmant qu’il n’y a pas un modèle de leader mais des
qualités qui sont plus appréciées :
- Être sûr de soi-même pour donner confiance aux autres, intégrer tout le monde et rendre ses collaborateurs meilleurs.
- Un pouvoir au féminin « car les hommes semblent avoir certains
problèmes en cette époque » a-t-il déclaré avant de recevoir un tonnerre
d’applaudissement. Pour Barack Obama, les femmes au pouvoir auraient
une plus grande empathie, et une capacité à fédérer plus fortes. Deux
qualités montantes pour l’ancien Président des Etats-Unis.
- Donner un sens, avoir une vision positive du futur, pour démontrer que le travail nourrit une idée du monde.
Un discours qui se conclue par un focus sur la jeunesse dont
l’impatience est perçue comme une qualité par Barack Obama :
« l’impatience des jeunes est positive car elle nous pousse à nous
bouger, à faire les choses ».
On oublie la peur et on avance ? Yes we can…