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Le crowdfunding est devenu une cash machine, mais pour qui ?http://www.influencia.net
Publié le 21/01/2018
La
finance alternative a l'euro en poupe en France, où sa croissance
ferait fantasmer n'importe quel ministre de l'économie : +50%. La
popularité du crowdfunding, soutenu par de plus en plus en de
plateformes, y est pour beaucoup.
" Chez nous, vous pouvez être
philanthrope ou donateur le lundi, aider votre voisine à monter une
crèche le mardi et investir 200 € dans une PME, le mercredi. Quand vous
faites cela vous reprenez le pouvoir sur votre argent, vous devenez un
véritable agent économique proactif avec un impact réel dans l’économie ". Le tout évidemment sans jamais solliciter une banque. Dans cette définition de la mission de KissKissBankBank & Co par son co-fondateur Vincent Ricordeau, La Banque Postale y
a vu une complémentarité avec ses services bancaires traditionnels. En
rachetant en juin 2017 le leader européen du financement participatif,
la banque publique française a confirmé le rapprochement récent entre la
“ fintech ” et le monde bancaire. Pas folles les guêpes bancaires: comme le révèlent KPMG et l’Association Financement Participatif France, le crowdfunding s'inscrit durablement dans le paysage du financement en France.
D'après le baromètre annuel de référence
de la finance participative, la finance alternative affiche une
insolente croissance de 50% entre 2016 et 2017. En 2015, 297 millions
d'euros de fonds étaient collectés, puis 629 millions en 2016. L'année
dernière, le cumul se rapproche du seuil symbolique et historique du
milliard d’euros (940 millions). Cette excellente santé s'explique selon
le baromètre par le développement des plateformes et l’apparition de
nouveaux outils de financement, permettant davantage de modèles
hybrides. La place grandissante du crowdfunding se confirme avec +44 %
de fonds collectés en 2017 : + 20 % pour le don et + 102 % pour le prêt,
dit crowdlending. Enfin, le nombre de financeurs de projets
continue également sa progression puisqu'ils sont désormais 3,9 millions
de financeurs depuis le lancement des plateformes (contre 2,6 millions à
fin 2016).
Plus de 90 % du financement participatif finance l’économie réelle
Depuis la première publication du baromètre du crowdfunding en
2013, la collecte de fonds auprès des particuliers par les plateformes a
connu une croissance de 828 %, passant de 36 millions en 2013 à 336
millions en 2017. " Cette croissance a été rendue possible grâce à
l’ouverture du secteur à différents types d’outils financiers (émissions
obligataires, minibons, titres participatifs…) qui rendent accessibles
aux particuliers des financements jusqu’alors réservés aux investisseurs
professionnels et institutionnels ; ceci dans le cadre d’une grande
transparence et d’une traçabilité réelle, ce que les particuliers
recherchent et trouvent sur les plateformes ", explique Stéphanie Savel, présidente de la FPF.
En avril dernier, Vincent Ricordeau nous faisait la démonstration de l'impact d'une plateforme comme KissKissBankBank sur l'économie réelle : " Elle
représente un levier hyper simple pour agir. Il n’y a pas besoin
d’avoir fait " math sup ", d’être riche ou d'avoir un gros réseau. Il
suffit simplement de se dire que, quel que soit le montant d’argent
disponible, cela peut être 20 € par mois, je décide de le placer dans
l’économie réelle ". Le constat publié par KPMG et la FPF
abonde dans son sens : plus de 90 % du financement participatif vient
financer l’économie réelle (261 millions) et plus particulièrement les
secteurs de l’immobilier (42 %) et de l’environnement & ENR (22 %).
Le secteur culturel rassemble de son côté 45 millions, devant le social
et ses 30 millions collectés.
Quand le citoyen retrouve sa place dans la Cité
L’autre tendance notable confortée par
le baromètre est l’élargissement du champ d’intervention du financement
participatif. Il s'adresse aujourd’hui presque tous les secteurs de
l’économie et tous les types de structures, de l’association à la
start-up, en passant par les TPE-PME et les projets personnels. " Le
crowdfunding est un mode de financement de plus en plus populaire chez
les Français, notamment auprès de la population jeune, adapté tant aux
nouveaux usages qu’à la possibilité pour chaque financeur d’agir sur sa
stratégie d’investissement dans l’économie réelle ", analyse Mikaël Ptachek, spécialiste Fintech chez KPMG.
Pour rappel, en 2015 une étude de l’université de Cambridge -en
partenariat avec KPMG- estimait que les plateformes de financement
participatif avaient financé des projets à hauteur de 319 millions
d’euros, faisant de la France le deuxième marché de financement
européen, derrière le Royaume-Uni.
" Nous avons généré presque 500
millions de chiffres d’affaires, créé 3000 structures et 1 euro investi
ou donné sur la plateforme génère 2 euros dans l’économie réelle. C'est
un poids réel mais il est tout petit. Nous nous rendons compte quand
nous décortiquons les chiffres, que nous n'en sommes qu'au tout début ", nous avouait l'an passé Vincent Ricordeau.
L'avènement de ce levier politique au sens propre du terme -celui qui
permet au citoyen de retrouver sa place dans la Cité- dépend surtout de
la maturation de l’esprit public. Plus que d’un marché.
Benjamin Adler
Journaliste
et spécialiste communication, innovation et média du marché U.S. Après
15 années à l'étranger dont 5 aux Etats-Unis, il est de retour en France
et abreuve l'éditorial d'INfluencia de son expérience internationale.
Twitter : @BenjaminAdlerLA
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