Quel pouvoir de prescription ont
les influenceuses digitales françaises auprès des femmes ? Une étude de
Prisma Media apporte un insight intéressant sur les blogueuses et leur
audience.
Dans un contexte de contenu pertinent et
customisé, le blog est encore vu comme une valeur ajoutée pour les
marques. Pour mieux comprendre comment chez l’Oncle Sam, des marketeurs
construisent et entretiennent le succès des blogs parfois au détriment
des internautes, l'agence marketing Curata a conduit à l’automne 2014 une étude B2B dont INfluencia analysait les conclusions. Anachronique et ringard le blog ? Que nenni, le cybercarnet vit encore de belles heures et tente de s'adapter aux nouveaux enjeux du Web. Quid
de son pouvoir de prescription en France auprès de la gent féminine ?
Pour apporter un éclairage sur les bloggeuses de nos contrées, Prisma Media publie une étude « à vocation publicitaire mais aussi éditoriale », détaille Marie Le Gars, responsable études marketing Chez Prisma Media. « Nos
contacts annonceurs et agences média nous sollicitant pour avoir des
insights sur les blogueuses, il nous est apparu que si ces dernières
étaient un sujet de conversation et objet d'intérêt, elles étaient
quelque peu oubliées du scope des études », explique Marie Le Gars. Fort de sa base de 30 000 panélistes Prisma Media -qui a racheté le leader du social media féminin Hellocoton en 2012 et lancé As You Like en avril 2015- a donc sondé online 2 052 femmes, interrogé 886 blogonautes et 1 166 blogeuses. Intitulée « Follow Me », l’étude livre quatre conclusions principales.
Primo, un lien direct existe entre la bloggeuse et son audience. « Contrairement
aux médias traditionnels où le journaliste est un médiateur, le blog
présente un caractère ouvert et participatif. Media d'expression
personnelle et de partage, le blog est dans le registre de l’intime,
même si cette intimité est construite et mise en scène », explique Prisma Media dans sa synthèse. Secundo,
la blogueuse devient média, en émettant un regard et un point de vue
qui lui permet de partager son univers et ses affinités. Media de « bienveillance » pour reprendre la définition de l’étude, le blog draine une communauté qui réagit et prend position.
La blogueuse US inspire la française qui se brande
« Le contrat de lecture entre la
blogueuse et sa communauté reste donc d'inspirer avec comme bénéfice
pour les blogonautes de devenir elles-mêmes influenceuses. Nous avons
mesuré qu'elles avaient des scores d'influence sur leur entourage
proches de ceux des blogueuses elles-mêmes », commente Marie Le Gars. Pour Mélanie Billaud, responsable social media du pôle féminin de Prisma Media : « de
plus en plus de partenariats éditoriaux/social media entre journalistes
et influenceuses se mettent en place, sous la forme d'échanges de
contenus contre visibilité ou de commandes de contenus complémentaires à
la production journalistique. D'un côté, les blogueuses profitent d'une
belle mise en avant éditoriale et de la force de frappe d'un média, de
l'autre les journalistes enrichissent leurs contenus d'une touche plus
humaine, décalée, personnelle et rayonnent auprès de communautés qu'ils
n'auraient pas touchées autrement ».
Troisième constat énoncé par « Follow Me
», la mutation de la blogeuse en marque. Avec son pouvoir de
prescription elle se brande quand elle ne lance pas elle-même une ligne
de produit. « Aujourd'hui avec les RS, les blogueuses sont devenues
les community managers de leur blog grâce à un storytelling mieux
orchestré et des audiences élargies », assure Marie Le Gars. « Certaines
blogueuses françaises commencent à faire comme aux Etats-Unis : des
kits médias en vue de démarcher des annonceurs et annoncent même leur
"philosophie des partenariats" en ligne. Ce qui est nouveau, c'est
aussi le statut auto-entrepreneur qui permet de monétiser son blog
facilement », analyse Mélanie Billaud.
La richesse des idées, premier critère de sélection
Enfin, le quatrième enseignement ne
surprendra pas forcément les annonceurs : la blogueuse est morte, vive
les influenceuses multi-médias. Le blog n’est plus qu’un des espaces
d’expression parmi les réseaux sociaux. Sa sphère d’influence est donc
amplifiée par ses nouveaux territoires et c’est cette bienveillance, ce
lien direct et cette identification qui sont à la source de son pouvoir
de prescription.
« La raison principale de
consultation des blogs reste de trouver des idées (65%). La richesse de
celles-ci est d'ailleurs de très loin le 1er critère de choix de
consultation d'un blog (71%), loin devant la fiabilité des infos (36%)
ou la qualité éditoriale (28%). La première qualité attribuée par les
blogonautes aux blogueuses est d'ailleurs la passion. Cette passion
transcende une sincérité mise à mal par les collaborations des
blogueuses avec les marques (elles sont vues comme sincères à 20%
seulement), et explique que le lien de confiance soit malgré tout
préservé », complète Marie Le Gars.
Benjamin Adler
Benjamin
est le correspondant d’INfluencia aux Etats-Unis, à Los Angeles, depuis
octobre 2011. Diplômé de l’ESJ Paris et du CFPJ, il a également été
correspondant à Sydney et Bruxelles. Il est un témoin privilégié des
nouvelles tendances collaboratives et technologiques en couveuse.
Twitter : @BenjaminAdlerLA
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