jeudi 17 décembre 2015

5 conseils pour faire, comme Gustave Eiffel, de ses opposants des alliés.

Publié le 10/12/2015 par Eloïse COHEN 
Aujourd'hui symbole de Paris, la Tour Eiffel a été, à l'origine, contestée et combattue. Si elle a vu le jour, c'est grâce à la détermination de Gustave Eiffel. Comment a-t-il fait de ses détracteurs des alliés ? La réponse dans "Piloter un projet comme Gustave Eiffel" d'Anne Vermès. Extraits. 

Capture d'écran: www.chefdentreprise.com
 1. Rappeler la finalité du projet 
Rappelez fréquemment les objectifs poursuivis et les principes intangibles du projet (dans le cas présent Eiffel, via la presse, rappelle les fondamentaux du projet : l'engagement du commanditaire, les travaux déjà commencés, le débat "idéologique" sur la beauté de la tour bien tardivement lancé, les échéances en termes de délais à tenir) ; 
2. Concevez une stratégie personnalisée à chaque opposant 
Prenez le temps d'analyser les différents styles d'opposants et adaptez une stratégie "personnalisée" pour développer à terme une alliance. 
Exemple : Eiffel repère, parmi la presse, un opposant "irréductible" et tête d'un réseau influent (entre autres président du Syndicat de la presse). 
Il actionne trois leviers pour le transformer en allié :
 Premier levier : responsabilisation, implication et ouverture. Eiffel fait le choix audacieux de "responsabiliser" les journalistes. Il ouvre le chantier et les laisse "construire" leur vision du chantier par des interviews auprès de ses collaborateurs. Il transforme ainsi l'opposant "de principe" en acteur impliqué (les journalistes font l'effort d'aller sur le chantier et de se faire leur propre jugement plutôt que de rester sur des principes théoriques d'esthétisme). [...] 
Deuxième levier : gratification et réalisation d'événements porteurs d'émotion. Malgré la polémique, Eiffel organise un déjeuner et permet au président du Syndicat de la presse de découvrir les facettes méconnues de ce chantier et de rencontrer des personnages clés dans ce projet (Georges Berger , les chefs d'équipe...). Embarqué "émotionnellement", ce président rallie les "alliés" du projet ;
 3. Identifier clairement la marge de négociation 
Face à des oppositions internes, annoncez clairement ce qui est négociable et ce qui ne l'est pas. Dans le même temps, proposez une reconnaissance financière doublée d'une action symbolique autour du "mieux-être au travail". Eiffel, face à une tension sociale, propose une augmentation de salaire, doublée d'un service supplémentaire (la cantine au premier étage) ; Face aux récalcitrants, adoptez comme Eiffel un comportement ferme sur l'essentiel : la finalisation du chantier en temps et en heure n'est pas négociable. Puis faites des propositions pour les attirer vers une alliance gagnant/gagnant. Eiffel propose ainsi aux récalcitrants d'accéder à leur besoin de sécurisation supplémentaire en demandant à ces monteurs de peindre aux étages inférieurs. Ils acceptent du coup les nouvelles conditions ou choisissent de quitter l'entreprise. 
4. Soignez votre communication 
Optez pour une communication qui soit parfaitement alignée avec vos valeurs, elle n'en sera que plus crédible ! Édouard Lockroy -le ministre de l'Économie et du Commerce de l'époque, ndlr- et Gustave Eiffel sont tous les deux convaincus que le progrès et l'innovation techniques sont les bases d'un mieux-vivre collectif à l'échelle de la France. Avec des styles et des personnalités différentes, ils font transparaître ces convictions dans leur communication interne et externe ce qui finit par permettre de dépasser tous les obstacles.

Capture d'écran: www.chefdentreprise.com
 
5. Faites de vos collaborateurs des ambassadeurs 
En tant que chef de projet, mobilisez toutes les parties prenantes dans la communication du projet et cultivez le concept "d'ambassadeur du projet". Eiffel sollicite ses collaborateurs sur des champs d'intervention qui ne sont pas liés à leur expertise mais qui requièrent engagement et sens de la communication. Il fait le pari que les monteurs sauront, par leur expertise et leur implication dans le montage de cette tour, convaincre les "opposants" et plus généralement, toutes les personnes intéressées par le projet. Eiffel développe le principe d'accueil de délégations de toutes natures (presse, commerçants, entrepreneurs, architecte, professions de la construction, etc.). 

Dans votre rôle de chef de projet, investissez temps, réflexion et action sur la création d'une adhésion la plus complète possible et ne traitez pas à la légère les opposants, tout comme les alliés. 

L'ouvrage 
Pour édifier la Tour Eiffel, l'audacieux ingénieur Gustave Eiffel a dû braver non seulement d'innombrables contraintes techniques, mais également de farouches oppositions tant en interne qu'en externe. C'est sur cette expérience que se base Anne Vermès, la fondatrice du cabinet de conseil "Traits d'Unions", dans son ouvrage "Piloter un ouvrage comme Gustave Eiffel, comment mener un projet contre vents et marées". 
Publié aux Editions Eyrolles, cet ouvrage fait partie de la collection Histoire et Management, dont l'objectif est de tirer des leçons des leaders d'hier pour aider les dirigeants d'aujourd'hui. Parmi eux figurent "Fédérer comme Mandela, comment obtenir adhésion et motivation" d'Anne Vermès et de Guillaume Pigeat.

Capture d'écran: https://twitter.com/eloise_cohen  www.chefdentreprise.com
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Michel Serres : "La seule autorité possible est fondée sur la compétence"

Pour Michel Serres, membre de l'Académie française et professeur à l'université Stanford, la véritable autorité est celle qui "grandit l'autre".


Publié le | Le Point
Michel Serres, membre de l'Académie française.

On parle partout de la "crise de l'autorité". Tout le monde cherche l'autorité perdue. Mais de quoi parle-t-on ? Il ne s'agit plus de l'autorité "coup de bâton". Cette autorité-là n'est que le décalque des conduites animales, celle du mâle dominant chez les éléphants de mer ou les chimpanzés. C'est pourquoi, quand je vois un patron avec son staff autour, plein de courbettes, je ne peux m'empêcher de penser aux ruts des wapitis dans les forêts de Californie du Nord. Cette autorité-là fait marcher les sociétés humaines comme des sociétés animales.
La hiérarchie est animale, il n'y a pas de doute là-dessus. Dès que vous exercez une contrainte, vous redevenez la "bête humaine". Le nazisme est le symbole de cette autorité, représentée - ce n'est pas un hasard - par un animal. L'autoritarisme a toujours été une tentation des sociétés humaines, ce danger qui nous guette de basculer très facilement dans le règne animal. En France, une femme meurt tous les jours sous les coups de son compagnon, mari ou amant. Est-ce cela, l'autorité masculine ? L'autorité perdue que l'on essaie de récupérer peut vite conduire au retour de l'autorité "coup de bâton".

La véritable autorité, celle qui grandit l'autre

Heureusement, la culture humaine a remplacé le schéma animal. Dans la langue française, le mot "autorité" vient du latin auctoritas, dont la racine se rattache au même groupe que augere, qui signifie "augmenter". La morale humaine augmente la valeur de l'autorité. Celui qui a autorité sur moi doit augmenter mes connaissances, mon bonheur, mon travail, ma sécurité, il a une fonction de croissance. La véritable autorité est celle qui grandit l'autre. Le mot "auteur" dérive de cette autorité-là. En tant qu'auteur, je me porte garant de ce que je dis, j'en suis responsable. Et si mon livre est bon, il vous augmente. Un bon auteur augmente son lecteur.
Dans mon dernier livre (1), je raconte l'avènement d'un nouvel humain, né de l'essor des nouvelles technologies, "Petite Poucette", l'enfant d'Internet et du téléphone mobile. Un clin d'oeil à l'usage intensif du pouce pour converser par texto. L'avènement de Petite Poucette a bousculé l'autorité et le rapport au savoir. Parents et professeurs ont le sentiment d'avoir perdu leur crédibilité dès lors que, face à eux, Petite Poucette tient entre ses pouces un bout du monde. Ce que j'appelle dans mon livre la présomption de compétence. Il y a vingt ans, lorsque, enseignant, j'entrais dans un amphithéâtre, je présumais que mes étudiants ne savaient pas. Désormais, j'ai des Petite Poucette devant moi, qui ont probablement compulsé sur Wikipedia les questions que je traite dans mon cours. À l'égard de son élève, le maître a maintenant cette présomption de compétence qu'il est de son devoir d'"augmenter".
Autrefois, le médecin pouvait présumer que le patient qui consultait ignorait tout de la maladie dont il souffrait. Aujourd'hui, avant d'aller voir le médecin, on cherche sur Internet des informations concernant ses symptômes, pour tenter de poser soi-même un diagnostic. Le médecin a perdu l'autorité qu'il détenait par la présomption d'incompétence de son patient. Il ne peut plus dire : "C'est moi le médecin, laissez-moi faire !"

Nouvelle démocratie du savoir.

Avant la génération des Petite Poucette, seuls le tyran, le plus riche ou le plus savant tenaient le monde entre leurs mains. Aujourd'hui, pour peu qu'il ait consulté un bon site, l'étudiant, le patient, le consommateur, ou même l'enfant peut en savoir autant sur le sujet traité que le maître, le médecin, le directeur, le journaliste ou l'élu. Nous disons que l'autorité est en crise parce que nous passons d'une société hiérarchique, verticale, à une société plus transversale, notamment grâce aux réseaux comme Internet. Tout ne coule plus du haut vers le bas, de celui qui sait vers l'ignorant. Les relations parent-enfant, maître-élève, État-citoyen... sont à reconstruire.
Les puissants supposés qui s'adressaient à des imbéciles supposés sont en voie d'extinction. Une nouvelle démocratie du savoir est en marche. Désormais, la seule autorité qui peut s'imposer est fondée sur la compétence. Si vous n'êtes pas investi de cette autorité-là, ce n'est pas la peine de devenir député, professeur, président, voire parent. Si vous n'êtes pas décidé à augmenter autrui, laissez toute autorité au vestiaire. L'autorité doit être une forme de fraternité qui vise à tous nous augmenter. Si ce n'est pas ça la démocratie, je ne connais plus le sens des mots !
1. "Petite Poucette" (Le Pommier, 84 p., 9,50 euros).

 
Capture d'écran: http://www.lepoint.fr/


Conjoncture Bâtiment : une amorce de reprise d’activité attendue en 2016

Les entreprises du bâtiment tablent sur l'amorce d'une reprise en 2016, avec une hausse de 0,9% de leur activité, principalement alimentée par la progression du logement neuf, a indiqué mercredi la Fédération française du bâtiment (FFB). Mais concernant l'emploi, le redémarrage n'interviendra qu'en fin d'année et il faudra attendre 2017 pour que le secteur renoue avec une croissance soutenue. 
 
Capture d'écran:http://www.batiweb.com/actualites/vie-des-societes/conjoncture-batiment-une-amorce-de-reprise-dactivite-attendue-en-2016-16-12-2015-27547.html

Vie des sociétés |

Le logement neuf tire le secteur vers le haut

Toutefois l'intérim s'est redressé au second semestre, ce qui a ralenti le rythme des pertes d'emploi, tandis que les défaillances d'entreprises se stabilisaient (+0,4% sur les 9 premiers mois, comparé à la même période de 2014). En mars, la FFB anticipait un recul moindre (-1,5%) de l'activité du secteur, car elle pensait que la rénovation énergétique progresserait davantage.

Excepté un rebond en 2011, l'activité des entreprises du bâtiment a ainsi baissé chaque année depuis la crise de 2007/2008. Au cours de l'année 2015 plusieurs signaux positifs sont apparus sur le secteur du logement neuf, tels que la hausse des ventes des promoteurs et des constructeurs de maisons individuelles, d'environ +20% à fin septembre, sur un an.

Les carnets de commandes du bâtiment « se sont un peu regarnis en 2015, tant dans les entreprises de dix salariés et plus que chez les artisans », observe  la FFB. De leur côté les permis de construire affichent enfin une petite hausse en 2015 (+1,6%) et ont connu une nette accélération au second semestre. Compte tenu de ces bons indicateurs, le logement neuf pourrait voir son activité progresser de 5,5% l'an prochain, dit la FFB.

L'investissement accélérateur de croissance

Car le renforcement du prêt à taux zéro (PTZ) qui pourrait permettre à 35 000 ou 40 000 ménages supplémentaires d'acheter un logement neuf, des  conditions de crédit toujours avantageuses et l'amélioration du moral des ménages, soutiennent ce segment du marché. Toutefois l'activité du logement neuf sera encore en recul de 3,9% en volume sur l'année 2015, « mais de façon plus contenue qu'en 2014 (-11,5%) ».

Dans le non résidentiel en revanche, l'activité de l'année qui s'achève se contracte davantage : -11,3% en volume, après -6,3% en 2014. L'an prochain, la FFB attend encore un recul de 5,3%. Quant au marché de l'entretien-rénovation, il est demeuré atone (-0,2% en volume, après -0,9% en 2014) et devrait le rester l'an prochain. Les entreprises résistent bien en 2015 mais connaissent encore des difficultés de trésorerie et s’en trouvent très fragilisées.

« Pour la première fois depuis 2008 » dit la FFB, « l'investissement dans le logement s'avèrerait un accélérateur de croissance » en 2016.
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