La petite épicerie de quartier où on peut payer avec son smartphone http://www.influencia.net/fr
Publié le 09/03/2016
L’automatisation des services ne
concerne pas uniquement les smart cities connectées de demain. Même
dans une bourgade suédoise de 4 227 habitants, l’innovation
technologique délaisse la main d’œuvre humaine, quitte à se faire
pardonner en arguant qu’elle peut sauver le commerce de proximité.
Quand une petite épicerie de quartier donne son accès et permet de payer uniquement en utilisant son smartphone,
c’est toutes les petites superettes indépendantes du monde qui peuvent
envisager de ne pas agoniser. Un soir de poisse où rien ne se déroulait
tranquillement comme tout parent pourrait l'espérer, Robert Ilijason, ce
père célibataire s’est retrouvé au volant pendant vingt minutes avec
son bébé pleurant sur le siège arrière. Il cherchait un supermarché pour
acheter une purée qui calmerait la faim de son fils. S’il avait pu se
rendre au coin de la rue, entrer dans le magasin puis payer simplement
via son smartphone, Robert Ilijason aurait
vécu une soirée moins pénible. Comme on n’est jamais mieux servi que par
soi-même, cet ingénieur informatique de 39 ans a décidé d’ouvrir sa
propre épicerie entièrement connectée.
Détecter le mauvais payeur, c’est possible
Ouverte 24 heures sur 24 depuis fin janvier, la supérette de Viken
a pour l’instant attiré plus de médias que de clients, faible bassin de
population environnant oblige. Ce magasin unique en Suède et objet de
curiosité dans le monde entier se présente comme un service pratique et
utile pour le client, qui peut s’y rabattre quand tous les autres
supermarchés sont fermés. Fonctionnant sans la moindre main d’œuvre
humaine, la boutique réduit ses coûts, donc ses prix et peut être
ouverte tout le temps.
Afin d’entrer dans le magasin il suffit d’ouvrir la porte en faisant glisser son doigt sur l’écran de son smartphone. Une fois à l’intérieur chaque article peut être scanné et le client repart sans passer par la caisse. Attention, « je sais qui est chaque personne entrante et je peux interdire l’accès aux mauvais payeurs »,
précise le patron. A la fin du mois chaque client reçoit la facture et
règle en quelques clics par son téléphone. La seule contrainte pour le
chaland consiste à devoir d’abord télécharger l’application bancaire
suédoise BankID. Pour Robert Ilijason, sa présence en magasin est uniquement nécessaire pour recevoir les commandes et les mettre en rayon.
« Je sais que ça marchera dans les plus grandes villes »
« Mon ambition est d’étendre cette
idée aux autres villages et petites villes du pays. C’est incroyable que
personne n’y ai pensé avant », commente Robert Ilijason au média indien, NDTV. En reconnaissant que les deux magasins ouverts ne sont pour l’instant pas une réussite commerciale -« je les ai implantés là où je vis, dans une très petite ville, donc je m’y attendais »-
le chef d’entreprise suédois affirme que son innovation est une
réussite en termes technologique et d’expérience utilisateur. « Donc je sais que ça marchera mieux dans des plus grandes communes ».
Dans son besoin d’élargir la clientèle de son magasin connecté
automatisé, l'ingénieur sait aussi qu’il doit convaincre les plus de 55
ans, un segment démographique plus réfractaire à la technologie mais qui
constituent la majorité de la population dans les zones rurales
reculées.
Aider le commerce de proximité face aux gros distributeurs
« Je veux vraiment rendre
l’expérience encore plus simple pour l’utilisateur et packager cette
technologie pour qu’elle serve à d’autres magasins, quels qu’ils soient », développe le presque quadragénaire sur le site du Daily Mail,
en Grande Bretagne. L’enjeu va même encore plus loin que la seule
démocratisation de son supermarché de quartier nouvelle génération. Car
son concept sans employé pourrait aider au retour des petits magasins de
proximité, avalés depuis deux décennies par les supermarchés des
grandes chaînes implantés à seulement quelques kilomètres, dans des
zones commerciales dédiées à la consommation de masse.
Au Japon un hôtel remplace les hommes par des robots
En 2014, faut-il rappeler que la start-up ShelfX avait déjà posé les bases technologiques du petit distributeur de proximité sans personnel. Pour régler ses chats il suffisait alors d’une carte de crédit à swiper
ou d’une Xcarte pré-payée, sans qu’aucun être humain intervienne dans
la transaction. Dans un autre genre, un café du Dakota du Nord aux
Etats-Unis propose à ses clients de laisser le cash sur le comptoir ou de payer par carte de crédit, excluant une fois encore la main d’œuvre. Au Japon, le bien nommé Weird Hotel,
dans la ville de Sasebo, a carrément remplacé les hommes par des
robots. Dans une ère où le e-commerce est conquérant et oblige le point
de vente à se réinventer, comment le retail français s'adapte t-il face à cette profonde métamorphose? Dans un entretien publié l’an passé, avec Bertrand Leseigneur, fondateur du cabinet de conseil SoParticular à New York, INfluencia ouvrait le débat.
Les Français prêts à se passer du magasin physique ?
Et si le traditionnel shopping du
samedi après-midi prenait une couleur totalement différente ? Selon le
cahier prospectif sur le futur des magasins, réalisé par Dentsu Aegis et publié dans
nos colonnes au printemps 2015, 40% des Français pourraient se passer
de magasin physique si le numérique proposait les mêmes services. En
parallèle, jamais la demande de service et de conseil physique n’a été
aussi forte.
Enfin, alors que les marques ont vite appris à utiliser les atouts de la reconnaissance faciale, une start-up
finlandaise apporte à la technologie une nouvelle fonctionnalité
révolutionnaire. Celle de pouvoir payer en scannant son visage. Testé par Uniqul
dans quelques supermarchés de Finlande, l’innovation modifie le
processus de paiement : en cinq secondes seulement, la tablette équipée
de détecteurs biométriques synchronise le visage du client avec ses
données. Une fois l’identité de l’acheteur détectée, il lui suffit de
mettre son doigt sur le bouton "OK" pour valider le paiement.
Benjamin Adler
Benjamin
est le correspondant d’INfluencia aux Etats-Unis, à Los Angeles, depuis
octobre 2011. Diplômé de l’ESJ Paris et du CFPJ, il a également été
correspondant à Sydney et Bruxelles. Il est un témoin privilégié des
nouvelles tendances collaboratives et technologiques en couveuse.
Twitter : @BenjaminAdlerLA
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