vendredi 21 octobre 2016

Protection des données: une majorité d’entreprises françaises ignorent les enjeux

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Protection des données: une majorité d’entreprises françaises ignorent les enjeux

Par | le 20 octobre 2016 | 
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Claire Spohr

Claire Spohr

Chargée d'études à la Rédaction chez Adsvark Media / FrenchWeb - We Love Entrepreneurs
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Plus de 9 entreprises européennes sur 10 n'ont qu'une compréhension partielle du nouveau règlement européen en matière de protection des données, selon les résultats du rapport européen sur la confidentialité des données, réalisé par Symantec en partenariat avec le cabinet d'études indépendant Vanson Bourne
Adopté le 14 avril dernier, avec une mise en application prévue dès 2018, le nouveau Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) alignera les mesures de protection des données entre tous les pays de l'Union Européenne. En France, il remplacera la loi «Informatique et Libertés» actuellement en vigueur.
Au coeur de ce nouveau règlement se trouve notamment la question du partage des données en dehors de l'Union Européenne. Ce dernier ne sera possible que si l'entreprise peut garantir à ses utilisateurs que leurs données seront protégées de la même manière en dehors de l'Union Européenne. Pour rappel, le 1er août dernier est déjà entré en vigueur le «Privacy Shield», un dispositif encadrant le transfert de données personnelles entre l'Union Européenne et les Etats-Unis. Il garantit aux entreprises européennes que les données personnelles de leurs clients sont protégées de la même manière Outre-Atlantique, dans la mesure où elles les transfèrent à des entreprises enregistrées auprès de l'administration américaine. 
Autre élément-clé du nouveau règlement européen: l'exercice du droit à l'oubli, rendu possible pour tous les clients d'une entreprise dans un délai d'un mois. Cette dernière doit donc être capable d'identifier l'ensemble des données qu'elle possède sur ses clients, de les localiser, et de les supprimer rapidement. 
C'est donc une petite révolution qui attend très prochainement les entreprises européennes en matière de protection des données, et à laquelle elles ne se préparent aujourd'hui pas suffisamment. 

Le respect de leur vie privée, «pas une priorité pour mes clients»

Premier constat de l'étude, ce sont les entreprises allemandes qui sont le moins bien informées sur la question du RGPD, avec 99% des répondants qui déclarent n'avoir qu'une connaissance partielle du dispositif. Et au-delà d'un manque d'informations, les entreprises européennes doutent de leurs capacités à être en conformité avec la nouvelle règlementation, à 91%.
Un peu plus de la moitié (55%) des répondants ne sont pas certaines de leurs capacités à satisfaire intégralement les attentes de leurs clients en matière de sécurisation des données, et les trois quarts des répondants estiment que le respect de leur vie privée n'est pas une priorité pour leurs clients. Là encore, l'Allemagne se distingue des autres pays européens étudiés, avec «seulement» 68% des répondants qui estiment que leurs clients ne s'inquiètent pas de leur vie privée. 

Le droit à l'oubli, grand gagnant de la nouvelle règlementation

C'est pourtant le volet concernant le droit à l'oubli de la nouvelle règlementation qui pourrait avoir l'impact le plus important sur les entreprises, si l'on en croit les résultats de l'étude. En effet, 8 répondants sur 10 s'attendent à ce que leurs clients exercent ce droit à l'oubli, et à peine 40% estiment avoir un système permettant de satisfaire ce type de demandes. En France, ce chiffre frôle les 50%. 
En retard sur le sujet par rapport aux autres pays européens, les entreprises françaises sont d'ailleurs celles qui se préoccupent le plus de la question de l'éthique en matière de gestion des données. 56% d'entre elles déclarent en effet que c'est l'une de leurs priorités, contre 47% à l'échelle de l'Europe. Au Royaume-Uni, ce chiffre tombe à 40%. 

De lourdes sanctions financières 

Enfin, à peine plus du quart des entreprises européennes estiment qu'elles seront prêtes pour la mise en application du RGPD d'ici deux ans (32% pour les entreprises françaises). Elles ne sont d'ailleurs que 22% à déclarer que ce sujet fait partie de leurs priorités pour les deux années à venir. A peine plus du quart des répondants prévoient de revoir intégralement leur approche en matière de sécurité en réponse à cette nouvelle règlementation (35% en France). 
En cas de non-respect du RGPD, l'entreprise s'expose pourtant à de lourdes sanctions financières, pouvant aller d'une amende d'un montant équivalent à 2% du chiffre d'affaires mondial de l'enteprise à 20 millions d'euros (ou 4% du chiffre d'affaires mondial, le montant le plus important des deux étant retenu) pour les infractions les plus graves. L'enjeu de conformité est donc de taille pour l'ensemble des entreprises. 
 
  • RGPD, 8 points à retenir:
Adopté en avril 2016, le RGPD entrera en vigueur en 2018. Il doit permettre aux citoyens européens de reprendre le contrôle sur leurs données personnelles. 
  • Le règlement s'applique aux entreprises européennes, mais aussi aux entreprises non-européennes qui ont un pan de leur activité en Europe, et qui traitent de fait des données de citoyens européens.  
  • Les photos, mais aussi les informations partagées sur les réseaux sociaux sont désormais considérées comme des données personnelles. 
  • Les entreprises souhaitant collecter des données doivent avoir un consentement explicite de leurs utilisateurs
  • Elles devront tenir un registre de traitement des données, permettant de déterminer si les données quittent l'Union Européenne et dans quelles conditions.  
  • Les données stockées par l'entreprise devront être protégées contre la perte, le vol ou la détérioration. 
  • L'ensemble des citoyens européens auront le droit d'accéder à leurs données personnelles, et de demander leur suppression
  • Les citoyens pourront exercer leur droit à la portabilité des données
  • En cas de fuite des données, les entreprises sont tenues d'informer l'autorité nationale responsable de la protection des données dans les meilleurs délais
 
 

** Méthodologie: Etude réalisée auprès de 900 décideurs informatiques et dirigeants d'entreprises de plus de 50 personnes en France, en Allemagne, et au Royaume-Uni. 
 
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Claire Spohr

Claire Spohr

Chargée d'études à la Rédaction chez Adsvark Media / FrenchWeb - We Love Entrepreneurs
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BlaBlaCar, vente-privee, Konbini… Quels sont les secrets d’un lancement réussi à l’international ?

CAPTURE D'ÉCRAN: https://www.maddyness.com/entrepreneurs/2016

BlaBlaCar, vente-privee, Konbini… Quels sont les secrets d’un lancement réussi à l’international ?

https://www.maddyness.com/entrepreneurs/2016

Crédit : iStock by Getty Images par

Quel est le point commun entre Vente-privee, BlaBlaCar, Konbini ou OLX ? Leur déploiement à l’international, bien évidemment. Une réussite sur laquelle revient TextMaster dans CEO Stories, un recueil de témoignages de 10 entrepreneurs à succès. 

BlaBlacar, c’est aujourd’hui 30 millions de membres répartis dans 22 pays. Vente-privée, de son côté, a vendu 220 millions de produits dans le monde, pour un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’euros. Enfin, Talensoft revendique aujourd’hui 40 millions de chiffre d’affaires, dont la moitié est générée à l’étranger.
Si ces pépites françaises ont réussi à l’international, c’est en grande partie grâce à des stratégies de déploiement bien ficelées. 10 entrepreneurs à succès ont accepté de revenir, pour le recueil CEO Stories de TextMaster, sur ce qui a pu faire leur réussite et leur notoriété dans le monde entier : Fabrice Grinda (OLX), Jacques-Antoine Granjon (vente-privée), David Creuzot et Lucie Beudet (Konbini), Nicolas Brusson (BlaBlaCar), Jean-Luc Robert, (Kyriba), David Lebée (Dayuse), Eric La Bonnardière (Evaneos), Jean-Stephane Arcis (Talentsoft), et Véronique Morali (Webedia).

Bien choisir ses marchés cibles

Si la stratégie de Fabrice Grinda, fondateur d’OLX, a été d’orchestrer le lancement de son entreprise directement dans 100 pays et en 50 langues afin d’observer où celle-ci avait le plus de traction, Jacques-Antoine Grajon a débuté, pour Vente-privée, par la construction d’un leader national fort afin de mieux se développer à l’international par la suite, et en particulier en Europe en procédant à des acquisitions d’envergure dans un deuxième temps.
Nous avons une vision à long terme de notre aventure, c’est pourquoi nous ne nous intéressons qu’à des entreprises profitables, leaders sur leur marché
Jacques-Antoine Granjon
David Creuzot et Lucie Beudet, fondateurs de Konbini, ont quant à eux opté pour un positionnement international en cohérence avec leur ligne éditoriale, c’est-à-dire en se basant sur toutes les zones géographiques où la génération des millenials occupe une place prépondérante, mais également sur les marchés où le taux d’équipement mobile et le taux de pénétration des réseaux sociaux sont suffisamment importants. Avec 7 millions de millenials touchés en France, Konbini a ainsi connu un véritable succès au Mexique et au Nigéria, et prévoit désormais de s’implanter en Inde et en Corée du Sud.
On a fait le choix de laisser la Chine de côté pour l’instant, compte tenu de la relative complexité d’accéder aux réseaux sociaux, canal primordial pour Konbini
David Creuzot et Lucie Beudet
Blablacar lui aussi a établi une liste de critères exhaustive, basée sur les comportements locaux, pour évaluer la pertinence de son service à l’étranger. On y trouve ainsi le coût moyen du kilomètre parcouru, les distances qui séparent les grandes villes, ou encore l’état des routes.  C’est ainsi que l’Inde et le Brésil se sont révélés être des pays à fort potentiel pour la startup, le coût aux 100 km élevé rendant le covoiturage très compétitif, tandis qu’elle s’est refusée à investir le marché américain : ” Du fait des longues distances et de l’absence de péage, le coût aux 100 km y est 2 fois moins élevé qu’en Europe “, explique Nicolas Brusson, cofondateur de BlaBlaCar.
international blablacar

Se lancer au bon moment

C’est l’un des points sur lesquels les entrepreneurs ont des points de vue différents, révèle TextMaster. Pas étonnant, lorsque l’on sait le nombre de critères entrant en compte dans un lancement à l’international, selon l’âge, la taille, le service proposé et le marché investi par chaque startup. Jacques-Antoine Granjon, Fabrice Grinda et Jean-Luc Robert, CEO du spécialiste de la gestion de trésorerie dans le cloud Kyribaconsidèrent ainsi qu’il faut avoir atteindre une taille critique et une certaine assise sur son marché domestique avant de chercher à se développer à l’international.
C’est un sujet qui demande des investissements forts et beaucoup d’attention, il faut s’assurer de pouvoir y consacrer les moyens nécessaires
Jean-Luc Robert
À l’inverse, les fondateurs de Konbini ou Dayuse recommandent d’intégrer la dimension internationale le plus tôt possible. Ce dernier, fondé par David Lebée et spécialiste des réservations d’hôtels en journée a ainsi démarré son développement à l’étranger à peine un an après son lancement, en commençant par Londres : ” Dans la mesure du possible, il vaut mieux ne pas trop attendre afin d’éviter de voir émerger des concurrents locaux “, précise David Lebée.

Instaurer un vrai modèle de développement à l’international

Le choix de la période de lancement et des marchés à cibler fait, il est ensuite important d’adapter le modèle de son produit ou de son offre au(x) pay(s) dans le(s)quel(s) on souhaite s’implanter. C’est par exemple ce qu’à fait Jean-Luc Robert pour Kyriba, qui précise cependant ne pas vouloir adapter plus de 10% de chaque produit existant sur un nouveau marché
Si le travail d’adaptation est trop important, c’est probablement que le marché n’est pas pertinent pour Kyriba
Jean-Luc Robert
D’où l’importance d’adopter une approche segmentaire, voire régionale selon les continents. Il est par exemple extrêmement difficile de se développer simultanément sur la côte Est et la côte Ouest des États-Unis. Et c’est cette capacité d’adaptation locale, tant sur ses produits qu’au niveau de la législation européenne, qui représente l’un des éléments clés de succès de Talentsoft, selon Jean-Stéphane Arcis. Même chose pour Konbini, qui après s’être buté au marché américain en essayant d’y dupliquer sa ligne éditoriale, a su adapter son modèle aux différents marchés.
Enfin, Fabrice Grinda a fait le pari d’instaurer deux pages d’accueil différentes sur le site d’OLX : l’une sous forme de listes et catégories, l’autre sous forme de cartes géographiques, selon la pertinence des marchés cibles. 
Je pense qu’il est essentiel de paraître le plus local possible tout en veillant à conserver des éléments homogènes à travers le monde. Le but étant de profiter des doubles bénéfices de la localisation et des leçons apprises dans les autres pays
Fabrice Grinda, fondateur d’OLX
Une adaptation locale qui a même poussé OLX a faire évoluer les couleurs, les catégories, le ton employé, les campagnes de communication et même le nom de domaine de son site en fonction des préférences locales.

Transmettre sa culture d’entreprise

Souvent sous-estimée, la transmission de la culture d’entreprise et du savoir se révèle être un facteur clé de réussite à l’international, selon les retombées des interviews réalisées par textMaster.  C’est ainsi que Webedia a fait le choix de mettre à la tête de ses équipes internationales des talents français. Un choix d’autonomie qui leur permet de faire leurs premières armes d’entrepreneurs, ces derniers devant prendre en main l’intégration de l’entreprise localement, mais aussi les contacts avec  les agences et annonceurs locaux et les relations médias.
Ces talents ne proviennent pas toujours des équipes de Webedia mais ils passent systématiquement par une période d’immersion à Paris. Il est essentiel qu’ils s’imprègnent de notre savoir-faire et de notre culture d’entreprise
Véronique Morali
BlaBlaCar, de son côté, s’appuie sur trois piliers d’intégration des talents : l’aqui-hire, en recherchant des startups locales déjà établies dont la connaissance intime du marché local se révèle être un véritable atout, le spin-off, en proposant à certains de ses collaborateurs étrangers basés à Paris d’ouvrir une filiale dans leur pays d’origine, et le local hire, en créant un bureau et en recrutant localement : ” C’est ce que nous avons fait en Turquie, en Inde et au Brésil. C’est une méthode plus difficile mais qui fonctionne bien si on s’en donne les moyens “, explique Nicolas Brusson. 
C’est enfin le cas chez Konbini, qui a placé la globalisation au cœur de sa culture. La société, dont la majeure partie des 100 collaborateurs ne se sont jamais rencontrés physiquement, estime essentiel d’entretenir le lien entre ses différents bureaux grâce à la technologie : ” Cette hyperconnexion nous a permis de créer une véritable culture d’entreprise et de nouer des amitiés entre des collaborateurs qui ne se sont parfois jamais vus physiquement. C’est une de nos grandes réussites “, se réjouissent ses fondateurs. 

S’assurer d’avoir les moyens de ses ambitions

C’est un point de vue sur lequel les entrepreneurs sont unanimes, insiste TextMaster. Un développement à l’international implique un investissement important, tant sur le point financier que stratégique, mais également personnel. Un dernier point que certains entrepreneurs peuvent négliger. Il est ainsi fondamental pour un dirigeant de s’impliquer personnellement dans cette aventure, suivre ses équipes et se rendre régulièrement sur place afin d’en comprendre les problématiques et les anticiper.
Les imprévus prennent facilement des proportions importantes avec la distance. Il faut s’assurer de pouvoir tenir sur le long terme et persévérer ” 
Véronique Morali
Une rigueur qui passe, entre autres,  par le recrutements de profils expérimentés, le déploiement d’équipes complètes et un support permanent sur plusieurs fuseaux horaires, souligne Jean-Stéphane Arcis de Talentsoft.
Enfin, Les États-Unis restent indéniablement un marché particulier pour tout entrepreneur souhaitant s’y lancer. Un critère à ne surtout pas prendre à la légère, selon David Lebée de Dayuse : ” Il faut malheureusement intégrer que cela coûte très cher. Mieux vaut faire les choses vite et y mettre les moyens que d’y aller timidement. Le marché américain est prometteur mais très délicat, on ne peut pas y faire les choses à moitié.”

Retrouvez l’intégralité du carnet CEO Stories de TextMaster ici.