lundi 8 octobre 2018

Dépression au boulot : et si on en parlait avant les drames ?#adn#mUsk#depression#business#boulot#gerardpocquet#burnout#zuberi#pocquetfinance

Capture d'écran et source:https://www.ladn.eu
Stress, pression, burn-out... Un patron qui se plaint dans les médias, ça ne se fait pas ! Alors quand ils prennent la parole en public, ça interpelle. Témoignages.
C’était en plein mois d’août. On aurait pu penser qu’entre les photos de piscine sur Instagram et les randos dans la pampa, elle passerait inaperçue. Mais l’interview donnée par Elon Musk au New York Times dans laquelle il confie être au bord de la dépression a remué la planète big boss. Quoi ? Les entrepreneurs ne seraient pas des superhéros ? Les grands patrons auraient aussi du mal à supporter la pression ?
Quand on y réfléchit deux secondes, ça paraît logique. Mais la démarche est inédite : lorsque on parle de burn-out ou de dépression en entreprise, il est souvent trop tard. Suicides, faillites… On évoque rarement une situation au moment où elle est problématique - on préfère attendre les conséquences parfois dramatiques pour s'intéresser au sujet.
Certains prennent les devants : puisque les médias n’en parlent pas, ils se tournent vers les réseaux sociaux ou les blogs pour parler de leurs difficultés – qu’ils réussissent ou non à les surmonter. Nous avons interrogé quelques-uns de ces patrons et entrepreneurs qui ont choisi d’évoquer publiquement le sujet.

« Dans certaines agences, on a l’impression que c’est une épidémie. Or un burn-out, ce n’est pas une grippe ! » - Edouard Pacreau, Co-fondateur d’Altmann+Pacreau (France)

Edouard Pacreau a co-fondé l’agence de communication Atlmann+Pacreau. Dans les colonnes d’un blog, il est revenu sur la dépression dont il a souffert, avec l’intention de montrer qu’il est possible de s’en sortir.
« Je n’aime pas vraiment le terme de « burn-out ». On l’utilise pour parler de la simple mélancolie ou de la profonde dépression. Et c’est bien ça le problème : les entreprises ne s’y intéressent pas parce qu’elles ne savent pas quoi mettre derrière. En ce qui me concerne, c’était une dépression.
En parler, c’est avant tout une thérapie. Il y a un côté libératoire qui fait du bien.  Ça m’a aussi permis d’être utile. Ce n’est jamais évident de s’exprimer publiquement – on a l’impression que c’est une tare, une maladie contagieuse. Oui, c’est une maladie, mais qui peut se soigner. Et c’est surtout ça que je voulais montrer. Par ailleurs, consciemment ou non, il s’agissait de responsabiliser ceux qui l’ont provoquée. Ce n'est pas pour dénoncer, ou dire des conneries – mais pour parler d’expérience personnelle, spontanément et sans filtre.
Le problème quand on est en dépression, c’est qu'on n'arrive pas à lâcher prise. On voit bien qu’on est en train de partir en live, qu’on est moins bon dans le boulot. Mais comme on refuse de l’admettre, ça crée une spirale infernale et on va de plus en plus mal. Je pense que sur ce sujet, il faut responsabiliser les managers : les signes doivent être détectés plus tôt, on peut éviter les drames. Parce qu’être en dépression, c’est s’abîmer, ne plus dormir, développer des ulcères ou des cancers. Il y a une vraie gravité.
Les réactions suite à mon témoignage ont été positifs. On m’a dit que j’étais courageux, que ça servait d’article préventif. Beaucoup m’ont demandé des conseils. Je n’en ai jamais donné : je ne suis pas médecin. Mais j’ai pu constater qu’il y avait un vrai besoin d’en parler.
Par ailleurs, qu’un dirigeant d’entreprise s’exprime sur le sujet, ça montre que ça n’arrive pas qu’aux employés. On est tous soumis, à un moment donné ou à un autre, à des problèmes dans le travail. Les dirigeants doivent pouvoir en parler. En ce sens l’épisode Musk est positif : le fait qu’une figure connue prenne la parole, ça met en lumière un sujet sur lequel il y a une vraie omerta. Dans certaines agences, on a l’impression que c’est une épidémie. Or un burn-out, ce n’est pas une grippe ! Mais les entreprises ont la trouille. Elles font semblant que tout va bien, ne savent pas comment gérer les épisodes de harcèlement moral, de dépression. Pourtant elles se rendent bien compte que ça crée des tensions dans les équipes. La dépression n’est pas contagieuse, mais la sale ambiance, oui.
Un autre aspect du problème, c’est que les médias ne s’emparent du sujet que quand il y a des suicides. Et une fois le tourbillon médiatique terminé, circulez, y a rien à voir, l’aventure continue. Il y a une fausse pudeur qui n’est pas raisonnable : on ne parle pas des causes mais des conséquences qui font le buzz. Je pense qu’on devrait traiter le sujet comme une grande cause – c’est la seule solution pour que les médias s’en emparent et que les entreprises initient un changement, comme pour le harcèlement sexuel.
Le message que je voulais passer c’est qu’il n’y a rien de honteux, que l’on peut s’en sortir, qu’il ne faut pas chercher à être plus fort que la dépression. On a peur de se mettre en arrêt – les gens vont penser que je suis faible, l’agence va me regarder différemment… De mon côté, j’ai pris la décision d’aller voir un psychiatre, qui m’a interné en clinique pendant 3 mois. Je ne savais pas comment ça allait se passer, mais je me suis dit que c’était une meilleure décision que de sauter par la fenêtre. J’aimerais que les managers soient mieux formés, qu’ils puissent reconnaître les signes. Oui, il y aura toujours des cons qui décideront de fermer les yeux. Mais les initiatives qui permettent de faire avancer les choses sur un sujet de société comme celui-ci sont toujours utiles. »

« Nous savons écouter notre corps mais pas notre cerveau » - Bilal Zuberi, Partner chez Lux Capital (Etats-Unis)

Bilal Zuberi est un investisseur américain. Sur LinkedIn, il a interpellé sa communauté à propos de son manque de sommeil.

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