jeudi 1 février 2018

Une ICO à 5 milliards de dollars : le Venezuela a publié le “White Paper” de son Petro#gerardpocquet


Nicolas Maduro
Capture d'écran et source: https://www.crypto-france.com

Une ICO à 5 milliards de dollars : le Venezuela a publié le “White Paper” de son Petro


Après la publication mardi dernier du White Paper du projet, on en sait désormais plus sur le Petro, la crypto-monnaie vénézuélienne rattachée au pétrole.
Ce document, qui marque une première dans l’histoire de cet écosystème, présente la nature de cet actif (il s’agira d’un token Ethereum), ainsi que son mode de distribution.

Une ICO à 5 milliards de dollars

White Paper PetroUne ICO bien plus importante que celles de Filecoin, de Tezos, ou même de Telegram.
Si le projet parvenait à susciter l’intérêt des investisseurs en atteignant le plafond qui a été décidé par le Venezuela (près de 5 milliards de dollars), il parviendrait à recueillir à lui seul autant que l’ensemble des fonds levés en 2017 par des ICOs.
Le prix du PTR a été provisoirement fixé à 60 dollars, afin qu’il puisse correspondre à celui d’un baril de pétrole – c’est 10 dollars de plus que le Bitconnect X. Mais si l’on peut nourrir des doutes quant à la profitabilité de cet investissement, il convient toutefois reconnaître que le Petro ne semble pas épouser les caractéristiques propres à une pyramide de Ponzi.
Voici ce qu’ambitionnent les équipes à l’origine du projet :
“Le Petro offrira aux investisseurs la possibilité de se tourner vers le marché des crypto-monnaies, grâce à un instrument disposant d’une valeur intrinsèque plus sécurisée, plus stable et plus pertinente dans le cadre d’une analyse fondamentale – dans la mesure où celle-ci est liée à un secteur bien connu. Par conséquent, le Petro est parfaitement adapté à une utilisation dans le cadre de transactions importantes, voire même en tant que réserve de valeur.”
Le White Paper du Petro ressemble à un White Paper classique, comme ceux que l’on retrouve d’ordinaire dans cet écosystème. Doté d’une présentation claire, il évoque des éléments très précis concernant la manière dont seront repartis les tokens.
À priori, pas de quoi se démarquer parmi les centaines d’ICOs qui sont lancées chaque mois.
Sauf qu’il s’agit de la première crypto-monnaie émise par un gouvernement – un élément qui, à lui seul, est susceptible d’éveiller la curiosité des acteurs de l’écosystème. Et l’on peut d’ailleurs penser que cette initiative constitue certainement une tentative du Venezuela de s’extirper de sa situation financière désastreuse : plongé dans une crise de la dette, le pays a été déclaré il y a quelques jours en “défaut partiel”  par l’agence de notation Standard & Poor’s.
Quelles que soient les motivations à l’origine du projet, il substituait un parfum étrange à la lecture d’un document d’ordinaire publié par des startups, et dans lequel un gouvernement fait référence au site CoinMarketCap, et évoque la mise en place d’une phase de pré-vente.

Les principaux enseignements du White Paper du Petro

Le White Paper du Petro peut être consulté (en anglais) en cliquant sur ce lien.
Voici les principaux enseignements que l’on peut tirer de ce document :
– Il insiste sur la forte volatilité des principales crypto-monnaies – pour indiquer que le Petro, garanti par le pétrole, ne devrait pas être en proie à une telle instabilité :
Volatilité des crypto-monnaies, mentionnée dans le White Paper du Petro
–  100 millions de PTR seront créés. Et comme le Bitcoin, chaque Petro pourra être divisé en 100 millions d’unités. L’équivalent des satoshis sera le “mene”, le mot utilisé en Wayuu pour désigner le pétrole. On notera qu’il ressemble également au verbe espagnol “minar” (miner).
–  Voici les différents postes auxquels devraient être affectées les sommes récoltées :
Distribution des fonds Petro
– 38,4% des tokens seront disponibles dans le cadre d’une phase de pré-vente, qui démarrera le 20 février. Un mois plus tard, 44% d’entre eux seront proposés au public. Les 17,6% restants seront conservés par la Superintendency of Currency and Related Activities.
– De nombreuses remises seront proposées, aussi bien au cours de la pré-vente que de la vente publique.
– Aucun token supplémentaire ne sera émis après la vente publique. Le gouvernement se réserve toutefois le droit de mettre en place un modèle “Proof-of-Stake” (preuve d’enjeu), qui déboucherait sur l’émission de nouveaux actifs.
– “La République bolivarienne du Venezuela s’engage à accepter le Petro en tant que moyen de paiement des impôts nationaux, des frais, des contributions et des services publics, en prenant comme référence le prix du baril de la veille au Venezuela, avec un pourcentage de remise”.
– En tant que token ERC20, on peut penser que le Petro pourra être échangé sur des plateformes décentralisées comme Etherdelta. Il pourrait également être référencé sur les grandes plateformes d’échange non-américaines. Et il serait fort intéressant de voir comment les investisseurs vont valoriser ce nouvel actif…
– Si la vente de tokens atteignait son plafond (“hard cap”), 4,944 milliards de dollars seront levés. Par ailleurs, si l’ensemble des contributions étaient effectuées à travers des Ethers, le pays détiendrait près de 5% de l’offre totale disponible de cette monnaie.
Ainsi, si l’ensemble des Ethers récoltés étaient stockés au sein d’un unique portefeuille, celui-ci détiendrait plus de deux fois plus que le wallet Ethereum contenant actuellement le plus d’Ethers, qui est la propriété de la plateforme d’échange Poloniex. Ceci offrirait au pays le pouvoir de faire plonger les marchés Ethereum, en y déversant soudainement plusieurs millions d’Ethers.
Réunion Petro
Le président Maduro présente les détails du Petro, dans le cadre d’une réunion gouvernementale

Un “Anti-Tether” ?

Tether LogoSi le Tether vise à proposer un “dollar numérique”, le Petro semble se situer aux antipodes de cet actif.
Voici ce qu’indique le White Paper :
“Du fait de l’imposition du dollar américain en tant que monnaie internationale de référence, et du remplacement de l’étalon-or au profit du système monétaire fiduciaire, l’économie mondiale a souffert d’incertitude et d’instabilité causées par la présence d’une monnaie qui n’est pas soutenue par l’or, ce qui a été particulièrement dommageable aux économies émergentes”.
On retiendra également la confiance affichée par le président Maduro et ses équipes, d’après ce que l’on peut lire dans ce White Paper :
“Le Petro constitue un projet bien plus ambitieux que les autres monnaies numériques convertibles comme le Digix (soutenu par l’or) ou le Tether (soutenu par le dollar), dans la mesure où il offre la possibilité d’avoir recours à d’autres actifs pour soutenir cette monnaie. Du fait des conditions liées à cet actif, qui est encouragé par l’État (et non contrôlé) sur une plateforme qui lui est propre, cet instrument jouit d’un potentiel d’adoption immense, avec environ 31 millions de personnes, rien qu’au Venezuela, ce qui correspond à dix fois la taille du marché mondial des crypto-monnaies”.
Des chiffres étonnants, lorsque l’on sait que la plateforme Coinbase a su, à elle seule, convaincre plus de 13 millions de clients.
On notera que le White Paper ne fait pas mention des procédures KYC (“Know Your Customer”), ou de la possibilité pour des investisseurs originaires de pays tels que les Etats-Unis de participer à cette vente de tokens. On peut penser que Nicolás Maduro serait ravi de voir affluer des millions de dollars en provenance d”Amérique du Nord. Mais la Securities and Exchange Commission, le gendarme boursier du pays, pourrait décider d’y mettre son grain de sel…
Références : News.Bitcoin, ElPetro.gob.ve https://www.crypto-france.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.