mercredi 10 janvier 2018

Teads : un rachat, deux géants dépassés, et trois cent millions de C.A [Interview d’Olivier Reynaud par Julie Galeskihttps://www.widoobiz.com

Capture d'écran et source: https://www.widoobiz.com
Julie Galeski

Après avoir dépassé les géants Facebook et Google sur le marché des plateformes publicitaires avec Teads, Olivier Reynaud vient de faire ses adieux à sa startup laissant son bébé entre les mains du groupe de Patrick Drahi. Dans une interview, l’entrepreneur nous en dit plus.
Julie Galeski : Tu as réussi à atteindre près de 300 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2017 et dans un édito publié sur Medium, tu parles de ton ambition « explosive d’atteindre la barre du milliard de dollars ». Pourquoi ne pas avoir attendu de franchir ce cap pour quitter le navire ?  
Olivier Reynaud : Car la vie est faite d’opportunités, de challenges et surtout de plaisirs.
L’aventure Teads a toujours été incroyable, mais j’ai senti que c’était le meilleur moment pour moi de repartir à l’aventure pour construire quelque chose d’encore plus grand. À chaque étape de la vie de Teads, j’ai appris. Et je suis certain que si j’étais resté, j’aurais continué d’apprendre, sur l’optimisation d’un business ou sur l’hyper-croissance par exemple et j’aurais continué de rencontrer des gens passionnants. On aurait certainement dépassé le milliard de dollars mais aujourd’hui, je tire mon plaisir dans l’invention, la construction et l’évangélisation d’un nouveau concept.
J.G : Quand Patrick Drahi « est venu » te dire qu’il voulait racheter ta startup, quelle a été ta première réaction ? 
O.R : Je me suis dit que c’était un matching optimal pour nous. Nous avions en face de nous un homme avec une vision à long terme résolument tournée vers l’innovation et un groupe dont les différents métiers (Tel Co, Contenus, Publicité) permettraient à Teads d’apporter une brique décisive à l’ensemble de l’écosystème. Le sentiment partagé était que nous étions capables de faire un partenariat “1+1=3”.
J.G : Comment s’est déroulé le rachat ?
O.R : Ce fut rapide, à tous les niveaux. Lorsque nous avons annoncé notre rachat par Altice en mars 2017, j’ai rejoint le jour même la direction pour contribuer à la création du nouveau branding d’Altice (logo, design, site, communication…) en compagnie de toutes leurs équipes et agences. 2 mois plus tard, je me retrouvais pas loin de New-York avec l’ensemble de l’exécutif et de talentueuses équipes pour co-piloter le lancement de la nouvelle marque à l’international. Pour l’anecdote, c’était moi seul qui pilotais en régie le bon déroulement des présentations de Patrick Drahi et ses équipes qui étaient ensuite rediffusées en live et partagées par toute la presse.
J.G : Depuis que tu as lancé Teads, il y a eu plusieurs étapes décisives : de nouveaux investisseurs, une fusion, un rachat… À aucun moment tu n’as eu peur de lâcher ton bébé ?
O.R : Quand on crée une startup, il faut rapidement savoir se défaire de son “bébé”, le partager et ainsi franchir de nouveaux sommets. Si on veut aller loin, il faut savoir s’associer. C’est un concept que j’ai en moi depuis maintenant longtemps. S’associer avec Altice sous forme de rachat m’a procuré plus d’enthousiasme et d’excitation que de peur quand j’ai mis à plat les perspectives d’évolution énormes qui allaient s’ouvrir à nous. Avant Altice, lorsque nous avons eu nos premiers investisseurs, Teads n’était déjà plus notre bébé finalement. En 2014 lorsque nous avons fusionné avec Ebuzzing, je n’ai pas eu peur, car je savais que ça nous permettrait de changer de league et d’aller encore plus loin. Et d’ailleurs, ça a été le cas ! C’est grâce à toutes ces étapes que nous avons des ambitions explosives.
J.G : Comment imagines-tu la suite de Teads, sans toi à son bord ? 
O.R : Je l’imagine très bien. Très bien dans le sens où les solutions que nous avons créées à l’origine sont réellement simples et respectueuses pour les utilisateurs, les marques et les sites Internet. C’est le fameux cercle vertueux sur lequel nous travaillons sans relâche depuis des années. La machine est bien lancée et ça va s’accélérer de plus en plus. Sur le plan humain, toutes les équipes en place sont vraiment extraordinaires. Dans le département que je pilotais, (design et branding) les équipes sont maintenant plus que prêtes et autonomes.
J.G : C’est ça le secret pour faire grandir une startup, miser sur les bons talents ? 
O.R : Je pense. Embaucher des personnes talentueuses, voire meilleures que soi, puis savoir les faire jouer en équipe.
J.G : Et ta suite à toi ? Tu écris que tu veux changer le monde (de la vidéo) en utilisant l’IA, mais c’est un marché qui est déjà très concurrentiel, non ?
O.R : Honnêtement, nous sommes aujourd’hui à peine au « début du commencement ». L’IA existe depuis plusieurs décennies, mais ce n’est que très récemment que les technologies de reconnaissance ont réussi à dépasser les capacités de l’homme. Les machines d’aujourd’hui nous offrent des puissances de calculs ouvrant de nouvelles perspectives. Nous commençons à avoir un peu de data pour travailler. Mon projet est encore confidentiel, mais je vous garantis que d’ici quelque-temps vous en saurez plus sur ma vision du marché et la fusée que je suis en train de construire !
J.G : Dans ton éditio, tu écris que le chiffre 7 te porte chance. Dans 7 ans, tu seras où ? 
O.R : 7 ans c’est loin, même si ça correspond aux durées de vie respectives de mes 2 précédentes startups. Si on se fie aux chiffres, on pourrait imaginer que dans 7 ans, j’arriverai à une étape décisive de mon nouveau projet ! Ce qui est certain, c’est que je serai toujours à imaginer, à créer de nouveaux concepts, à partager mon enthousiasme autour de moi. On se donne rendez-vous en 2025 !

Julie Galeski
Rédactrice pour Widoobiz, Julie Galeski couvre l’actualité des entreprises et des entrepreneurs.
Amatrice de Taekwondo et passionnée de sciences-économiques, Julie Galeski tente d’apporter ses valeurs et sa culture dans ses actualités Entrepreneurs & Startups.


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