mardi 26 juillet 2016

Rachat de Yahoo : Marissa Mayer reste encore un peu

Marissa Mayer

Rachat de Yahoo : Marissa Mayer reste encore un peu

Régulations
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Yahoo a confirmé le rachat de ses activités Internet par Verizon pour 4,8 milliards de dollars. Mais la grande surprise est que Marissa Mayer reste aux commandes. Pour combien de temps ?
Finalement les rumeurs du week-end se sont révélées exactes. Verizon rachète les activités Internet de Yahoo pour la somme de 4,8 milliards de dollars. La firme américaine rejoint ainsi l’opérateur télécom qui s’était emparé d’AOL l’année dernière. Le CEO de Verizon a indiqué dans un communiqué que Yahoo serait intégré dans la même division qu’AOL avec pour ambition de créer « un groupe international de médias de premier rang et d’aider à accélérer nos revenus dans la publicité en ligne ».
Mais la question qui restait en suspens était la présence ou non dans ce rachat de Marissa Mayer, CEO de Yahoo. Le New York Times la voyait sur le départ avec à la clé un chèque de 57 millions de dollars. Eh bien non, Marissa Mayer a en parallèle de la communication financière officielle, publié une déclaration distincte. Dans celle-ci, elle précise « pour moi personnellement, je prévois de rester. J’aime Yahoo et je crois en vous. Il est important pour moi de voir Yahoo commencer un nouveau chapitre ».

Un avenir incertain

Cette sortie est suffisamment vague pour multiplier les interprétations. Elle peut vouloir rester jusqu’à ce que l’opération de rachat soit finalisée d’ici 2017. Elle peut aussi souhaiter s’inscrire dans le long terme et rejoindre Verizon. A voir dans les prochains mois, la position du nouveau propriétaire, Verizon, vis-à-vis de l’avenir de Marissa Mayer.
Elle focalise les critiques des actionnaires de Yahoo qui lui reprochent sa stratégie. Starboard Value, fonds activiste, n’hésitait pas à l’attaquer  en critiquant, « « de mauvaises performances financières, un management médiocre, de mauvaises pratiques en termes de recrutement et de rémunération, et le fait que le conseil ne puisse rendre des comptes ».
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Google, Amazon, Facebook…un nouveau capitalisme créateur de richesses?

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Google, Amazon, Facebook…un nouveau capitalisme créateur de richesses?

Avec Mark Esposito, professeur à Harvard University.

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A eux quatre, les GAFA pèsent désormais plus que les quarante premières valorisations du CAC 40. En 2016, les valorisations cumulées de Google, Apple, Facebook et Amazon dépasseront en effet les 1 728 milliards, contre 1 415 milliards d'euros (1 550 milliards de dollars) pour les grandes entreprises côtées. De quoi profondément remettre en question le système économique, dans lequel évolue les sociétés occidentales. Comment réinventer le capitalisme ? Est-il toujours créateur de valeur ?
Mark Esposito enseigne l'intelligence économique, l'entreprenariat et la compétitivité à l'Université d'Harvard et à l'Ecole de Management de Grenoble. A l'heure où la France veut contraindre Google et Amazon à payer l'impôt dans une logique redistributive, cette politique permet-elle réellement de réduire les inégalités ? «La redistribution des richesses ne créé pas de valeur», affirme l'économiste. Parmi ses solutions, il encourage plutôt à reverser plus dans l'économie réelle, au lieu de maintenir la richesse dans les circuits financiers des banques centrales et des marchés spéculatifs.
Quel système économique prône ce spécialiste des nouvelles technologies? Est-il acquis à la cause des géants de la tech de la Silicon Valley qui militent pour une intervention minimale de l'État au profit de l'entreprise privée ? Mark Esposito prône l'économie circulaire, qui limite l'impact environnemental et le gaspillage par le recyclage à chaque étape de la production. Il commente enfin les théories de l'économiste français Thomas Piketty sur la réduction des inégalités, à l'occasion de la conférence USI (Unexpected Sources of Inspiration) qui a eu lieu à Paris à l'été 2016. 
VOIR : L'interveiw de Mark Esposito, professeur à la Harvard University (en anglais)

 
Voir la série :
Comment les médias doivent repenser la production de contenus
Éloge de la gentillesse à l’heure du digital
Recoder toutes les cellules qui nous entourent n’est plus de la science-fiction
GitHub croit au nouveau règne des développeurs
Après le «design for mobile», la nouvelle ère de l’interruption


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Le rêve inspire-t-il la créativité ?


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Le rêve inspire-t-il la créativité ?

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Michaël Dandrieux
Il est sociologue, de la tradition de la sociologie de l’imaginaire. Il est le cofondateur de la société d’étude Eranos, le directeur de la stratégie de Hands Agency et le directeur éditorial des Cahiers européens de l’imaginaire. En 2016, il a publié Le rêve et la métaphore (CNRS Éditions).


Publié le 29/06/2016



Contre toute immobilité, à rebours des cycles et du temps linéaire, contre le prédictible, pour tordre les plans et les cartes... Laisser venir en soi les interférences qui font la sève de la vie, s'abandonner auprès des faunes et des muses : de l'importance de rêver dans nos sociétés de l'ennui.

Nous convoitons les objets des séries industrielles et la sécurité des chaînes de causes parce qu’on les sait reproductibles. Mais rien de ce qui se répète ne peut être précieux ! Fort heureusement, nous ne rêvons jamais deux fois le même rêve. Pour la veille (la phrase est de Weber), « nous croyons qu’à chaque instant nous pourrions, pourvu seulement que nous le voulions, nous prouver qu’il n’existe en principe aucune puissance mystérieuse et imprévisible qui interfère dans le cours de la vie ; bref que nous pouvons maîtriser toute chose par la prévision ». Mais par une vie dont tout nous est connu, on ne peut pas être surpris. Plus rien n’y est possible, puisque tout est certain. Là, toute la vie symbolique deviendra maigre. La vie symbolique, qui se nourrit de l’ambiguïté, de la pluralité de l’être, perd de sa vigueur dès lors que nous nous affairons à démagifier le paysage qui nous entoure, à le réduire à nos séries et à nos causes, à le priver de sa sauvagerie.


Réensauvagement


C’est de manière très opportune que le rêve vient réensauvager le monde ordonné de l’homme moderne. Y mettre un peu de panique. Le citadin convoite la répétition du même, l’identité des choses. Tout ce qui ne change pas occupe chez lui le haut du panthéon des valeurs : les idéaux des trois derniers siècles (de Laplace aux Big data) fouillent dans le présent, cherchent le rythme qui prédira l’avenir. Seuls le jour et son règne des choses claires semblent être dignes de son temps.

Le rêve, tout à l’opposé, ramène la possibilité de la transformation. Il y a quelque chose d’intranquille dans la nuit, une agitation touchant même les formes stables que, le jour, nous considérons comme données. Rien n’est donné dans le rêve. Les heures éveillées que nous passons à organiser la vie dans le « système des caissettes  » (Jung), le rêve les détisse assidûment, comme s’il était une fonction de l’être vouée à ce que nous ne nous sentions pas trop possesseurs, ou propriétaires de rien.

Que cherche l’homme dans ses activités ? Tennyson s’est posé la question dans un poème. Il dit que l’âme n’aspire pas à la propriété. Elle n’aspire ni à la vacance de « l’île aux bénis », ni au confort du « siège des justes ». Elle ne veut pas atteindre, une fois pour toutes, l’état de la tranquillité. Au contraire, ce qu’elle souhaite, c’est « la récompense de poursuivre et non de mourir ».

« Ce qu’elle souhaite, c’est qu’on lui permette de continuer », de saisir à pleines mains le « qui-vive ». Ce « cou tendu  » de la créature qu’est la vie (Buber). Dans le repos de toutes les activités flottent l’image funeste, le corps de la bête morte, le repos qui menace de s’éterniser. Ce que cherche l’homme dans ses activités, c’est l’activité elle-même : la vie qui est dans l’acte, si l’on joue sur les mots.


Flâneries


On a contenu le citadin dans le couplet des stations et des transits. Tenez-vous immobile dans une rue de Londres et vous serez l’objet de toutes les suspicions. Qui n’a pas de destination ? Que dire de celui qui ne sait où il va ? Si personne ne l’attend, quelle méchanceté solitaire laissera-t-il grandir en lui ? Il faudrait toujours circuler, d’un point de la carte à un autre.

C’est comme s’il fallait avoir un plan avant toute balade : avant l’école buissonnière, avant la dissertation, avant toute découverte scientifique. C’est le contraire qui est vrai. Tous ceux qui ont entamé une recherche l’ont senti. Une recherche véritable est par essence un abandon du règne des vecteurs, des habitudes de la cartographie. On ne va pas d’un point à un autre : on tourne plusieurs fois en rond (re-circa). C’est ce qui enrageait le journaliste, dans les années 1960 : « Mais quand vous cherchez à résoudre un problème théorique, quand vous cherchez à dégager une loi, vous savez d’où vous partez, vous savez où vous voulez aller ! », à qui Lichnerowicz, le mathématicien, rétorquait : « Non. Non. Je vais où je peux. Et soit je me cogne à la matière, au réel physique, soit à ma propre sottise, soit au fonctionnement de l’esprit. Mais je me cogne toujours. »

Ce heurt avec l’imprévu, c’est la création. Mais nous nous sommes persuadés que la plus grande merveille de ce monde se trouve dans sa régularité, à tel point que, dans ce qui se déroule contrairement à nos prédictions, le don de l’aventure nous échappe. Tout au mieux accueillons-nous le désordre avec appréhension.


Ce qui « vient à l'esprit »


Pour ne pas s’y tromper, les Grecs avaient réparti les rêves en deux catégories : ceux qui apportent une prédiction du futur qui sera réalisée, et ceux dont le contenu n’a de rapport avec rien de connu, ceux qui ne se réaliseront pas. Mais ils pensaient que le rêve le plus riche n’est pas celui qui prédit le futur, une idée qui peut nous sembler étrangère. Pourtant : que le rêve nous raconte un événement qui ne se produira pas, et voilà le trésor de l’imagination, la pure invention de l’esprit !

Cette inspiration, on ne peut pas la forcer. Encore Weber, il y a cent ans : l’inspiration est quelque chose qui doit « venir à l’esprit » du travailleur. Lorsqu’elle est représentée dans les mythes, elle revêt des atours magiques. Les muses qui engendrent l’enthousiasme, chantent et se présentent dans la grâce. La théopneusie veut que la Bible tout entière ait été soufflée par le Saint- Esprit.

Dans la mythologie scandinave, l’hydromel poétique accorde à celui qui le boit le talent du conteur. Nulle part il n’est dit que l’inspiration vienne sous la forme d’une grammaire ou d’une grille. Les conditions propices au souffle créateur ont une essence partagée avec l’essence de la nuit : une capacité de mélange, une perspective estompée, l’éloignement de cette forme de lumière qui vient dépouiller les mystères. Elle vient par le chant, la métaphore, l’ivresse.

Le rêve est de ces sources. On ne le partage pas : sa valeur est incertifiable. On ne le démontre pas : il est irreproductible. Le rêve est l’argument du fourmillement. C’est par lui que nous nous souvenons de la mobilité du monde, du lent déplacement tectonique des matières que notre empressement juge mortes. Par le rêve nous éprouvons le renouvellement permanent des formes de la vie. Il est le souvenir, parmi les institutions du béton, que tout coule.

Illustration : Henri Lemahieu

Article tiré de la revue INfluencia sur l'Inspiration